St Germain, un pilier dans l’histoire de la French Touch, revient en force dans les bacs. Après treize années d’absence sur une scène pourtant bien marquée par Boulevard (1995) et Tourist (2000), deux de ses précédents opus devenus mythiques. Sa quatrième galette navigue entre la France et les Amériques, en passant par l’Afrique.
Claviers, guitares et saxophone, séquences et nappes électroniques. Un album éponyme, d’acid jazz, house & deep house, orchestré depuis Paris en mode échangiste, avec des « requins » de plateau maliens, à la kora, au balafon, au violon peul et au ngoni, ambiance mariages et baptêmes garantis. Une musique de l’âme contre la froideur supposée de l’electro. Il y a quelque chose de l’ordre de l’organique dans ces huit morceaux. Il est étonnant d’ailleurs de voir que St Germain a.k.a Ludovic Navarre n’a pas eu besoin de se rendre dans le nord du Mali pour retrouver les chemins sensibles du partage. Le global village et la Word économie autorisant la rencontre des sonorités mandingues les plus sublimes, hors du Continent mère, il en a profité pour bidouiller in home comme au premier jour de ses amours en studio. En gardant cette espèce de fascination intime entraînant un enfant du groove à recréer le lien entre un Lightnin’ Hopkins – artiste texan déjà samplé sur Tourist – et les racines westaf du blues. Prendre le temps d’écouter le premier titre pour en saisir toute la complexité.
Ludovic Navarre reste effectivement cet indéfectible rat de studio, peu friand des dj sets tonitruants, bien qu’il ne rechigne pas à aller vers son public, d’où la nouvelle tournée mondiale annoncée au 12 novembre dans la clameur du Bataclan à Paris. En attendant de le voir sur scène, l’album est là, pour tous ceux qui voudront s’arrêter sur « Hanky Panky ». La guitare de Guimba Kouyate, son ngoni et celui de Sadio Kone y rugissent en douceur ou presque. Sans oublier ce tempo lent sur « How dare you », avec Zoumana Tereta et ses petits miracles au sokou, la voix samplée de Robert Burnside sur « Nightmare Blues » en appel. Tout le monde se souvient des cas Galliano et Albarn. Il y a eu d’autres expériences du genre au Mali. Mais entendre le Mandé et ses voix élégantes (la délicieuse Nahawa) sonner ainsi à l’heure des formatages labellisés peut en ravir plus d’un et faire oublier que l’Afrique joue plus que jamais le rôle de la pourvoyeuse de sons sur cet opus, y compris lorsque St Germain la fait s’acoquiner avec une vibration percussive venue des Amériques, comme sur cette séquence latino arrivant à la fin de titre du titre « Voilà ». De quoi renverser le miroir pour une deep house afro au rythme majestueux, même si certaines mélodies paraissent par moments trop propres sur elles-mêmes. Trop lisses
St Germain, St Germain, 2015 (Warner Music).
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