Souvenirs de la guerre civile surinamaise et intrigue policière dans la Guyane d’aujourd’hui, le tout sur fond de pratiques rituelles des peuples noirs-marrons de la région : ce mélange a permis à Obia de Colin Niel d’obtenir le prix des lecteurs Quais du Polar 2016.
Après Ceux qui restent en forêt et Les hamacs de carton, l’auteur Colin Niel s’est intéressé au conflit qui a déchiré le Surinam de 1986 à 1992. Face à la répression del’armée gouvernementale contre les combattants et les civils des peuples marrons, des milliers de réfugiés surinamais traversèrent le fleuve Maroni pour s’installer en Guyane. Si les souvenirs de la guerre surinamaise servent de trame de fond au roman, l’intrigue se déroule dans la Guyane d’aujourd’hui autour d’une problématique bien contemporaine : le trafic de cocaïne. Colin Niel a imaginé le personnage du jeune Clifton Vakansie empêtré dans les filets des cartels de la drogue. « On se rend compte que dans ces deux histoires, l’obia a une puissance particulière » explique l’auteur qui définit ce terme comme étant un remède magique mêlant esprits et ancêtres des peuples marrons et usage de plantes amazoniennes. « À l’époque de la guerre civile, les rebelles qui se battaient contre l’armée du Surinam utilisaient l’obia pour se protéger. Dans le trafic de cocaïne, on a exactement la même chose : les mules qui se retrouvent embauchées pour faire passer la drogue entre la Guyane et l’Europe, pratiquent l’obia pour ne pas se faire attraper par la douane. » L’auteur observe là la résurgence ponctuelle d’un rituel ancestral de protection des corps, qui n’est pourtant que l’une des expressions du concept complexe qu’est l’obia. Comme dans les deux tomes précédents, le personnage central reste le capitaine Anato. Descendant du peuple marron des Njuka, il a grandi dans l’Hexagone et son retour en Guyane s’accompagne d’une difficile quête d’identité. Colin Niel a voulu « confronter ce personnage à la recherche de ses origines avec l’histoire de la guerre civile du Surinam, qui est une période de l’histoire assez récente mais entourée de beaucoup de non-dits. »
Colin Niel, Obia, Les éditions du Rouergue///Article N° : 13607