Au plaisir des auditeurs (Ma chanson préférée)

De Abdellatif Abdel Hamid

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Etonnant cinéma syrien qui choisit souvent la métaphore extrême pour exprimer ce qu’il a à dire, une façon de déjouer la censure. Les paysans sont ici complètement branchés sur l’émission « Ma chanson préférée » à la radio, avec l’espoir d’entendre leur nom dans les dédicaces introduisant les chansons. Cette folle envie d’exister en tant qu’individus les motive à ce point qu’ils ne font qu’en parler et que Wazefi en fait même une condition pour se marier à Saleh !
Le burlesque et l’hyperbole systématiques contribuent à faire de ce petit microcosme familial qu’est la maison d’Abou Jamal le havre de tolérance et d’unité que symbolise déjà l’harmonie dans la communion avec les chansons préférées. Allégorie d’une patrie qui accueilles les exclus et comprend les fous tandis que chez les voisins persistent l’exploitation et la cruauté des rapports sociaux. Même l’institution militaire est capable de comprendre qu’un soldat doit pouvoir aimer : Jamal aura une permission exceptionnelle en temps de guerre pour aller voir sa belle. Car seule la guerre contre les Israéliens, qui induira la drame final, vient perturber le bel ordre en place.
Et pourtant… Le fou qui ne cesse d’allumer des pétards et d’empêcher tout le monde de dormir rend la mère hystérique de ne plus avoir aucune intimité ; l’amour entre Jamal et sa belle reste clandestin et tronqué, à l’insu du reste de la famille ; le même Jamal ne peut prendre son rôle de militaire au sérieux et trouve que le mouvement du canon qu’il actionne le chatouille ; tout est finalement absurde et forcé dans ce huis-clos où règnent les moulins à vent du fou… La société de Au bonheur des auditeurs n’est pas si idyllique que ça et ce film plein d’humour en offre un regard particulièrement caustique.

///Article N° : 3456

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