Événements

« La mort et l’écuyer du roi » (de Wole Soyinka)
la Compagnie Les Gueules Tapées clôture sa saison théâtrale avec la première représentation de son spectacle ainsi intitulé.

Français

La Cie Les Gueules Tapées théâtre
Sous l’égide de la Présidence de la République du Sénégal, en partenariat avec le Théâtre National Daniel Sorano et la 8ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain DAK’ART 2008, la Compagnie Les Gueules Tapées clôture sa saison théâtrale avec la première représentation de son spectacle intitulé « La mort et l’écuyer du roi ».
Cette pièce écrite par Wole SOYINKA dramaturge nigérian, prix Nobel de littérature, est montée par la Compagnie Les Gueules tapées du Sénégal en coproduction avec La Compagnie Bivelas du Congo Brazzaville et la Compagnie Graines de Soleil de France dans une mise en scène de Macodou MBENGUE figure emblématique du théâtre sénégalais.
Cette grande première qui sera représentée le mercredi 14 mai 2008 à 21h au Théâtre National Daniel Sorano dans le cadre de la Biennale verra la participation de pléthore de comédiens sénégalais et congolais dans ce qui caractérise le théâtre africain : la danse, la musique le chant.
À cette occasion, la presse nationale et internationale est conviée à la conférence qui sera organisée le jeudi 08 mai à 11 h au Centre Culturel Blaise Senghor.


Invitation


Le Directeur et les membres de la Compagnie « Les Gueules Tapées » en partenariat avec le théâtre National Daniel Sorano et la Biennale de l’art africain contemporain DAK’ART 2008





vous invitent à la première du spectacle théâtral « La mort et l’écuyer du roi » de Wole SOYINKA


Le mercredi 14 mai 2008 à 21h


Au Théâtre National Daniel Sorano

Mise en scène Macodou MBENGUE





Sous l’égide de la Présidence de la République du Sénégal

La Compagnie Les Gueules Tapées [Sénégal]

La Cie Graines de Soleil [France]

et La Cie Bivelas [Congo Brazza]


PRESENTENT

La mort et l’écuyer du roi
de Wolé Soyinka



Mise en scène Macodou MBENGUE



La Mort et l’écuyer du Roi



Coproduction
Cie les Gueules Tapées (Sénégal)
La Cie Graine de Soleil (France)
Cie Bivelas (Congo Brazza)


Mise en scène Macodou MBENGUE
Assistant mise en scène George Diatta
Costumes/ Scénographie Maïmouna DIOP
Décor Pape Sy
Régie lumière Tidiane Mballo
Administration Thiaba Lô



Les Artistes interpretes
Pierre Claver Mabiala
Ghislain Zinga
Anne-Marie Doliveira
Anta Traoré
Roger Sambou
Ibrahima Mbaye sopé
Sékou LÔ
Ousseynou Bissichi
Gniélé Diarra (danseuse)
Fatou Samb (danseuse)
Fatou Dramé (danseuse) Mohamed Camara (Musicien)


Intention de mise en scène

Sur scène des artistes comédiens, musiciens, danseurs, chanteurs. Le travail va se concentrer autour du mélange des genres et des espaces.

Melange de compagnies : Basé un projet triangulaire, trois compagnies mettent ensemble leurs comédiens, leurs metteurs en scène, leurs équipe pour monter une pièce qui pourra être vu en intégrale ou en trois épisodes

Melange des genres : Plus qu’une pièce de théâtre La mort et l’écuyer du roi est pour nous un hymne à l’art total où le texte est aussi important que le corps, où la précision technique est aussi importante que l’improvisation.

Première phase : Travailler le texte au corps comme une matière concrète et à rendre concrète. Confronter les comédiens au texte et à l’espace nu.

Deuxième phase : Une large recherche sera également mise en place concernant le son et la musique. D’un côté nous rechercherons les instruments et les chants traditionnels de certaines cultures africaines Le but recherché est ici le même avec l’idée de faire du son et de la musique des partenaires de jeu à part entière et de rechercher les complémentarités entre l’espace scénique et le jeu des artistes. Des objets de jeu pour les comédiens que nous appellerons « objets sonores » seront disposés dans le décor, parfois cachés et les comédiens pourront les utiliser. Ces objets leur permettront de renforcer leurs personnages, de les rendre parfois magiques, mystérieux et même dangereux.

