entretien de l’auteur de Poèmes sauvages et lamentations avec Cécile Dolisane Ebosse

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Cécile Dolisane : Jeanne Ngo Maï, vous êtes l’une des pionnières de la poésie féminine camerounaise. Pourquoi cet amour pour la poésie ?
Jeanne Ngo Maï : C’est quelque chose qui émane de moi, du plus profond de mes tripes et qui est inexplicable, c’est de la poésie-idée, une phrase libertine, l’inspiration personnelle, on la sent.
C.D : Vous êtes surtout connue en tant que femme de lettres alors que vous êtes femme de sciences. Comment la poésie se réconcilie-t-elle avec la science et son côté formel ?
Jeanne Ngo Maï : Il n’y a pas besoin de concilier quoi que ce soit dans la mesure où la poésie est un état lié aux circonstances de la vie. On peut écrire de belles phrases qui saisissent l’attention des gens ou des phrases moroses. La poésie ne s’apprend pas alors qu’on se met à l’école de la science, qu’on soit littéraire ou non.
C. D: la poésie étant transcendance, alors comment peut-on li donner forme ?
Jeanne Ngo Maï : la poésie est faite de  » poèmes sauvages « , c’est-à-dire qui jaillissent naturellement. Ce n’est pas une affaire d’école. La poésie dépasse le rationnel, elle est de l’ordre de l’indéfinissable. Elle va au-delà de la matière, elle n’est pas quelque chose de palpable quoiqu’on trouve la même inspiration chez les pleureuses et chez les griots.
C.D : Vous revenir sur votre recueil, nous constatons que vous l’avez édité en France sur Vélin sur fin. Avez-vous rencontré des problèmes d’édition ?
Jeanne Ngo Maï : Non il n’y a pas eu de problèmes d’édition. J’ai obtenu le deuxième prix de l’APEC, mais au Cameroun, la diffusion a été timide et réticente. Toutefois, le Cercle des Poètes a particulièrement apprécié  » Mon cœur est un monument « . Ça aurait pu avoir plus d’écho, les extraits ont été plusieurs fois lus au Centre Georges Pompidou.
C.D. Derrière la phrase libertine dont vous parliez se cache la quête de la pureté originelle, non ?
Jeanne Ngo Maï : Ce qui se cache derrière ma poésie, c’est l’Afrique ! C’est le naturel et je suis constamment habité par mon passé. Si l’on ne se souvient pas de son passé, on est fini. On ne peut être que ce qu’on a vécu. On ne peut pas changer totalement, sinon, c’est mourir !
C.D. Dans  » lamentations  » s’esquisse un certain pessimisme…
Jeanne Ngo Maï : Oui ! je suis concernée par cet événement tragique qui est au centre du poème. Il s’agit d’un fait qui a concerné ma vie. J’évoque ici le destin (la spiritualité, la résurrection). Il s’agit de la disparition de Issa, le frère d’un ami. C’est la petite histoire de ma vie. Cette mort exprime ma lutte contre un homme pour qui j’ai bâti toute ma vie, que j’avais aimé, donc à qui je faisais entièrement confiance. L’infidélité et la réaction d’une épouse abusée.
C.D. Le premier poème s’intitule  » Mon père  » suivi de  » Le village natal « 

Cécile Dolisane- Ebossè est docteur es- Lettres. Spécialiste des littératures africaines et africaines- américaines et en Women and Gender Studies, elle est assistante à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé.///Article N° : 4198

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