Et si on te disait indépendant… ?

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Texte commandé par le festival des Francophonies en limousin et présenté les 25 et 26 septembre 2010 au Théâtre Noriac de Limoges
« Nos 50 bonnes raisons… d’être en colère, de nous énerver, de prendre la parole, de dire, de raconter, de (se) montrer, d’éclater de rire, de sourire, de rencontrer, de crier… Mais surtout de croire et espérer ! » Début juin 2009, les célébrations autour du 49e anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo s’annoncent. Avant la grand-messe de l’année suivante, qui marquera le cinquantenaire, Bibish Marie-Louise Mumbu et Papy Maurice Mbwiti décident d’en fêter l’an 49, avec l’envie d’écrire et de dire, pour ceux que la démocratie a laissés de côté, pour ces générations qui n’ont connu que le chaos, le bruit des armes, les élections dévoyées, les services publics en berne… Trouver des raisons d’espérer, inventer une foi.
Les « Boulevards » sont écrits par Pitcho et interprétés par Angélique Kaba, album « Héritage 50 ans », un album pour le cinquantenaire du Congo RD mis en musique par les artistes urbains de la diaspora congolaise en Belgique avec le slogan « Juste pour mieux nous voir dans le miroir de l’histoire ».
donc :
1er boulevard, ambiance orchestre Vévé – « Nakomitunaka »
2è boulevard, ambiance Bavon Marie-Marie et l’orchestre Negro Success – « Yalimbisa Bijou »
3è boulevard, ambiance Franco et le tout puissant Ok Jazz – « Ngai oyo lia Nga »

Accueil du public avec le son « Indépendance tchatcha », lumière dans la salle.
Son plus fort, noir dans la salle et lumière sur scène, un petit pas de danse avant de s’installer sur deux cubes qui portent les chaises d’où sont dits les textes.

Son audio : Sur le Boulevard du 30 juin, de Pitcho

Bibish
Vous… Olivier, Edith… si on vous disait indépendant ?
Moi, si on me disait indépendante… ?
Hum. Ne peut-on déjà pas dire « Fête nationale » comme tout le monde ?
Oui, « Fête nationale »… ça ne tuerait personne d’en faire une vraie fête nationale.
Là déjà, il y a comme un hic à mon avis.
Ou alors « ils » revendiquent le fait qu’on n’ait pas avec eux accumulé les trahisons, les bousculades ? Fête de l’indépendance, point, barre.
Au suivant !
Et dans tout ça, si on me disait « indépendante »… ?
Premier réflexe, je répondrais : Toi-même ! Salope, imbécile, goujat, qu’est-ce que tu crois ? Ta mère !
Et seulement après, je pourrais réaliser vraiment et prendre la peine de…
C’est vrai quoi ! « Indépendante », ça ne me renvoie en premier lieu qu’à insulte, parjure, et donc besoin de répliquer, de se bagarrer.

Non, je déconne. Là, j’ai voulu faire de l’humour…
Je n’ai pas le sentiment d’être indépendante en dehors de ma famille, de mon travail et mes amis, je veux dire, le truc lié à cette date du 30 juin, « indépendante politique », voilà, eh ben c’est comme si je n’avais pas le droit de me dire ou de m’entendre dire « indépendante » sous-entendu « politique »…
Pourquoi ?
Tout bêtement parce que je ne maîtrise pas les paramètres et les implications avec cette date. Je suis une fille indépendante, autonome, libre, ma famille et mes amis ne le savent que trop bien, je me le suis prouvée à moi-même à suffisance sur le plan professionnel et financier, mais après, s’il faille me mettre sur la lignée des « gens », ceux-là, les « héros », je n’ai rien à dire. Et donc, merci d’être venus si nombreux et au revoir…
Non. Je déconne. Eh !
Franchement ? Que je dise vraiment ce que je pense ?
Cet hier-là, 30 juin 1960, ne m’appartient pas, et j’ai du mal à me l’approprier.
Et même si je voulais, je serais toujours mise à l’écart. Par les ayant-droits… Il y en a tellement ! Ceux qui sont nés en 1960, les évolués du moment ainsi que les adultes de l’époque, plus les expatriés partis en catastrophe. Ouais, je dis expatriés pour éviter de dire Belges, vous avez vu hein ? C’est à tous ces ayant-droits que je pense…
Y a qu’à voir comment ils préparent le cinquantenaire de l’indépendance de ce pays mien, l’année prochaine ? Parce qu’ils ont leurs souvenirs, dans lesquels nous ne sommes pas.
Des souvenirs sans projections, sans perche pour nous, pour le présent et encore moins pour le futur.
Une commémoration, voilà ce que c’est !

Mais se demande-t-on si les gens, en marchant, en vivant, en s’habillant, ou alors en ne travaillant pas, en ne rêvant plus, en ne se distrayant plus, ces gens donc, s’est-on demandé s’ils se sentent « indépendants », s’ils se disent « indépendants » ? Comment se sentir indépendant sans cash, disons-le…
Moi, j’ai toujours besoin d’avoir des sous dans mon sac quand je sors. Oui, et avec ça Congolaise ! Eh oui, ça existe. Même si je me fais inviter, même quand je me fais inviter, il me faut du cash à moi, qui m’appartienne, mon argent, ça fait bien dans la tête, on peut alors me dire « indépendante » même cinquante fois, j’adhère.

