Nouveautés du disque

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Mamani Keita et Marc Minelli, Electro Bamako (Universal)****
Elle, Mamani Keita, est d’origine malienne et chanteuse. Lui, Marc Minelli, est Français, batteur et bidouilleur électronique. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’avait vraiment entendu parler d’eux, si ce n’est quelques apparitions aux côtés d’illustres artistes comme Salif Keïta ou Cheikh Tidiana Seck pour Mamani et quelques albums sans grand succès pour Marc. Pourtant, leur rencontre fait des étincelles. Un magnifique album électro folk à travers lequel navigue la voix haut perchée de la chanteuse qui séduit dès les premières notes. Dans le respect de leurs traditions musicales, les deux compères ont su chacun se mettre au service de l’autre. Une belle histoire contée par la musique.
Bonga, O’Melhor de Bonga (Lusafrica)****
L’Angolais Bonga se distingue par des textes forts, marqués par son engagement politique. Avant l’exil, il a connu la guerre, les affrontements inter-ethniques ou militaires. Mais c’est à l’étranger (Pays-Bas, Portugal, France) qu’il a fait carrière. Depuis près de 30 ans, il chante pour la libération de son pays. On retrouve avec bonheur dans cette compilation sa voix suave et chaleureuse. L’irrésistible Mulema Xangola, l’envoûtant Agua Rara… 13 titres magiques pour le plaisir et la danse.
Hasna El Becharia, Djazaïr Johara (Label bleu)****
Le Sud-Ouest algérien est imprégné de différentes cultures : françaises, arabes, africaines. La ville de Becharia, une garnison française durant la colonisation, illustre ce mélange. La chanteuse Hasna en est issue, d’où son nom et sa musique où se choquent les cultures, traditionnelles et modernes : le gumbri et le derbouka, le djembé et la guitare électrique. Les voix qui naviguent sur des mélodies singulières donnent une saveur singulière à cette musique épicée.
Salem Tradition, Waliwa (Salem Tradition/Les escales de St Nazaire)****
Enregistré lors de la dixième édition du festival « Les escales de St Nazaire », ce cd est une pure merveille. La musique, faite de percussions réunionnaises s’inspire du patrimoine afro-malgache. On est saisi par la voix grave et sensuelle de Christine Salem qui entonne des mélodies en arabe, en malgache ou en swahili. Le résultat est époustouflant. La musique s’inscrit dans la pure tradition africaine, mais certains pourront l’affilier au gwo ka antillais. Un album chaleureux et festif.
Lamine M’bengue, Direction Sénégal (Africa Production)***
Lorsqu’il est bien exécuté, le mbalax (musique urbaine du Sénégal) a la particularité d’éveiller tous nos sens dès les premières mesures. En fait, il s’agit surtout des sensations que procurent les percussions (tambour parleur et djembé). Au Sénégal, Lamine M’bengue est un griot. Grâce à la chanson, il élargit son audience. Son album est un voyage à travers l’histoire de son pays.
Kunta Kinté, Occitan’Africa (Africa Production)**
Amadou Mbaye, l’oncle, et son neveu, Badara Mbaye, forment le groupe familial Kunta Kinté, jouant ensemble depuis près d’une quinzaine d’années. Originaires du Sénégal, c’est dans le Languedoc qu’ils ont choisi de poser leurs bagages. Aujourd’hui, ils zigzaguent entre leur culture d’origine et l’occitan. Ils jouent tous les deux des percussions et se sont entourés notamment de Séga Seck à la batterie et Jean-Philippe Rykiel au clavier. L’auteur compositeur Meissa Mbaye leur a concocté quelques titres.
Guy Lobé, Bizness Man (JPS)***
Grande gueule parce qu’il dit souvent ce qu’il pense et fait ce qu’il dit, le chanteur camerounais Guy Lobé propose un album très rythmé, makossa, relevé par des sonorités congolaises et afro-zouk. Il y développe des thèmes de relations (amour, amitié, mariage), de corruption, d’une profondeur subtile, en pidgin et en duala. On retiendra Suwèlè, qui permet d’apprécier la voix mélodieuse du chanteur. Un bijou qui balance.
