Dati et Sarkozy

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L’Europe dévastée et sanguinolente de l’après-guerre a jeté sur les routes de quoi rendre hystérique les salles de rédaction. Des millions de « migrants », à pied, effacent les frontières pour aller se dessiner une nouvelle vie loin de leurs lieux de naissance. Un jeune hongrois fait partie de la cohorte. Il rêve d’un pays rencontré en livre sous les traits très théâtraux d’un avare. Il fonce vers le couchant. En Europe, c’est traditionnel, quand on veut refaire sa vie, on va vers l’ouest… L’Europe dévastée et sanguinolente de l’après-guerre a appelé massivement sur ses terres des bras jeunes et forts pour reconstruire ses édifices effondrés sous les canons de sa propre barbarie. Des millions d’ « immigrés » entendent le cri de détresse jusque sur le rivage de leurs oueds taris, dans le fin fond de leurs bleds arides. Ils prennent le bateau et se pensent un meilleur dessein loin des bouleversements du nouvel ordre post-colonial. Un jeune marocain fait partie de la cohorte. Il rêve du pays de la nouvelle langue dominante. Il fonce vers le septentrion. En Afrique, c’est traditionnel, quand on veut refaire sa vie, on va vers le nord… Cette fin de printemps 2007, c’est encore la révolution à Paris. Le bon peuple de France a une fois de plus décapité un symbole fort et fait couler un « sang impur » dans les jardins de l’Elysée : un fils d’étranger est élu président. Et l’usurpateur, à peine en fonction, confie les sceaux et la justice de la république à une « étrange » comme lui. Impensable à Londres, inimaginable à Berlin, impossible à Rome ! C’est Place de la concorde, à l’ombre d’un phallus égyptien, que se masse un peuple étonnamment monochrome et monosouche, pour célébrer la victoire. Partout, il y a de la symbolique. Partout, de la force de suggestion, les seconds degrés sont pleins. La France vient de rentrer dans le monde de demain mais personne ne le voit. Sauf deux vieux hommes qui depuis bien longtemps ont compris que ce ne sont pas les territoires mais les espérances qui fabriquent les hommes. Ce jour-là, Pàl Sarkozy et Mbareck Dati souriaient.

///Article N° : 13313

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