Mais à un type qui a bossé quatre semaines pour avoir son cash, il ne l’a pas, et on lui dit « indépendant », comment croyez-vous qu’il se sente ? S’il vous dit : toi-même, imbécile, ta mère ! Est-ce qu’il n’aurait pas dû, avec tout ce qu’il trimballe dans sa tête ?
Imaginons deux secondes l’échange… Petit scénario…
– Hé gars… Hé, je te cause, toi, « indépendant » !
– Toi-même ! Imbécile. Laisse-moi tranquille… Indépendant, indépendant…
Ou encore :
– Si on vous disait « indépendant »… ?
– Hein ? Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait… ?
Ou alors :
– Heu… vous sentez-vous « indépendant » ?
– Ah ! Laisse… La petite dernière, elle n’a pas dormi de la nuit, elle a fait de la fièvre… Si sa sœur n’était pas revenue avec un peu d’argent, je ne sais pas… Le petit avant, on l’a chassé de l’école parce qu’il n’avait pas payé ses frais, bon sa sœur, la plus grande, elle a donné de quoi couvrir les frais du petit jusqu’à la fin de l’année scolaire…
On continue ?
C’est vrai, là, j’avoue je suis de parti-pris, de mauvaise foi même, je refuse d’analyser vraiment, je ne vois qu’une certaine catégorie de personnes…
C’est que l’adrénaline monte de plus en plus.
Je commence à me mettre en colère.
Si on me disait « indépendante » ? Oui, je le suis…
Parce que je refuse d’être une foule, la masse, une statistique.
Je suis une individualité, j’ai un nom, j’existe, et mes souvenirs comme ma vie, j’ai envie de les partager, à mon niveau, avec « le sort qui fait la famille et le choix, les amis »…

Indépendants hier, oui, indépendants aujourd’hui, ce n’est pas évident, alors demain, laisse tomber !
Si j’ai réussi à percer dans leurs souvenirs sans partage, c’est parce que je suis curieuse. J’ai dû faire du forcing et montrer de l’intérêt. Si ça ne dépendait que d’eux, ça resterait une histoire de secte, rien que la leur. Heureusement qu’il y a eu Lumumba…
Lumumba au moins me donne quoi me mettre sous la dent. Un indépendant, un indépendantiste même qui se connecte à mon présent et à mon futur, qui partage son idéal et ses rêves, comme Martin Luther King, comme Mandela, comme Steve Biko, comme Thomas Sankara, des individus dont on parlera toujours au présent, même demain…

Il n’empêche… Ça devrait être « la Fête nationale » congolaise…

Je ne suis pas une foule, une masse, une statistique, je l’ai dit.
J’ai besoin de croire aux choses pour qu’elles existent, pour les maintenir en vie, même si pour certaines, je doive attendre, voire passer (pour ne pas dire trépasser), pour entrevoir des résultats, mais ça n’arrête pas pour autant ma quête, mon désir : Croire ! Parce qu’aujourd’hui m’appartient…
Hier est à eux, demain je ne serai peut-être plus là, alors aujourd’hui je témoigne, je raconte, je résiste et je crois. Je continuerai de croire d’ailleurs malgré mes doutes, mes découragements, mes insuffisances, mes échecs.
Parce que je peux me le permettre.
Parce que c’est ça l’humain… Même aux prises avec la vie… Et c’est plus que normal puisqu’on n’est pas en politique… parce qu’en politique, en tout cas la « leur », des réponses toutes prêtes existent toujours, et il n’y a pas de place pour le doute ou le questionnement, jamais…

Si on me disait « indépendante » ?
Pas besoin qu’on me le dise, je le suis, à ma manière.
C’est pour ça que je m’arrange pour retrouver à chaque pas le goût de la première fois.
Faire de chaque chose la première expérience.
Pour preuve ? Là, maintenant, c’est Moi… Bibish Marie-Louise Mumbu, la première femme qui lit ce texte, qui boit mon café, qui prend un bain, qui se laisse toucher par mon homme, qui rêve d’avoir des jumeaux, qui pianote sur ce clavier et qui vous regarde avec le sourire.

Si on me disait « indépendante », selon leur date, c’est ça que je voudrais retrouver !
Une petite vie bien à moi…
Une belle amitié, une vraie écoute…
Du cash, un salaire, des choix, des revendications, des rêves, un homme, une maison, un emploi, des frontières, des gamins, un pays, et… une fête nationale…

On a questionné Armelle, une jeune fille, qui nous a dit, elle, son sentiment sur cette indépendance du pays ainsi que sur Lumumba, notre héros national… Avec elle, on a également questionné Tshibo, jeune footballeur dans un club local qui pense qu’il y a beaucoup des colons version actuelle : les Congolais exploiteurs. Ecoutons-les !

Lancement première vidéo.

