Poètes du monde et correspondances amoureuses

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Les poètes ne se proclament pas du monde. Elles et ils le sont par les mots sous la plume et dans la bouche où la langue manie la parole à sa guise. La poésie a toujours été du monde sinon elle ne serait pas ! À La Maison de la poésie de Saint-Quentin-en-Yvelines, cette prise de position est clairement affichée. À preuve, la sixième livraison de la revue Ici et là, numéro transversal met à l’honneur le thème du 9e Printemps des poètes, qui s’est déroulé en mars 2007. Dans ce numéro, « la correspondance (amoureuse ?) » est magnifiquement illustrée par des poètes d’horizons divers venus avec des mots corps, des mots sens, des mots manque, des mots rencontre, des mots nature, des mots maison, des mots jour et des mots nuit, des mots quatre points cardinaux, portant l’humeur du monde et la relation amoureuse.
Il y a aussi des comptes rendus d’expérience de création. Ainsi, le poète et plasticien Yves Bergeret raconte comment il dialogue avec des personnes d’univers différents : des « poseurs de signes » aux Antilles et au Sénégal, puis, ces dernières années, travail de peinture et poésie dans les montagnes entre Sahel et Sahara, à 1000 km au nord de Bamako, avec des peintres et paysans maliens. La poésie parle la langue de l’espace mais ne quitte pas le temps intérieur et le temps qu’il fait. Le résultat de cette expérience, toiles qui mêlent poésie et peinture, est exposé par la Maison de la Poésie en sept lieux différents de la ville de Saint-Quentin.
Hormis cette livraison de la revue Ici et là qui dit comment la poésie parle la langue du monde, il y a eu aussi la 3e Biennale de la Poésie du 6 au 25 mars 2007, avec des lectures, spectacles, rencontres et expositions. De toutes origines (Algérie, Tunisie, Arménie, Liban, Roumanie, Belgique, Mauritanie, Côte d’Ivoire, France, Suisse, Canada…), le monde a été dit, chanté et rythmé dans toute langue appartenant à chacune et à chacun. Et, dans des restaurants, à Saint-Quentin, en mars, les repas ont été servis sur des sets de table où il y avait, imprimés, des mots d’amour des poètes du monde. Le Printemps des poètes et la RATP avaient donné le ton dans le métro parisien. Le 23 mars au soir, au cours de la soirée Afrique, après les mots dits, le chanteur Meïssa qui a mis en musique et chanté Senghor a enflammé une salle qui en redemandait… Alors, le cœur du monde bat en poésie ou ne bat pas du tout.

///Article N° : 5882


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