Résume de la pièce

Trente jours après la mort du roi, son écuyer, son cheval et son chien doivent être sacrifiés pour guider le souverain au royaume des morts. Ce sacrifice assurera la continuité entre le monde des vivants et celui des morts. L’histoire, tirée d’un fait réel, se déroule en 1946 au Nigéria, sous domination britannique. Le pouvoir colonial est décidé à s’opposer à la mort d’Elesin, l’Ecuyer. Il devient alors l’enjeu de deux communautés qui se dévoilent, se mesurent. Loin de se réduire à un banal conflit de cultures entre tradition et modernité, Blanc et Noirs, cette pièce nous initie aux mystères du rituel et de la métaphysique yoruba.

ACTE 1

Elesin, écuyer du roi doit mourir cette nuit avec le chien et le cheval du Roi, mort depuis un mois. C’est sur le chemin du marché qu’il chante et accepte son sort en compagnie de son ami le Griot. Sa position dans la société fait de lui un demi-dieu et tout lui est permis. Il peut prendre ce qu’il veut, décider ce qu’il veut. Il croise la future belle-fille d’Iyaloja, cheftaine du marché, et décide de l’épouser pour son dernier jour sur terre.

ACTE 2

Pilkings, administrateur colonial se prépare avec sa femme au bal donné en l’honneur de la venue du Prince de Galles. Amusa, chef de la police vient le prévenir qu’Elesin compte mettre fin à ses jours selon la coutume du pays.

Pilkings n’accorde pas grande importance à cet événement et ne voulant pas rater le bal, remet à plus tard ce problème en envoyant l’ordre d’arrêter Elesin.

ACTE 3

Amusa et ses hommes viennent arrêter Elesin qui est en pleine nuit de noces. Insultés et molestés par les femmes du marchés, ils repartent humiliés et bredouilles.

Elesin sort alors de sa case de noces et entre dans une transe qui l’emporte petit à petit vers la mort.

ACTE 4

Alors que le bal en l’honneur du Prince bat son plein, Pilkings doit tout abandonner pour aller arrêter Elesin sur ordre du Gouverneur. Pendant son absence, Olunde, fils d’Elesin parti pour faire ses études en Angleterre grâce à Pilkings, revient pour enterrer son père. Dans un échange avec Jane, il tente de lui expliquer pourquoi ce serait un désastre si Elesin ne mourait pas cette nuit. Les choses se précipitent lorsque Pilkings revient avec Elesin enchaîné…et vivant.

ACTE 5

Elesin est en prison et désespère d’être encore en vie. Arrivent Iyaloja et les femmes du marché qui l’accablent et le couvrent de la honte d’avoir déshonoré son peuple. Olunde, son fils aîné, se sacrifie pour l’honneur de la famille. A la vue de son corps, Elesin se donne la mort. La pièce se termine sur l’hymne funèbre des femmes.



Extrait de texte

JANE – Alors vous devez savoir ce que mon mari est entrain d’essayer de faire pour vous.

OLUNDE – Pour moi ?

JANE – Pour vous. Pour votre peuple. Et dire qu’il ne savait même pas que vous rentriez ! Mais comment se fait-il que vous soyez là ? Ce soir même, nous parlions de vous. Nous vous croyions encore à 7000 kilomètres d’ici.

OLUNDE – On m’a envoyé un télégramme.

JANE – Un télégramme ? Qui ça ? Simon ? L’affaire concernant votre père n’a commencé que ce soir.

OLUNDE – Un parent me l’a envoyé il y a quelques semaines, et il ne disait rien au sujet de mon père. Tout ce qu’il disait était : « Notre Roi est mort. » Mais j’ai compris qu’il fallait que je rentre au pays tout de suite afin d’enterrer mon père. J’ai compris cela.

JANE – Eh bien, grâce à Dieu, vous n’aurez pas à subir ce supplice. Simon va tout arrêter.

OLUNDE – C’est pour cela que je veux le voir. Il perd son temps. Et comme il m’a tant aidé, je ne veux pas qu’il encoure la haine de notre peuple. Surtout pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine.

JANE – (S’assied, bouche bée.) Vous…vous, Olunde !

