Depuis dix ans, le collectif Votation citoyenne mobilise et sensibilise les citoyens français sur le droit de vote des étrangers. Il regroupe une cinquantaine de structures : associations, partis politiques et syndicats. Entretien avec l’un de ses porte-parole, Vincent Reberioux, également vice-président de la Ligue des droits de l’homme, à l’heure où l’objectif du collectif semble aujourd’hui réalisable.
Comment est né le collectif Votation citoyenne ?
En 1990, grâce à une campagne de sensibilisation J’y suis j’y vote, une cinquantaine d’associations s’associent pour défendre le droit de vote des étrangers. En 2002, ce collectif prend une dimension nationale sous la bannière de Votation citoyenne. Des associations comme la Ligue des droits de l’homme, des syndicats comme la FSU, la CFDT et des partis politiques de gauche sont parties prenantes.
Comment ce collectif est-il financé ?
Il l’est principalement par la Ligue des droits de l’homme. Les associations membres contribuent également par une quote-part.
Quelles sont les actions du collectif ?
Nous faisons de l’éducation populaire pour sensibiliser, lever les peurs, inciter les gens à donner leur point de vue et échanger. Tous les ans, partout en France, nous organisons une consultation locale sur les marchés, dans les maisons de jeunes, les mairies volontaires comme la Mairie de Paris. C’est ce que nous avons fait le 10 décembre dernier lors de la Journée internationale des droits de l’homme.
Où en est la France sur cette question selon vous ?
Le traité de Maastricht, en 1992, a mis fin au lien historique entre citoyenneté et nationalité, qui affirmait que pour voter il fallait être français. Désormais, certains étrangers, membres de l’Union européenne, votent et peuvent être élus aux conseils municipaux. Mais la majorité des étrangers résidant en France est laissée de côté, tels que ceux issus d’Afrique. Ils travaillent et payent des impôts, mais ils n’ont pas le droit de participer à la gestion de leur commune ! Dans un certain nombre de villes, il y a une forte présence de l’immigration. De qui le maire d’une ville comme Saint-Denis est-il le représentant si les étrangers n’ont pas le droit de vote aux élections locales ? Les maires sont conscients de cette problématique.
Certains disent que les étrangers ne se sentent pas concernés par le vote. Qu’en pensez-vous ?
Ils disent : « Ils ne veulent pas voter » ou « si les étrangers votent, vous aurez de la viande halal dans les écoles. » Les étrangers ne seraient pas « intégrables ». Les étrangers sont intéressés quand on les consulte avec dignité. Dans le cadre de nos actions, j’ai tenu des bureaux de vote, avec une urne, un isoloir, dans des foyers de travailleurs migrants. Ils venaient habiller en costume, la larme à l’oeil. Pour beaucoup la démocratie a un sens. Ce n’est pas forcément le régime politique qui règne dans leur pays d’origine.
Comment comptez-vous vous mobiliser pour que François Hollande tienne sa promesse ?
Le collectif entend faire du lobbying pour qu’une majorité qualifiée, c’est-à-dire les 3/5e des deux assemblées parlementaires, vote pour cette proposition. Le président de la République s’est engagé entre les deux tours à consulter le parlement et, s’il n’y a pas de majorité, à faire un référendum. La question n’est pas de savoir si cela se fera mais quand. Nous allons notamment insister auprès des élus centristes et UMP.
En savoir plus :
Apprenez-en davantage sur les initiatives en faveur du droit de vote des étrangers en France sur :
www.oui-droitdevotedesetrang…
www.lettredelacitoyennete.org
www.ldh-france.org/-votation…///Article N° : 12598