Pour le simple plaisir de revoir une dernière fois Jean Rouch dans cette salle aux fauteuils très rouges et très usés du Musée de l’Homme en perdition, et qui, en racontant un souvenir d’enfance sur son père, rappelle qu’il faut rompre les amarres !
« Nous n’étions pas irrespectueux, nous étions croyants », dit-il à propos de la rue d’Ulm où il fréquentait Godard et Truffaut. Apothéose, il chante de chant des partisans, si bien que ces huit minutes d’hommage parfaitement choisies sans en rajouter ont la densité d’une vie.
(cf interview de Jean Rouch dans les liens)
Le jeune Lionel Baier présentait aussi au festival de Namur « La Parade (notre histoire) », un documentaire de 81 minutes, et se révèle ainsi comme un des documentaristes suisses qui comptent. « La Parade » aborde avec implication et intelligence la question de la tolérance à l’occasion de la préparation d’une Gay Pride dans la ville suisse de Sion, en plein Valais traditionnel. Avançant sur plusieurs niveaux en parallèle (rapports avec les agressions des traditionalistes catholiques, frilosité des associations homosexuelles et lesbiennes en terrain hostile, vécu d’une passionnaria de la cause, sa propre homosexualité), il dresse un tableau vivant et très humain d’une situation révélatrice. L’intérêt qu’il sait susciter tient sans doute à la tension qu’il inscrit entre l’intérieur (le creuset homosexuel) et l’extérieur (les autorités, la presse, les commerçants, les intégristes) convergeant vers une issue le jour de la manifestation. Humainement préparés, on en partage volontiers l’enthousiasme.
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