Quinzième édition de la rentrée littéraire du Mali : la carte de l’ouverture

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En quinze éditions, l’enthousiasme n’est jamais retombé. Au contraire, il serait plutôt décuplé et, en dépit d’un climat général dégradé et de la mauvaise santé du secteur du livre, il est important de le souligner et de saluer le travail inlassable d’Ibrahima Aya, le co-directeur et fondateur de la Rentrée littéraire du Mali et de toute l’équipe qui travaille à ses côtés. Reportage au coeur de la 15e édition, depuis Bamako. 

L’événement vit, année après année, et avec une vigueur et une force particulières pour cette nouvelle édition de la Rentrée littéraire du Mali, qui se tient du 21 au 25 février 2023. Si le contexte politique ne permet pas encore de regarder vers les régions pour étendre les rencontres à l’intérieur du pays, tous les rendez-vous bamakois ont été maintenus et cela ne serait pas possible sans la fidélité et l’engagement de partenaires présents depuis le début : l’Institut français, qui cède sa salle de spectacle pour y accueillir débats et tables rondes, les lycées et grandes écoles, qui reçoivent des auteurs différents chaque jour, et d’autres lieux encore, restaurants et espaces culturels, qui ouvrent eux aussi leurs portes à des cafés littéraires et des lectures.

De manière inédite cette année, et alors que les débats se déroulent en différentes langues, avec, autre nouveauté, la présence d’interprètes et une traduction simultanée pour l’ensemble des invités, deux journées entières sont consacrées au premier Forum des manifestations littéraires en Afrique. Ces assises sont une occasion, pour l’instant unique, de permettre à des organisateurs de festivals et de salons et à d’autres professionnels du livre de Guinée, de Madagascar, du Mozambique, du Sénégal ou d’Afrique du sud,  de se rencontrer et de partager sur leurs expériences. Chacun salue cette initiative avec une certaine émotion. S’ils ne se connaissaient souvent pas jusque là, sans ignorer bien sûr la tenue de tel ou tel événement, ils mettent enfin des visages sur des noms, et l’on sent bien, à les écouter, que les discussions de couloir, à table ou à la marge des travaux eux-mêmes, seront très probablement plus importantes encore que tout ce qui va se dire pendant ces sessions et qu’on n’aura pas le temps de noter. Peu importe, les cartes de visite s’échangent, les visages s’ouvrent, et, même s’il est difficile d’arriver à un consensus, c’est la joie qui prédomine en ces premières heures de la Rentrée littéraire du Mali.

Une troisième journée a été consacrée à la rencontre des éditeurs, pendant que, dans le hall de l’hôtel Salam, où sont logés les invités, des libraires installent leurs étals de livres. C’est l’occasion de croiser certains lauréats de prix africains remis sur le continent, tels Sophie Heidi Kam, qui a remporté en 2021 le Grand Prix du livre à la 16ème FILO (Foire Internationale du Livre de Ouagadougou) ou Mohamed Abdallah, couronné en 2022 du prix Assia Djebbar pour Le Vent a dit son nom. Le programme est chargé et vivifiant. On ressort sonné et heureux après avoir écouté Dieudonné Niangouna donner des extraits du deuxième roman de sa trilogie, qui vient de paraître, La Mise en papa, on se réjouit de la représentation théâtrale de la pièce Djon bé sini don ? (Qui connaît l’avenir ?) et des concerts donnés à l’institut et dans le cadre de la cérémonie de clôture au Musée Muso Kunda, où seront remis samedi soir les prix littéraires de la Rentrée. Comme d’habitude, l’accès à toutes ces rencontres est entièrement libre et gratuit. Il y a donc toutes les raisons de venir se nourrir de textes et se gaver de conversations et d’échanges informels autour d’un verre. L’ambition déclarée est de se tourner toujours plus vers un public jeune, reflet de la jeunesse d’une population africaine en quête de débats sur des questions de société et d’imaginaires à réinventer. Cette année, le thème porté par la Rentrée est « décloisonner l’Afrique ». S’agissant des rencontres professionnelles, programmateurs comme éditeurs, s’agissant également du nombre de pays représentés, on peut dire d’ores et déjà que le pari est gagné.

 

Annie Ferret,

Le 23 février 2023

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