Cinéaste, artiste multidisciplinaire et doctorant en sciences de la communication (Concordia University, Canada), Boulou Ebanda de B’béri a contribué au forum ouvert sur africultures.com et qui reste ouvert aux réactions à ce dossier.
La notion, et même le concept de l’africanité, n’est point nouvelle dans les champs des réflexions africaine. Elle est même incontournable pour toute compréhensibilité des mouvements socio-historiques et activités de rappropriation de la pensée africaine. Je contredirais Sagot-Duvauroux qui, dans l’ouverture de son texte, affirme que la question de l’africanité ne se pose que dans des situations particulières. Au contraire, elle a toujours été présente dans les traces des premiers textes africains, dans les contes, les palabres. On dira néanmoins qu’elle n’a pas réellement été pensée en termes conceptuels comme cela se fait aujourd’hui. Ce n’est donc pas une création de la modernité, mais une réactivation de ce qui a toujours été là. Si la francité ne pose pas en interrogation, c’est justement parce qu’elle occupe une place hégémonique dans l’espace de l’expression.
Toutefois, s’il faut aujourd’hui penser l’africanité dans une perspective actualisée, on constatera qu’elle est une constellation de « modalités » identifiables à travers des pratiques (cinémas, arts, littératures, vie quotidienne
) et de l’être africain, qui n’est plus limité à la race noire, encore moins à un territoire géographique. Par exemple, le pâle Olivier Barlet tenant ses bureaux à Nyons et effectuant milles voyages en Afrique exprime entièrement cette figure actualisée de l’africanité.
L’africanité est donc une « structure de sentimentalité » comme le dit Raymond Williams, un attachement à certaines pratiques, « habitus » de la vie quotidienne, dirait Bourdieu. (
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///Article N° : 1853