Et toi Papy, si on te disait indépendant… ?

Papy
Fallait-il écrire sur cette fameuse date du 30 JUIN ?
Fallait-il écrire pour ces héros nationaux, lesquels je ne sais pas.
Il parait même que sur cette liste déjà très sélecte vient de s’ajouter un vivant. Est-ce une manière de le précipiter vers la tombe ? Non. De toutes les façons, même si c’était le cas, il va tout droit rejoindre les siens, ceux de son époque, ceux-là pour qui on a chanté indépendance tchatcha par Kalé Jeff.
Ceux-là qui sont dans le club des pionniers de l’indépendance. Ceux-là dont l’évocation des noms renvoie à Léopoldville. Ceux-là qui l’ont revendiquée par leurs propres voix.
Qu’est qu’ils en ont fait, ceux-là qui croyaient que c’était un objet palpable. Ceux-là même qui pensent avoir été dupés par le jeu des colons.
Et si on me disait indépendant ?
Je dirais faudrait-il encore que je me sente indépendant sans le crier à corps et à cris. Sans chialer haut et fort que nous sommes une nation souveraine. En même temps qu’on se console à appeler le belge « Noko », puisque c’est de lui qu’il s’agit, le Belge…
Faut-il encore que je me sente congolais, non seulement moi mais aussi mon père, ma mère, ma grand-mère, ma femme, ma fille, mon voisin. De toutes les façons, il n’y a pas longtemps que je suis congolais. En Europe la communauté continue de m’appeler Zaïrois…
Il y a des mots et des termes qui ne se marient pas, qui ne concordent pas. À tenir hors de la portée des enfants. Des hommes et des femmes plus vieux que leur nation.
La nation congolaise ne nous contient pas tous, la mère-nation n’est pas génitrice de tout son peuple, notre histoire est récente, trop jeune peut-être mais vieillie tout de même…
Vieux na nga dans notre espérance-vie à quarante-six ans pour les hommes et de cinquante-et-un ans pour la femme, la nation mérite d’être appelée vieille par le Kinois, elle a quarante-neuf ans.
Et si on me disait indépendant ?
Je répondrais du riz thaïlandais, du poisson de Venezuela, des tomates du Brésil, des oignons péruviens, de l’eau pure canadienne, de l’huile de palme bolivienne ; du sucre de Chine, du makayabu zambien, de la farine du Zimbabwe, des rats chinois, l’aiguille à coudre taïwanaise, du Vicks chinois et des inflammations congolaises.
Et si on me disait indépendant ?
Je dirais des soldats rwandais, burundais, soudanais. Des milices ougandaises, des chars angolais, des « SIDA » importés, des viols imposés, des morts congolaises…
Et si on me disait indépendant ?
Je répondrais du coltan américain, de la cassitérite chinoise, de l’or français, du diamant belge, du cuivre japonais, du cobalt suédois, de l’uranium coréen, des dollars américains, des patrons indiens, des riches Juifs, de la pauvreté congolaise. Il y a des mots et des termes qui ne se marient pas…
Et si on me disait indépendant ?
Je dirais des magasins pakistanais, des alimentations indiennes, du chawarma libanais, des shop chinois, des ouvriers congolais, des sous-payés, des exploités travaillant dix heures par jour, enfermés dans l’entrepôt bondés d’odeurs chimiques de cosmétiques à décaper la peau, le cerveau, l’âme, mais aussi la dignité. Dix heures, oui ! De 8 à 18 heures, pissant et chiant dans un sachet noir et, oui, bien noir. Patron Mundibu, mungamba congolais. Nous sommes le 30, je gagne 30 dollars.
Le seuil de la pauvreté est de consommer au moins 1 dollar par jour, c’est ce que je fais.

Et si on me disait indépendant ?
Je répondrais du travail au noir chez soi, sans papiers, sans logement, sans hosto, sans boulot, sans métro, sans dinero, trop c’est trop !
Et si on me disait indépendant ?
Je dirais Mission des Nations-Unies au Congo, rebaptisée Monusco aujourd’hui… Lieutenant malgache, capitaine sri-lankais, major sénégalais, colonel costaricain, caporal équatorien, sergent cap-verdien. Armes russes, Kalachnikov bolchevique, armée mondiale casque bleu, casque blanc, casque jaune, casque noir, casque vert, village désert, cases brûlées, cimetières et églises profanés, sécurisation planétaire et désolation congolaise.
Et si on me disait indépendant ?
Je répondrais mina sema mumbafu weye, funga kinua, uko nani, imumbafu weye !
Et si on me disait indépendant ?
Je dirais Banque mondiale, Banque africaine de développement, Fonds monétaire international, PNUD Programme des Nations-Unies pour le développement, PNUD AIT, PMURR Programme multisectoriel d’urgence et de redressement, PPTE pays pauvre très endetté, PMU Pari mutuel urbain, plan de redressement biennal, triennal, quinquennal, cadre macroéconomique, les mécanismes de redressement sectoriel, maîtrise de l’inflation…
Et si on me disait indépendant ?
Je répondrais contrôle de la masse monétaire, injection des devises étrangères, taux d’accroissement, taux fixe, taux flottant, taux parallèle, taux officiel, taux de chômage, taux de change, déperdition de la monnaie congolaise, hausse du baril de pétrole, révision de prix du carburant, réduction de la gramme du pain victoire « kanga journée », des nouveaux trous dans la ceinture…
Et si on me disait indépendant ?
Je dirais corruption, concussion, pendaison, saucisson, assassinat, impunité, détournement à outrance, déchéance… Et si on te disait indépendant ?
Je répondrais batanga mapanda batanga pe yo ? Sia !
(Si il fallait citer les indépendants, penses-tu vraiment en faire partie ? Mon œil !)

