Drumline est un film formule. Devon, un jeune Noir bourré de talent, est recruté par une université américaine pour redorer l’image de l’institution. Il se fait des copains, des ennemis, rencontre une fille, a de sérieux problèmes de discipline, manque de se faire renvoyer, et se rachète in fine grâce à une performance héroïque qui sauve l’équipe de la défaite. Cette fois-ci cependant, il ne s’agit pas d’une équipe de sport mais de l’orchestre de l’école, qui dans les universités dites » historiquement afro-américaines* » constitue une tradition que les spectateurs apprécient au moins autant que les matchs qu’ils animent. Ce sont bien sûr les tambours qui font la réputation de l’orchestre. Selon la tradition, le spectacle se termine par la performance des » lignes » de tambours des deux universités qui jouent chacune à leur tour des compositions préparées. La compétition est houleuse, le style agressif, devant démontrer un talent supérieur.
Le film avance avec autant de précision que le tambour de Devon, vers un résultat connu d’avance, dont on savoure néanmoins toutes les étapes. On voit les instructeurs entraîner les nouvelles recrues comme à l’armée, selon un système d’émulation que tous acceptent sans broncher, y compris le petit Blanc qui joue de la grosse caisse et que ses collègues s’appliquent à faire régresser de rang. Quand il se plaint à Devon d’être victime de racisme, son ami lui confie en riant qu’il aurait fait pareil, pour ensuite lui apprendre à mieux jouer afin de pouvoir regagner sa place au premier rang. Comme quoi la discrimination motive. On se passerait bien des petites dérives moralisatrices sur l’importance de travailler dur et de résister aux forces corruptrices de la culture du ghetto, personnifiées par le chef d’orchestre de l’université rivale. Mais c’est avant tout la musique qui domine ce film dont le scénario n’est pas des plus solides : les personnages secondaires, en particulier les femmes toujours aussi accessoires, sont quelque peu laissés pour compte ; quant à la mission » éducative » de l’école, que le prof de musique souligne plus d’une fois, elle passe complètement à la trappe. Drumline réussit cependant véritablement à faire vibrer les spectateurs, au sens propre et figuré.
Sans jamais le mentionner, le film est un véritable hommage aussi bien à la survivance du tambour africain comme instrument premier qu’au talent étudié des improvisations musicales, mélanges de la virtuosité du jazz et de l’énergie provocatrice du hip-hop, à moins que ce ne soit le contraire.
*Le film se déroule à l’université de Atlanta Tech, qui comme Morehouse ou Howard, a été fondée par des Noirs pour accueillir les étudiants afro-américains lorsqu’ils n’avaient pas accès aux autres universités. Ces universités, aujourd’hui ouvertes à tous, restent très majoritairement afro-américaines.Drumline (2002). Réalisé par Charles Stone III. Avec Nick Cannon (Devon), Orlando Jones (le Prof), Leonard Roberts (Sean), Zoe Saldana (Leila). Une production 20th Century Fox.///Article N° : 2887