Maréchal Papillon, Laver sans délaver (JPS)**
Dans son genre, makossa et benskin, le Camerounais Maréchal Papillon est assez populaire dans son pays. Sa musique, qui se joue dans toutes les boîtes de nuit de Douala et de Yaoundé, se danse jusqu’à l’aube. Ambianceur, entertainer, il séduit son public en s’inspirant du quotidien et des faits divers qu’il décrit sur des chansons en duala, en français et en pidgin. Unique défaut de cet album, une musique souvent répétitive qui risque de lasser l’auditeur. L’artiste gagnerait à) élargir son répertoire musical et développer les harmonies.
Papa Wemba, Bakala Dia Kuba (Next music)***
Voilà la synthèse de sa carrière. Pratiquant une musique ciblée, le chanteur sapeur a su séduire le public local (le Congo puis l’Afrique) puis élargir son audience. Il réunit ici ses principales formations, « Viva la musica cour des grands » et « Nouvelle Ecrita » pour une rumba simple et épurée, immaculée de sa voix entraînante. Une belle brochette d’invités : Ray Lema, Alain Makaba, Caïen Madoka, Miguel Yamba et le fidèle Lokua Kanza.
Jump to Addis, Sonteferi***
Ce groupe constitué d’Ethiopiens et de Néerlandais (dont Olaf Boelsen) pratique une musique à consonance arabe teintée de culture occidentale. On peut être surpris par ce curieux mélange, mais très vite, on est pris au jeu (musical), aux voix haut-perchées des chanteuses. Les principaux membres du continuum vivant hors d’Afrique, ils ont la charge de faire revivre cette culture, oubliée et ravagée par des années de guerre et de destruction.
Ethiopian Blues and Ballads (Buda)***
Entre 1969 et 1978, l’Ethiopien Amha Eshèté fut le seul producteur indépendant de son pays sous la dure loi de l’empereur Haïlé Sélassié. Il la brave en créant son label, défiant le label « impérial » Aghèr Feqer Mahbèr ». Non seulement il n’est pas inquiété, mais fait des émules dans d’autres domaines. La chute du souverain en 1974 est synonyme de perte de vitesse pour la production musicale. Cet album est un témoignage de la création artistique de l’Ethiopie à l’unique époque où le pays était cité comme exemple.
Wofa !, Iyo (Buda)***
Wofa est un groupe de scène composé de percussionnistes d’une incroyable dextérité. Le 29 août 99, le band perdait l’un de ses membres, le charismatique joueur de dunun, Sékouba « Gbemgbédi » Bangoura. Ce disque, dédié au leader décédé, illustre l’énergie que dégagent les musiciens sur scène. Une tornade de rythmes menée de main de maître par Fatouabou, virtuose du djembé, et le jeune percussionniste Foulé. Ils sont soutenus par le balafoniste Facinet, Mory, le nouveau venu, ainsi que les danseuses Marie, Mariame et Aïcha
Abdellatif Laâbi/Bernard Ascal, L’étreinte du Monde***
Abdellatif Laâbi est un écrivain marocain d’expression française célèbre par la force de ses écrits mais aussi pour avoir passé dix ans dans les prison d’Hassan II pour délit d’expression de pensée. Habitué à ce genre d’expérience, Bernard Ascal, auteur compositeur atypique, avait déjà mis Aragon en musique. Il reprend l’œuvre poétique de l’auteur marocain et lui consacre un récital. Par sa voix et sa musique, les mots retrouvent une vie nouvelle.
Mr R, Révolution R (2good Production)***
Lorsque sort le premier album du rapper Monsieur R en 1997, toute la presse spécialisée en parle. Il faut dire que l’artiste se distingue par son engagement politique. L’opus qui suit en 1998, Mission R, est un plaidoyer pour la tolérance. Avec ce nouvel enregistrement, Monsieur R constate l’échec de toutes les politiques et tire dans le tas. Ses textes sont de plus en plus durs, pour Réveiller les consciences. Des featurings de marque, les 2 bal, Fabe, Passi, Akhenaton, Pit Baccardi, Freeman…Un album choc, dans l’R du temps.

///Article N° : 2089

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