Voici un film qui a remporté toutes les récompenses au festival du Caire. Adapté d’un recueil de nouvelles « Né pour mourir », il raconte effectivement l’histoire d’une vengeance, ou plutôt d’une menace de vengeance : le fils d’Adam est assassiné en plein mariage par un clan rival pour des raisons qui resteront obscures. Chacun pousse Adam à se venger mais il attend son heure. La famille coupable vivra dans la hantise de voir leur fils Sabri assassiné de la même façon, au point de la déguiser en fillette durant les premières années puis de lui interdire toutes sortes de libertés. Le final se déroulera bien sûr durant son mariage, vingt ans après la scène de départ.
Multipliant les scènes de nuit, jouant sur les clairs-obscurs que permettent les décors ruraux du village et traitant chaque image comme un tableau, Mohamed Kamel El-Kalioubi confère à cette histoire emblématique l’aura d’une saga historique sans devoir mobiliser trop de figurants. Cela lui permet d’appuyer les références marquées aux crises politiques que traverse l’Egypte de la guerre de Palestine en 1948 à l’abdication de Nasser, et d’inscrire l’histoire du paysan Adam dans l’histoire collective. Tranchant avec les conventions du cinéma égyptien, il le fait avec une grande économie de dialogues pour se concentrer sur les situations et accentuer les ressentis. Ce village qui vit en huis-clos est à l’image du monde arabe vivant refermé sur lui-même. Et ce film à l’image d’une Egypte qui n’en finit pas de revenir sur l’humiliation historique de sa splendeur passée.
///Article N° : 3457