Myriam El Khomry face 2 face avec la ministre des banlieues

Par Fumigène Magazine

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Fumigène magazine, c’est reparti ! Lancé dans les années 200O à Hérouville, en sommeil depuis plusieurs années, le journal « engagé, positif, indépendant, citoyen » gratuit, vient de sortir un nouveau numéro emmené par l’animateur de radio et télévision Raphäl Yem à la rédaction en chef, Eros Sana, militant associatif, photographe à la direction de publication, Nora Hamadi, rédactrice en chef à Public Sénat, et le Collectif Œil. Au fil de leurs pages de portraits, reportages et interviews, un objectif ; « affirmer le vivre ensemble, mettre en avant les initiatives solidaires dans [les]quartiers populaires […], les métisseurs de cette République, celles et ceux qui cassent les clichés ».
Voici un extrait de ce numéro de Fumigène magazine, qui sera officiellement lancé lors d’un évènement, ouvert à tous, le 1er juillet à la Favela Chic (Paris 10e)

Rénovation urbaine, anniversaire des émeutes en banlieues, déception François Hollande, Charlie et l’esprit du 11 janvier, statistiques ethniques, medias et apartheid…
On a pris le pouls de la Secrétaire d’Etat à la politique de ville, Myriam El Khomry !

La poignée de main est franche et déterminée. « Alors ? Vous relancez Fumigène ? » nous lance, décontractée, madame la Ministre en cette fin d’après-midi d’avril. « Oui. C’est reparti ! ». Et pour marquer le retour de « Fumi », nous avons voulu entendre celle qui incarne aujourd’hui, dans le gouvernement de Manuel Valls, la Politique de la Ville, ministère de toutes les attentes et portefeuille « casse gueule » dans les gouvernements. La VRP des quartiers, comme elle aime à se présenter, est de celle pour qui le terrain n’est jamais loin. Du 18ème arrondissement de Paris, où elle a fait ses classes en tant que chargé de prévention, sécurité, toxicomanie… aux ors du Ministère de la Ville, au cœur du très chic 7ème arrondissement… La bascule n’est pas toujours simple. L’action politique, difficile, dans ce ministère fourre-tout, sans moyens propres. Quant au bilan des milliards engagés dans les différents « Plan Banlieue » et la situation des quartiers… Il est plus que jamais contrasté, voire, encore et toujours, insuffisant.

Nora Hamadi : Que représente pour vous ce portefeuille du Secrétariat d’Etat chargé de la politique de la ville ?
Myriam El Khomry : Je suis très heureuse car je travaille sur ces questions depuis très longtemps.
L’administration du ministère de la ville sous ma tutelle aujourd’hui est précisément celle où j’ai fait mon stage de DESS il y a 14 ans. Je suis passionnée par la cause des quartiers populaires car je sais ce que cela implique pour ces habitants. C’est une joie, et une grande responsabilité que de s’occuper du quotidien des 6 millions de français qui vivent dans les 1500 quartiers prioritaires de la politique de la ville, dans lesquels il y a beaucoup d’attentes et de besoins. Je veux qu’on obtienne des résultats extrêmement concrets notamment pour l’emploi des jeunes, qui est la priorité dans les quartiers. La priorité.

On dit de vous que vous êtes la VRP des banlieues. Vous assumez ce titre ?
C’est une expression que j’ai utilisée. Cela peut être considéré comme réducteur, mais je l’ai utilisé parce que la politique de la ville est efficace quand elle mobilise toutes les énergies, tous les services publics et les habitants eux-mêmes pour qu’ils soient acteur de leur destin. Le ministre de la ville a, par essence, besoin d’un engagement très fort de ses collègues. Ca ne sert à rien de rajouter des crédits pour la réussite éducative au titre de la politique de la ville si nous n’avons pas plus d’enseignants dans ces quartiers. Ca ne sert à rien de multiplier les actions de prévention de la délinquance si nous n’avons pas plus de policiers sur le quartier.
Mais ce ne sont pas les seules énergies à mobiliser : Il faut aussi aller chercher les entreprises par exemple.

2005 – 2015. Nous allons fêter les 10 ans des révoltes dans les banlieues. La réponse à l’époque fut de faire des quartiers une priorité.
10 ans après, c’est un échec ?

La situation de nos quartiers n’est pas satisfaisante mais il faut se demander ce qu’elle serait aujourd’hui sans la politique de la ville. Beaucoup de choses positives ont été faites. Il faut saluer l’action de Jean-Louis Borloo (NDLR : Ministre de la ville de 2002 à 2004) avec la création de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine. Un certain nombre de quartiers peuvent aujourd’hui sortir de la politique de la ville parce que leur situation s’est améliorée. Le premier programme de rénovation urbaine a profondément transformé 500 quartiers, avec 12 Milliards d’euros engagés par l’ANRU, qui auront généré 44 milliards d’investissement public.
Est-ce qu’elle a permit d’améliorer la situation sociale des habitants des ces quartiers et la mixité ? La réponse est clairement non. Mais cela a permit de lutter contre l’insalubrité, d’améliorer le cadre de vie de milliers de personnes, et de leur redonner de la dignité. Ce sont des actions concrètes. Je ne supporte pas le discours sur « les milliards qui ne servent a rien ».
A 23 ans, le jour de ma prise de fonction comme chargée de mission prévention, sécurité, toxicomanie, dans le 18eme arrondissement de Paris, un incendie dans un immeuble insalubre tuait deux enfants. C’est ça l’insalubrité.

LA SUITE DANS FUMIGENE MAGAZINE : www.fumigene.org///Article N° : 13050

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