Balade africaine en Guinée équatoriale

De Wilfred Simon

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Alors que l’on signale un soulèvement populaire dans le port de Luba (ex Sans Carlos) et l’arrivée à Bioko (ex Fernando Poo) d’une armada de 150 Américains du secteur pétrolier, paraît en France un remarquable roman d’aventure qui se déroule précisément dans cette ancienne colonie espagnole du Golfe de Guinée. Et cela dans un contexte de détournements de fonds (parfois au profit de partis politiques français), de vapeurs de pétrole offshore cachant à peine les agents des Renseignements généraux, d’instructeurs français de la police du dictateur Obiang Nguema, de torture et de trafic de drogue par la famille au pouvoir depuis 1968.
C’est au milieu de ce cloaque qu’atterrit le juge d’instruction Léo Girfaut. Sa mission : enquêter sur l’assassinat d’un médecin coopérant français dont la faute aura été de vouloir amener à Paris des documents compromettants pour la Coopération et les Affaires étrangères.
Wilfred Simon, dont c’est le quatrième roman, fonde son intrigue sur des circonstances réelles (en particulier l’assassinat de deux médecins français dont les médias hexagonaux ont curieusement fait peu de cas). Le juge Girfaut, grâce à l’idéalisme tiers-mondiste d’une doctoresse espagnole, María, parvient à se procurer les documents réunis par le médecin français liquidé, et à échapper aux sbires du régime nguemiste (de la famille Nguema : Macias Nguema, dictateur de 1969 à 1979, et le neveu Obiang Nguema, dictateur de 1979 à aujourd’hui, après avoir liquidé son oncle), ainsi qu’aux complots des agents français chargés de protéger la raison d’Etat. Avec la complicité de quelques Nigérians (les côtes du Biafra sont à moins d’une centaine de km de la capitale, Malabo – ex Santa Isabel), Girfaut et María parviennent à fuir la  » Guinée équatoriale « . Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. Léo Girfaut tout particulièrement, dont l’odyssée s’achèvera sur un trottoir aux abords de Beaubourg.
Le mérite du roman de Wilfred Simon, outre une écriture leste et rythmée – très cinématographique – est de donner vie à des événements et des situations tragiques que les rares dépêches (AFP/Libreville, EFE/Madrid) ainsi que les travaux académiques présentent dans une quasi langue de bois. Voici donc une passionnante entrée dans les ténèbres du seul pays hispanophone d’Afrique noire.

Balade africaine en Guinée équatoriale, de Wilfred Simon, Ed. du Rocher, 1998, 243 p.///Article N° : 366

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