Son audio : Sur le Boulevard du 30 juin II

Papy
Rien que des mots !

Bibish

Oui. Des mots, rien que des mots…
Je suis un plein de paradoxes.
Je suis un comportement contraire aux principes et règles éthiques qui fondent les civilisations des nations.
Je suis une classe dirigeante dépourvue de culture politique.
Je suis une élite néo-bourgeoise, affairiste, parasitaire, coupée des masses populaires, soustraite au contrôle démocratique et en quête constante de statuts particuliers et de privilèges dérogatoires au droit commun.
Je suis une célébration qui n’en est pas une…
Un bête exemple :
« On » a décrété qu’il nous fallait, pour passer la fête, trois journées de prières et de jeun, pour confesser nos fautes et pour que Dieu bénisse enfin le pays et notre cinquantenaire. Alors qu’on n’a pas les mêmes péchés…
Et souvent, « on » n’est ni gourou, ni prophète, des fois c’est juste un maire de la ville, un politicien, une épouse, une mère de famille. Alors, tous les autres « on » se précipitent dans l’organisation, y envoient qui leurs subalternes, qui leurs épouses et sœurs et concubines en espérant ainsi obtenir le pardon des nombreux péchés qui se côtoient sur le même banc : insultes publiques et meurtres, guerres et viols et vols, mensonges et kidnappings, détournements et hypocrisies, absence de droits civiques, non-respect de la vie…
Mais que dis-je ? Ce ne sont que des mots, et rien d’autre !

Comme ceux de ce jeune étudiant questionné, Guelord, il est à l’université pédagogique nationale… Que nous disait-il déjà Papy ?

Lancement de la deuxième vidéo.

Papy
Des mots, rien que des mots !

Bibish
Je suis une crise éthique.
Je suis une incapacité de réunir.
Je suis l’absence de repères moraux.
Je suis la faillite, la carence d’éducation morale individuelle et collective adéquate.
Je suis une pauvreté anthropologique.
Ce qu’ « on » devrait apprendre aux gens, à chacun de nous, c’est se sentir responsable de notre destinée ainsi que de celle de la société et du monde où nous vivons. Un constat gratuit du père Richard. Je suis la pauvreté anthropologique qui prive l’homme de la possibilité d’atteindre sa vraie maturité en le maintenant dans un état infantile. Je suis le manque d’estime et de confiance en soi-même. Je suis la propension à se dévaloriser et à se sous-estimer, à s’en remettre et à s’assujettir aux autres, en tout et pour tout.
Vous comprenez alors comment et pourquoi certains s’improvisent prêcheurs dans leurs heures, et on veut que tout le monde adhère car la prière est ce qui met tout le monde d’accord, avec bien entendu la bière et le foot.
J’essaie, mais j’ai du mal !
Je ne pense pas que le problème de ce pays soit spirituel, il est politique.
Je me sens hyper triste chaque fois que je pense à ce dernier jour de juin, et ce que je vois autour de moi ne ressemble en rien à de la joie, de l’éclatement… Oui, j’y étais ! Je suis allée dans ce boulevard Triomphal le 30 juin de cette année, plus par curiosité qu’autre chose, du patriotisme tiens, ou la certitude de partager une mémoire collective, un vécu collectif, une histoire collective, un rêve collectif, une croyance collective, un discours collectif, des ambitions collectives, des questionnements collectifs, des galères collectives…
On n’est pas de la merde. On n’est pas des riens. On n’est pas des inconnus. On est qui une famille, qui une entreprise privée, qui des intellectuels, qui des chrétiens, qui des enfants. Non, on n’est pas de la merde. On est la population d’un pays qui nous appartient tous.
Cette fois encore, je me sens triste, l’ambiance est maussade, l’atmosphère est lourde.
Si l’on pouvait mettre un haut-parleur pour écouter tout ce que les gens se disent dans leurs têtes ou dans leurs cœurs…
Boulevard Triomphal…
Cinquantenaire de l’indépendance…
Indépendance cinquantenaire…
Mensonges…
Des mots, rien que des mots !

