La photo est avant tout une nécessaire illustration : souvenirs de famille, nouvelle naissance, mariage, actualité, portrait ou identité, publicité, photos de presse. Cependant, la photo en RDC n’a jamais rémunéré à sa juste valeur son artisan, le photographe. En dehors de son mythique studio, le photographe congolais est obligé de courir ça et là derrière les évènements qui font l’actualité de son pays, politiques, religieux ou musicaux.
On trouve à Kinshasa trois types de photographes : les photographes de studio, les photographes reporters et les photographes ambulants, qui sont les plus nombreux. Tous, au moins 98 %, n’utilisent que du matériel de seconde main.
S’il est plus facile pour le photographe de studio de trouver sa clientèle sur place, même s’il ne peut terminer en un jour une bobine de 24 poses, la tâche s’avère plus compliquée pour le reporter photographe, souvent obligé de couvrir une manifestation sans accréditation… Il rencontre sur son chemin des ambulants qui vendent généralement leurs photos à des prix dérisoires : ils passent au labo pour le tirage et coursent ensuite les clients pour la vente des photos.
C’est là le plus difficile. Car malgré tous ces va-et-vient derrière une clientèle hypothétique, le photographe accumule les invendues. Il n’est plus qu’un simple vendeur de photos, souvent au mépris de la vraie valeur de l’oeuvre vendue.
Il est impérieux que les photographes congolais s’ouvrent à des rencontres internationales de la profession, à l’instar de la Biennale de Bamako au Mali. Pour ce faire, l’apport de l’Etat par le truchement du ministère de la culture et des arts serait indispensable. Ceci demande à priori une certaine organisation interne, un regroupement professionnel et pourquoi pas des séminaires de formation et d’information.
La RDC connaît actuellement un déficit indéniable en communication, dû essentiellement à la qualité et non à la quantité de l’information mise à la disposition du public. Ce déficit dessert le pays. Particulièrement en cette période difficile, dûe essentiellement à la crise multiforme découlant de cette ignoble guerre d’agression de triste mémoire, une des manières de lutter pour y mettre fin serait que chaque professionnel des médias mette tout en oeuvre pour renverser la vapeur en faveur du pays. La photo est une discipline d’information, accessible à tous, vu que regarder une photo n’exige pas beaucoup d’efforts intellectuels pour comprendre le message qu’elle transmet. Elle a donc une importante capacité de mobilisation et de conscientisation.
La télé présente aussi une image, mais qui s’efface vite de la mémoire, du fait de sa mobilité. Alors qu’une photo est une image qui se laisse contempler et analyser à loisir.
C’est pourquoi, des photographes kinois, conscients du rôle informatif que constitue l’image fixe, ont décidé de créer une agence de presse photographique « N.A.P Reporters » (Nouvelle Agence Photographique des Reporters). L’idée est nouvelle en RDC. Il s’agira de suivre le pas des autres agences au service des médias dans le monde, d’autant que très souvent, les journaux et périodiques congolais paraissent sans photographies, le pays ne disposant pas d’une structure organisée pouvant mettre à leur disposition une image fixe fiable, réalisée par de vrais professionnels- un handicap véritable pour vendre à travers la photo l’image réelle de notre pays !
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