Bienvenue en Afrique !

D'Andreas Gruber

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Quelque part en Autriche, deux policiers sont chargés d’extrader un immigré africain vers son pays d’origine, le Ghana. Suite à une erreur administrative, les deux membres de la sécurité publique se voient dans l’obligation d’y rester quelques jours, en compagnie de leur nouvel et encombrant ami.
D’emblée, Andreas Gruber choisit le thème de la quête initiatique, tant prisé par ses pairs (Wenders en tête) pour réaliser une œuvre qui selon lui serait un  » mélange [entre] comédie satirique contre le racisme et invitation au voyage en Afrique « . Il va plus loin en pointant du doigt l’illogisme des lois sur l’immigration, dont font preuve certains Etats de la communauté européenne, en se démarquant notamment par un racisme ambiant. Intolérance représentée dans la première partie du film, par les deux flics qui essaient tant bien que mal de virer ce  » putain d’africain « . Le sujet, toujours d’actualité (les extraditions des enfants scolarisés en France), est exposé à la manière d’une comédie italienne. Ce qui donne des scènes assez surréalistes (l’affrontement verbal sans queue ni tête entre un des flics et le responsable de la sécurité de l’aéroport).
Dans la seconde partie (celle de l’errance), Gruber pose délicatement de nombreux questionnements sur le rapport Afrique/Europe (raison principale de l’immigration, tendance à l’uniformiser avec le terrorisme, etc). L’idée est intéressante car elle permet de se pencher sur les véritables avantages de la mixité culturelle rarement traités au cinéma (l’apport essentiel de l’étranger pour le vieux continent). Malheureusement, Gruber peine à dépoussiérer cette piste. Le traitement de ses personnages (trop stéréotypés) et de la construction narrative (trop prévisible) renvoie le spectateur dans un double sentiment, quelque chose qui oscillerait entre le déjà-vu et l’inachevé. (Difficile de ne pas songer à La Blessure de Nicolas Klotz ou dans un autre registre, La Faute à Voltaire d’Abdelatif Kechiche)
Dommage, car certains plans de Bienvenue en Afrique (la scène finale où l’un des flics prend conscience que l’homme blanc a besoin de l’Afrique, et celle, tristement réaliste, où l’on voit le jeune ghanéen se faire embarquer derechef par les forces de l’ordre autrichienne) donnaient un bref aperçu de ce que Gruber aurait pu faire s’il avait été plus inspiré.

Bienvenue en Afrique ! de Andreas Gruber, avec Georg Friedrich, Abdul Salis, Rainer Egger///Article N° : 4155

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