Vivement le soir, pensent les gens. Les gens de la rue. Les patriotes curieux. Non, les curieux patriotes. Beaucoup disent que c’est la fête des autres. Des Belges. Des affairistes. Des artistes qui ont été désignés pour composer un chant, monter une saynète, faire des installations sculpturales.
Même la Saint-Valentin, comme disait Papy, fait beaucoup plus d’adhésion, d’agitation, de tapage et de préparation que ce 30 juin. Ici là, les gens sont l’expectative. Ils pensent. Ils attendent.
Qu’il se passe quelque chose.
Que le roi parle.
Que tous les héros soient comptabilisés.
Que le pardon se demande, même s’il est déjà accordé.
Que les rêves de grandeurs des pères de l’indépendance se réalisent enfin.
Hum. Des mots, rien que des mots…

Je suis un « visage crypté ».
Celui des aéroports congolais face aux policiers douaniers, celui aussi des embouteillages dans la circulation en auto face aux roulages… C’est comme un masque que j’ai appris à porter au gré des circonstances !
Je suis une langue de bois.
Je suis un rendez-vous manqué.
Je suis une exclusion.
Je suis un déficit. D’éducation civique, de culture politique et de mentalité démocratique.
Je trouve que 50 est un pluriel parlant, en nombre, en âge, en bien de choses et ce n’est pas le cas ici.
La crise congolaise ? C’est essentiellement un problème d’homme.
Regardez, on a réussi à faire du musicien et du politique une seule et même personne. Ils se disputent les mêmes femmes, s’approvisionnent en véhicules et en vêtements chez les mêmes pourvoyeurs et ont la même échelle de valeur en ce qui concerne la « réussite »…
Non. La fête n’est pas populaire, c’est pour quelques privilégiés. Sinon, il faut être badgé pour circuler… Ou alors faire comme nous, les curieux. Ah oui, il y a là, ce 30 juin, autour du boulevard Triomphal, plus de curieux et de badauds que des patriotes. Mieux vaut ça que rien du tout.
Mais que dis-je ? Rien. Ce ne sont que des mots, et pas autre chose.

Je suis un trop plein de tout, j’en ai marre je veux me vider.
Et heureusement ! Parce que j’appartiens à une race avide, affamée depuis si longtemps que la réalité ne suffit plus à me nourrir.
Il me faut encore l’impossible.
Je suis de la race de ceux que les murs n’arrêtent pas car ils leur font pousser des ailes.
Je suis la foi.
Je suis l’espérance.
Je suis le Congo.

Son audio : Sur le Boulevard du 30 juin III

Bish
Peut-on tout se dire aujourd’hui ? Tout aborder ?

Papy
Serait-ce possible de visiter toutes les pièces de la maison ? Serait-ce permis d’ouvrir tous les tiroirs du placard ? Serait-ce permis de briser les barrières ? Serait-ce légitime de parler de tout et de tous ? Serait-ce acceptable de bannir les tabous ?
Pourrons-nous enfin être responsables et non responsabilisés ? Pourrons-nous enfin assumer et assurer, enfin décider et résister ? Réfléchir sans fléchir ? Planifier et quantifier ?
Pourrons-nous enfin être capables sans être coupable ?
Pourrons-nous enfin élire sans gémir ?
Pourrons-nous enfin produire des postulats africains ?
Pourrons nous enfin négocier debout ?
Pourrons-nous enfin parler ?
J’ai appris qu’au pays de l’oncle Sam, tout dossier classé top secret ne pouvait se dévoiler à la face de la nation qu’après 70 ans. Soixante-dix ans ! Nous n’en sommes pas encore là, moi je parle de cinquante ans, c’est peut-être exceptionnel… Alors à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle…
Serait ce possible de revisiter sans broncher toutes les pages de l’histoire, du livre d’or, oui le célèbre livre volé ou dérobé, au mieux gardé par un des derniers pères de l’indépendance ?
Serait-ce possible aujourd’hui d’infirmer ou même de confirmer la blague selon laquelle le léopard aurait dérobé le carnet de recettes du menu de la gestion et de la direction de la Res publica auprès du héros national, et que si la recette n’a pas été au point à la cuisson, c’est parce qu’à la trente-deuxième page était écrit « à suivre » ?
Serait-ce possible aujourd’hui, cinquante ans après, de nous raconter à moi étudiant en agronomie de l’ISP Bukavu qui n’a pas été à la table ronde politique de Bruxelles et qui ne retient de l’événement que la célèbre chanson « indépendance tchatcha d’Africa Jazz », la réponse donnée à la problématique de la frontière avec nos voisins de l’Est ?
Pouvez-vous me raconter, à moi Gaston enseignant en 5ème année primaire à l’école publique saint Jean-Sauveur aujourd’hui rebaptisée par les élèves « Institut mal aux fesses », à cause du fait qu’ils étudient à même le sol, ce qui se racontait dans les couloirs de Bruxelles ?
Pouvez vous raconter sans ambages à Anselme, fonctionnaire et mécanicien d’aviation à l’Air Zaïre devenu LAC, lignes aériennes congolaises, impayé depuis 154 mois ce que veut dire « indépendance » ?
À Fatou, la fille de 8 ans violée à Masisi par des hommes armés jusqu’au sexe, pourrais-je expliquer ce que veut dire souveraineté nationale et internationale ?
Aurais-je le toupet d’expliquer à Nathan qui a vu son frère aîné junior tomber sous les balles des événements du 22 et 23 mars 2006 alors qu’il sortait d’école, alors que sa mère lui avait préparé du riz aux haricots, son repas préféré, alors que Benjamin son ami voisin l’attendait pour jouer au foot, alors que Gérard son père se battait comme un diable pour trouver un taxi bus qui le ramènerait à Binza /Ozone dans la commune de Ngaliema…
Svp, pourrais-je leur expliquer qu’indépendance veut dire aussi la sécurité des petits peuples et leurs biens ? Pourrais-je leur dire que ce n’était pas grave, c’était juste que l’on attendait les résultats des élections présidentielles ? Pourrais-je le leur expliquer ?

