Pour un jeu composé

Entretien d'Olivier Barlet avec Prisca Maceleney, actrice ivoirienne

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Sur quels films avez-vous joué avant Caramel ?
J’ai également joué avec Henri Duparc dans la série Moussa le taximan, et avais aussi un rôle dans Sida dans la cité III. J’ai commencé au théâtre avec Sidiki Bakaba dans C’est ça là même et Papa bon Dieu qu’il avait mises en scène. Je suis ensuite entrée à l’Ecole de théâtre et de danse que je finis cette année, après quatre ans d’étude, avec le diplôme supérieur d’études artistiques en théâtre, le DISEA.
Comment s’est passé le tournage avec Henri Duparc.
Il m’a mise en confiance et m’a décontractée. C’était notre papa ! Il était rigoureux car il voulait du travail bien fait. J’avais dix jours de tournage de prévu et cela a été tenu. Il nous laissait libre mais il avait un regard de metteur en scène qui savait dire ce qu’il fallait. J’ai eu le temps de lire et m’approprier le scénario pour créer un personnage Caramel qui soit autre que moi.
Vous essayez d’interpréter vos rôles dans une composition ?
Oui. Je cherche à être naturelle mais je veux composer le personnage en même temps. Comme le dit Stanislavski, il faut arriver à donner un personnage qui n’est pas nous. Je débute et vais m’améliorer. On me trouve un peu timide mais j’aimerais avoir des rôles plus arrogants pour montrer une autre facette de moi.
Quelles sont vos perspectives ?
Je termine juste mes études et suis ouverte aux rôles à venir ! Je m’essaye aussi à écrire des scénarios que je présenterai à un réalisateur ou que je pourrais tourner moi-même un jour.
Sentiez-vous qu’Henri Duparc était malade en travaillant avec lui ?
Jamais ! Cela a surpris tout le monde ! Il taquinait toute l’équipe ! A deux semaines de sa mort, il m’a prévenu que je devais venir à Khouribga, sans que je puisse déceler quoi que ce soit. On prie pour lui. Le film retrace ce qu’il était lui-même. Son rêve était peut-être de revenir après sa mort et de rester auprès de sa femme qu’il aimait tant !
C’est marquant une telle expérience !
C’est très émouvant. Henri Duparc était un des grands chez nous. D’abord jouer un rôle principal dans un de ses films et ensuite sa mort, Caramel restera toute ma vie gravé en moi ! Je m’en inspirerai pour mon travail futur.
Avez-vous des acteurs modèles ?
J’apprécie beaucoup d’acteurs mais je tiens à rester moi-même. Certains me donnent le courage de continuer. J’aime bien Meryl Streep, ne serait-ce que par sa voix. Je voudrais donner une telle émotion en jouant. Notre cinéma est un peu superficiel, alors qu’on peut transmettre l’émotion sans la singer. C’est vrai qu’on ne montre pas son village de la main gauche mais il y a quelque chose de fort dans les films américains : on s’identifie aux acteurs et on se surprend en train de pleurer. C’est à cela que nous devons arriver.
Etes-vous optimiste ou pessimiste sur l’avenir du pays ?
Je ne suis pas du tout pessimiste. On a connu des moments difficiles mais ça s’améliore. Je suis sûre que ça va finir et qu’il y aura de bonnes choses au niveau du cinéma ! Il nous faut revaloriser son image, c’est le premier chantier !

propos recueillis par Olivier Barlet
Khouribga, juin 2006///Article N° : 4509

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