Curieux spectacle que cette veillée mortuaire qui se fait prétexte à une oraison poétique afin de convoquer, au-delà de l’accompagnement du grand-père dans l’autre monde, toute la société réunionnaise avec ses contradictions, ses rancoeurs, ses blessures encore ouvertes et la détresse aussi d’un peuple laissé pour compte.
Cependant, si la parole mêlée de créole se fait avant tout musique et nous transporte dans un ailleurs à la rencontre de sensibilités méconnues et d’harmonies qui ne peuvent laisser indifférent, le spectacle se crispe autour d’une ritualisation qui pèse peu à peu : bougies, eau purificatrice, cendres… Le rite semble apporter une théâtralisation artificielle, voire maniérée qui ne sert pas le texte, dont l’essentiel est par ailleurs, lu par les deux comédiennes manuscrit en main, comme si le spectacle n’était encore qu’à l’état d’ébauche.
Lecture, mise en espace, spectacle inachevé… On ne sait que penser du travail scénique. On doit seulement lui reconnaître le mérite de faire entendre une musicalité poétique peu commune mise en voix par Lolita Monga elle-même qui manifestement habite son texte, et chantée par Arlette Nourly dont les rythmes a cappella et le travail vocal apportent une vraie densité.
1. Lolita Monga, Saroyaze et autres textes, Edition Grand Océan, avec le Centre Dramatique de l’Océan Indien, 1999avec Arlette Nourly et Lolita Monga
Compagnie Acte 3 (La Réunion)
Coproduction Centre dramatique de l’Océan indien
Créé en 1999 au Théâtre International de Langue Française///Article N° : 1490