Rupture du texte, jeu de regards et improvisations avec le public…

Papy

Aujourd’hui, serait-ce possible de visiter toutes les pièces de la maison ? Serait-ce permis d’ouvrir tous les placards, faire glisser tous les tiroirs ?
Pourrons-nous parler des martyrs du 16 février 1992, de ces chrétiens morts pour avoir exigé la réouverture de la conférence nationale souveraine ?
Cinquante ans après, pourrons-nous lire toutes les phrases ? Les dires toutes ?
Serait-il possible de citer tous les noms de nos pères de la nation, de raconter leurs histoires les unes après les autres sans en tronquer une ni altérer l’autre ? Pourrons-nous parler de la tante Dona Béatrice Kimpa Vita,
Ma fille Mauricette pourrait-elle apprendre quelque chose sur elle à l’école ? Paraît-il qu’elle serait notre Jeanne d’arc, parce que moi son père, je n’en sais rien ? Pourra-t-elle appendre maintenant à l’école, les fameux discours du roi Baudouin, de Joseph Kasa-Vubu et de Patrice Lumumba, comme moi son père ai appris Le Laboureur et ses enfants d’Alphonse Daudet, Le Corbeau et le renard de la Fontaine, La Chanson de Roland ?
Pourra-t-elle les analyser à l’école de manière grammaticale, paragraphe par paragraphe, comme on a analysé La Chèvre de Monsieur Séguin…

Bibish
Laquelle, la Blanquette ou la Noiraude ?

Papy
La Blanquette…
Pourra-t-elle en extraire les mots difficiles ? Pourra-t-elle en faire des exposés et des dissertations comme moi son père j’en ai fait sur le discours de Charlemagne à Roncevaux ?
Cinquante ans après, pourrons-nous nous opposer sans nous compromettre ?
Aujourd’hui, pourrons-nous visiter toutes les pièces de la maison ? Ouvrir tous les placards, faire glisser tous les tiroirs ?
Pourrons-nous enfin savoir qu’est-ce qui s’est passé les 4, 7, 16, 17, 24, 29, parce que le 30 juin, nous le savons, enfin nous croyons savoir…
Pouvons-nous enfin lire ce qui s’est dit dans cette pirogue qui traversait les rivières, les fleuves, les océans, jusqu’à devenir ce gros bateau ?
Pouvons-nous enfin dire le mot « fête nationale » et non jour de l’indépendance ?
Pourrons-nous avoir un jour où la nation se célèbre ? Pourrons-nous rapprocher le Congo du Congolais ? Le fossé est de plus en plus grand et béant…
Serait-ce possible de dire, sans froid au dos, que le pays nous appartient tous, que la nation est nôtre, que c’est un patrimoine commun ?
C’est quoi être africain, c’est quoi être noir, c’est quoi être nationaliste ?
Que reste-t-il des soleils des indépendances ?
Que reste-t-il du lumumbisme ?
Les sonorités de Nkrumah trouvent-elles des échos aujourd’hui ?
Quelle sève contient la cuve d’africanité de Jomo Kenyatta ? Que reste-t-il de Senghor ? Quels sont aujourd’hui nos motifs de fierté ?
Est-il encore question de couleur, de race ? Comment se posent les questions d’aujourd’hui ? L’endroit du questionnement est-il au carrefour de la pensée, de nos pensées ? Nous posons-nous les mêmes questions, les bonnes questions ? Sommes-nous prêts à réécrire l’histoire, non cette fois-ci du côté des perdants mais plutôt des vivants, en pensant à la postérité et non aux survivants ?
Sans pessimisme, l’ombre s’efface, l’âme se perd, je vis une espèce d’étouffement ; les voix se perdent dans un désert sans échos, la jeunesse s’essouffle, la vieillesse précipitée gagne nos corps, je me sens vieux, la mort fait partie de mon quotidien, les bonnes nouvelles se font rares et j’en doute, car le noir éclaire mes pas, l’angoisse gagne mon âme…
Comme mon histoire de visas, avec ce policier à l’aéroport de Zaventem en Belgique qui m’a dit « vous venez un peu trop chez nous » et à qui j’ai répondu « pour travailler monsieur ! »…
Nos enfants kinois ne craignent plus l’obscurité, c’est la lumière qui les intrigue tellement elle est une denrée rare. La lumière de la vie, la lumière de la joie de se voir offrir un goûter, une boite de lait, une tranche pain, un chocolat même si c’est au pays du cacao.
Je ne voudrais pas parler de la lumière de la pensée, car pour celle-là un effort systématique, un arsenal est déployé pour l’éteindre, le broyer.

