Voilà la magnifique chanteuse, initiée aux mystères des dieux noirs, celle par laquelle les incantations sacrées en langue yoruba sortirent des baraquements des descendants d’esclaves, brisant la torpeur des ruelles encaissées de la Habana Vieja, circulant entre les colonnades des patios, pour rappeler à tous les Cubains que dans leurs veines puise le sang de l’Afrique ! Cette voix superbe et inspirée retentit à la radio, dans les théâtres et dans les concerts à partir de 1936, lorsque les tambours bata des ancêtres firent leur apparition inattendue dans les quartiers chics de la capitale, et que les hymnes à Yemayà guidaient les fidèles dans la danse des vagues… Merceditas Valdez n’est plus avec nous, mais son chant de feu vibre encore jusque dans les résidences du Miramar et se confond avec le vent du Cerro, éveillant les souvenirs des humains sollicités à nouveau par la parole des saints noirs.
Cuba, de Merceditas Valdez y los tambores bata de Jesus Perez (A.S.P.I.C.)///Article N° : 151