Bibliographie de Mia Couto

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Deux ouvrages de Mia Couto sont actuellement disponibles en français :
Terre Somnambule, Ed. Albin Michel, 1994, 252 p., 140 FF
Les baleines de Quissico, Ed. Albin Michel, 1996, 239 p. 120 FF.
A varanda do frangipani, Ed. Albin Michel, est à paraître.
Ouvrages non traduits
Vozes anoitecidas, Editorial Caminho, 1986, Lisboa.
Cada homem é uma raça, Editorial Caminho, 1990, Lisboa.
Cronicando, Editorial Caminho, 1991,Lisboa.
Estorias abensonhadas, Editorial Caminho, 1994, Lisboa.
Contos do nascer da terra, Editorial Caminho, 1997, Lisboa.
Terre Somnambule
 » On disait de cette terre qu’elle était somnambule. Parce que pendant que les hommes dormaient, la terre s’en allait loin par-delà les temps et les espaces. les habitants, lorsqu’ils se réveillaient, regardaient le nouveau visage du paysage et ils savaient que la fantaisie du rêve était, cette nuit-là, revenue les visiter.  »
Variation sur cette croyance des habitants de Matimati, Terre somnambule est le récit de sa survivance dans un pays dévasté par la guerre. Le rêve,  » l’oeil de l’existence « , a deserté les hommes devenus ombres.
Fuyant la guerre et le camp de réfugiés, Tuahir le vieil homme et l’enfant Muidinga échouent dans un autobus calciné jonché de cadavres. Ils y découvrent les cahiers d’un homme nommé Kindzu. Le récit devient alors partage : le jour, l’auteur nous fait don des aventures de Tuahir et Muidinga tandis que celles de Kindzu se déroulent dans la nuit. Peu à peu naît la possibilité d’une implication des deux récits.
Ces cahiers restituent les espaces oniriques confisqués par la guerre mais transmettent aussi la parole à de nouveaux personnages qui renouvellent sans cesse les lieux de l’imagination. A l’image de l’un des personnages,  » écrire c’est apprendre aux gens à rêver «  sous l’oeuvre de la  » terre couturière des rêves « .
Les Baleines de Quissico
Ce choix de nouvelles met en scène des personnages où s’enracine l’autre en soi, détenteur de sa vision et de sa réalité propres.
 » Des voix crépusculaires  » surgissent. Un vieil homme maigre devenu  » l’ombre d’une âme  » entreprend de creuser la tombe de sa femme avant que les forces ne lui manquent… Tandis qu’un  » mulâtre non de races, mais d’existences  » se trouve en prison accusé d’avoir tué son épouse qui, d’après lui, était un oiseau, envoie une lettre-confession à son avocat : le désespoir d’un homme,  » le paludisme dans l’âme « , s’exprime par des manifestations physiques qui deviennent psychiques… Et Bento Joao Mussavele se rend sur la plage de Quissico afin de rechercher les baleines aux ventres remplis d’espoir…
 » Nous vivons loin de nous, à la distance d’un faire-semblant. Nous nous dérobons à nous-mêmes. Pour quelle raison nous préférons-nous dans cette obscurité intérieure ?  » Ainsi s’ouvre l’histoire de Maneca Mazembe, le pêcheur aveugle de Chaque homme est une race.
Dans les Chroniques, nous croiserons Mamude, celui qui porte en lui une  » infinité d’âmes « … ou encore le gardien de la route qui veille à ce qu’aucun chemin ne vienne altérer sa route. Mais  » le pied, une fois pris la route, annule la condition humaine(…) C’est dans l’âme que se marquent les pas.  »
Déambulation dans les contrées intérieures, pérennité du rêve atemporel, suspension et contemplation… En somme une invitation à l’ailleurs.
A varanda do frangipani
 » Selon la légende, quelqu’un regarde au loin l’océan et se perd dans l’infini de la contemplation. Dans l’attente…  » Nous est contée l’histoire d’Ermelindo Mucanga, enterré au pied d’un frangipanier dans un fort colonial au bord de l’océan… Des remous dans la terre, des voix… Voilà que l’on veut le déterrer pour l’élever au rang de héros national de la libération… Affolé, il consulte son halakavuna (tapir – au Mozambique, on croit que le tapir a élu sa demeure dans les cieux et qu’il descend sur terre pour prédire l’avenir aux chefs traditionnels). Celui-ci lui annonce qu’il va vivre à nouveau, sous les traits d’Izidine Naìta : policier chargé d’enquêter sur la disparition du directeur de l’hospice de vieillards, ancien fort colonial…
Conçu sur le mode de l’enquête policière, le récit se déroule sur un rythme binaire scandé par les chapitres séjours chez les vivants/confessions des curieux pensionnaires de l’hospice. Le retour au ciel, la confession de Marta et la révélation conduisent au dernier rêve, le rêve du mort.  » Les curieux pensionnaires  » de l’asile, les anciens, les racines du Mozambique… Leur disparition provoquera de futures générations sans histoire : les individus n’existeront plus que par imitation.  » Les curieux pensionnaires de l’asile  » sont chacun détenteurs d’une histoire qui nous rive par-delà l’océan.

///Article N° : 945

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