Je refuse de tomber dans un laxisme de la pensée, je refuse de nager dans cette rivière de complaisances, je célèbre une existence et non une vie, je célèbre un fait et non un acte.
Au plus profond de moi ne se déclare aucune brindille festive, au-devant de moi ne se dessine aucun mirage.
Célébrer ? Oui il le faut ! Peut-être comme interrupteur qui allumera le lampadaire de la justice, de la bonne gouvernance, de la transparence, du respect des droits de l’homme, de la re-visitation du contenu du rôle du chef.
Célébrer ? Oui… mais passez sur les rues de Kinshasa, les terrasses et célèbres ngandas sont bombées de monde, sans catégorie sociale, on s’en fout de la majoration de la bouteille de bière, car elle reste le symbole du triomphe sur une journée de survie.
Chaque bouteille de bière, chaque bière levée est un trophée de survie dans cette jungle de vie sociale, où le prix du litre de carburant grimpe tous les matins, où le gramme de pain se réduit tous les soirs.
Dans ce relâchement de l’effort de la pensée s’écoule des averses de bières, des danses, des musiques affolantes et enivrantes, des transports en commun épuisants et astreignants, des salaires maigres et inexistants, des églises affolantes et consolantes à la fois, parfois débordantes et venimeuses.
Ces nouveaux sanctuaires sont les derniers lieux qui entretiennent le rêve du possible lendemain, les bars et les églises… à la seule différence que le premier étanche la soif et le second la foi, à chaque jour suffit sa Skol ou sa Primus et à chaque jour suffit sa prière !
Cinquante ans après, pouvons-nous tout dire ?
Vite précipité dans la vie du web, alors que les défis du ventre sont de plus en plus criants…
Pourrons-nous lire toutes les phrases ? Pourrons-nous enfin nous projeter ? Pouvons-nous enfin rêver ?
Je me demande comment rêver face à un mur ? Peut-être faudrait-il le briser comme à Berlin, ce mur de l’obscurantisme, ce mur de la petitesse, ce mur de la cécité de la pensée !
Défaire celui des lamentations et bâtir celui de la célébration…
Cinquante ans après, pouvons-nous rêver ?
Pouvons-nous enfin créer sans peur de froisser les divinités ?
Aujourd’hui, pouvons-nous visiter toutes les pièces de la maison ? Ouvrir tous les placards ? Faire glisser tous les tiroirs ?

Bibish
Attends Papy… Les gens, ils vont croire que rien ne va là-bas, qu’on va tous mourir. Arrête de les faire peur ! Ça va tout le monde ?
Ce n’est pas sérieux Papy… Et demain quand même… ? Y a un peu d’espoir ?

Papy
Pour demain, la question est : à quoi je m’attends, sur quoi je me base, comment je repars, ou plutôt comment je continue, mieux comment je commence, peut-être même comment je recommence ?
Existe-t-il des motifs d’espérance, des raisons de croire ? A priori non…
Alors je les invente, je les trouve, je les inventorie, je les crie et les érige… Je les partage, je les médite et les éprouve : « Des raisons d’espérer »…
L’entreprise paraît très irréaliste, trop osée, démagogique, presque folle mais nécessaire, je dirais même vitale pour cette terre pleine de vitalité sans vie, pour ce peuple plein d’énergie mais déchargé à raz-de-sol, pour cette nation Löw bat… Je les cherche dans mes hérésies, mes imprécisions et mes doutes.
Arrive enfin la phrase que Bibish déteste…

Bibish
Oui, écoutez-moi cette phrase et dites-moi si vous la comprenez, vous…

Papy
Réfléchis par le miroir de la réalité, l’image de l’espoir me paraît non seulement imperceptible mais surtout vampirique et fantomatique…

Bibish
Alors, je vous l’avais dit hein ? Quelqu’un a compris quelque chose ?
Elle ne veut rien dire cette phrase Papy, faut la changer…

Papy
Elle est très compréhensible… Ils ont compris !
Je vais au-delà de ces montagnes de crânes ? Au-delà les odeurs de nos rues polluées, au-delà des fumées de cabris de la mort et de la vie, au-delà du pouvoir boulimique, au-delà de l’abandon, au-delà des aboiements de nos chiens errants et galeux, tantôt fous, tantôt gibier.
Je vais dans le sens du devoir, ah oui je pense qu’il faut ouvrir un couloir de naïveté, un passage fragile.
Il faut creuser un tunnel d’évasion, se frayer une porte de secours. Nager à contre-courant des principes établis. Pour ce, j’auditionne une autre musique dans celle des deuils et des promesses. J’écoute un autre vrombissement dans celui de nos vieilles carcasses de corps et d’esprit. Je filtre du Mozart dans ce Ndombolo qui couve les ras-le-bol de tout un peuple.
Je déchiffre le solfège dans le carambolage des égosillements des receveurs des taxis-bus.
Je m’émerveille au vu de ces dames de fers aux poudres blanches, qui surplombent des kimalu malu, nos métros par défaut, remplis de sacs de fufu.
Des femmes aussi téméraires et opiniâtres que Margaret Thatcher ou Angela Merkel, exécutant avec dévotion des chants aux senteurs païennes remplies de spiritualité… Ces mamans bipupulas comme on les appelle, les glaneuses des débris des farines de manioc, chantant et suant comme de vraies négresses dans les champs de canne à sucre au pays de Christophe Colomb pour la survie des leurs.
Franchement, respect mes reines, vous êtes nos héroïnes des temps modernes !
Pour ce, une seule image visite mon esprit, je vais auprès des premiers instants de la vie !
Mes raisons d’espérer, je les trouve chez les enfants. Ah oui…

Bibish
De la nouvelle naissance…
Indépendance tchatcha.
On ne vole pas l’histoire des gens, on ne prend pas la parole à leur place.
Mon nom est Brigitte, je suis née à Ngaliema Center.
Mon nom est Lionel, je suis né à l’hôpital Général Maman Yemo.
Moi, c’est Chloé, je suis née à la clinique Nganda.
Et moi Ludovic, je suis né à l’hôpital de Kintambo.
Matthieu, né à Kinshasa.
Evelyne, née à Mbandaka.
Rosie, née à Ubundu.
Daniel, né à Matadi.
Isaac est né prématurément à sept mois.
Natacha est la seule qui a survécu des triplets de maman Candie.
Les jumeaux Mbo et Mpia sont décédés trois jours après leur naissance.
Yves est né avec un surpoids qu’il faut contrôler très vite au risque de le perdre.
Je m’appelle Marie-Ange, je suis la grande sœur de Brigitte.
Je suis Mauricette et Chloé est ma petite-sœur.
On ne vole pas l’histoire des gens, on ne prend pas la parole à leur place.

Papy
Et nous, qui sommes-nous Bibish ?

Là, on se présente aux gens…
Papy dit un mot sur lui, ses enfants, ses rêves de parents…

Oui, c’est nous les parents. Oh, mes enfants font ma joie.
Ludovic, je le vois bien réussir sa vie et entreprendre tout ce que je n’ai pas pu faire, moi.

Bibish rappelle-le « Je ne suis pas une foule, une masse, une statistique… je suis une femme, épouse, je suis écrivaine, une raconteuse d’histoires, etc. »

Brigitte sera une grande dame, ça se voit à son sourire et à son regard, elle a du caractère et ce n’est plus très fréquent chez les femmes de nos jours. Elle ira loin je vous dis.

C’est quoi le Congo ?
Lequel ?
Celui d’hier, celui d’aujourd’hui, ou celui de demain ?

Bibish
En tout cas, pour moi, ce Congo-là n’est pas temporel, c’est surtout le pays des Lionel, Matthieu, Rosie, Evelyne, Natacha, Yves…
On ne vole pas l’histoire des gens, on ne prend pas la parole à leur place.

« Zaïrois dans la paix retrouvée.
Peuple uni, nous sommes Zaïrois.
En avant, fier et plein de dignité, peuple grand, peuple libre à jamais. Tricolore enflamme-nous du feu sacré, pour bâtir notre pays toujours plus beau. Autour d’un fleuve majestueux ; autour d’un fleuve majestueux. Tricolore au vent ravive l’idéal, qui nous relie aux aïeux, à nos enfants. Paix, justice et travail ; paix, justice et travail… »

On ne vole pas l’histoire des gens, on ne prend pas la parole à leur place.

On se met debout

« Debout Congolais.
Unis par le sort, unis dans l’effort pour l’indépendance. Dressons nos fronts, longtemps courbés, et pour de bon prenons le plus bel élan, dans la paix.
Ô peuple ardent, par le labeur, nous bâtirons un pays plus beau qu’avant, dans la paix.
Citoyens, entonnez l’hymne sacré de votre solidarité. Fièrement, saluez l’emblème d’or de votre souveraineté.
Congo, don béni, Congo des aïeux, Congo… Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur.
30 juin ô doux soleil, 30 juin du 30 juin, jour sacré, sois le témoin, jour sacré de l’immortel, serment de liberté que nous léguons à notre postérité. Pour toujours… »

Indépendance chacha.
On ne vole pas l’histoire des gens, on ne prend pas la parole à leur place.

Papy dit le mot de la fin de soirée sur les parents qu’il présente, car on ne peut voler l’histoire des gens ni prendre la parole à leur place.

Lancement de la troisième vidéo, celle de Maman Rose (ma maman) et Papa Arthur (grand homme de théâtre et de la scène congolaise, décédé quelques semaines avant Limoges), leur témoignage sur ce 30 juin de leur jeunesse.

Générique

Son audio « Congo Avenir » de Rochereau Tabu Ley, descente des cubes et dévoilement des photos des enfants sur les côtés de la scène et du public, retour sur la scène pour placer les différentes dates des différents gouvernements congolais depuis le 30 juin 1960 sur les drapeaux qui couvrent les cubes depuis…

Salutation au public

Fin

///Article N° : 9881

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