OLUNDE – Madame Pilkings, je suis rentré pour enterrer mon père. Dés que j’ai appris la nouvelle, j’ai réservé mon passage pour le retour. En fait, nous avons eu de la chance. Nous avons voyagé dans le même convoi que votre Prince, aussi disposions nous d’une excellente protection.

JANE – Mais ne croyez-vous pas que votre père a aussi le droit à toute la protection dont il peut disposer ?

OLUNDE – Comment puis-je vous faire comprendre ? Il est protégé. Personne ne peut entreprendre ce qu’il fait ce soir sans la plus profonde protection que l’esprit puisse concevoir. Que pouvez-vous lui offrir à la place de sa tranquillité d’esprit, à la place de la l’honneur et de la vénération de son peuple ? Que penseriez-vous de votre Prince s’il avait refusé de risquer sa vie au cours de ce voyage ? Cette tournée dans les colonies ? Ces manifestations patriotiques autour du drapeau ?

JANE – Je vois. Alors vous n’avez pas fait qu’étudier la médecine en Angleterre ?

OLUNDE – Voici encore une autre erreur que commettent les gens de votre people. Vous croyez que tout ce qui semble sensé nous l’avons appris de vous.

JANE – Pas si vite Olunde. Vous avez appris à argumenter, cela je le vois, mais je n’ai jamais dit que vous disiez des choses sensées. Quelque habileté que vous mettiez à la présenter, cela n’en reste pas moins une coutume barbare. C’est même pire, c’est féodal. Le roi meurt et un chef de clan doit être enterré avec lui. Comment pouvez-vous devenir partisan d’un système féodal ?

L’auteur : Wole Soyinka
« Les livres et toutes les formes d’écriture ont toujours été des objets de terreur pour ceux qui cherchent à éradiquer la vérité. » W. S.

Oluwole Akinwande Soyinka naît le 13 juillet 1934 à Abeokuta, au sud-ouest du Nigeria, d’un père Directeur d’école et d’une mère commerçante. En 1940, il entre à l’école primaire à Abeokuta, puis poursuit ses études secondaires au Gouvernement Collège de Ibadan jusqu’en 1952. Après un court passage au University Collège à Ibadan, il s’envole pour l’Université de Leeds au Royaume-Uni, ou il étudiera la littérature anglaise jusqu’en 1957.

Il retourne au Nigeria en 1960, et crée la troupe de théâtre « 1960 Masks », puis 4 années plus tard, le « Orisun Theatre Company ». Durant toute cette période, Soyinka écrit des pièces de théâtre pour la radio et la télévision, et dirige lui-même ses acteurs dans les salles de spectacle. Ses pièces, fortement inspirées de l’imaginaire culturel Yoruba, lui permettent de critiquer à la fois le néocolonialisme rampant et les dictatures africaines émergentes, à partir d’un prisme culturel africain. Il enseigne aussi entre temps au département d’anglais de l’Université de Ife, puis, plus tard, à l’Université de Lagos et à celle d’Ibadan.

En 1965, il publie son premier roman, « Les interprètes », œuvre majeure et remarquée qui se centre sur l’interprétation que des jeunes intellectuels nigérians font de la réalité socio-politique de leur pays. En 1967, accusé de conspirer avec les sécessionnistes biafrais, il est emprisonné par le pouvoir dictatorial nigérian. S’en suivent deux années de détention, dans des conditions extrêmement difficiles, deux années douloureuses qu’il relatera dans son livre « Cet homme est mort », publié en 1972.

Il s’exile alors jusqu’en 1975, date à laquelle le Général Gowon est déposé par un coup d’Etat. Son exil l’aura notamment mené au Royaume-Uni où il obtiendra un doctorat honoraire à l’Université de Leeds, puis à Acccra au Ghana. Il en aura profité pour publier quelques unes de ses meilleures œuvres, telles que « Une saison d’anomie » et « La mort et l’écuyer du Roi » entre autres. De retour dans son pays, Soyinka devient professeur à l’Université de Ife, et il publie en 1976 l’une de ses œuvres la plus importante, une impressionnante collection d’essais intitulée « Mythe, Littérature, et le Monde Africain ». Cinq ans plus tard, il rédigera ses mémoires d’enfance dans « Aké, les années d’enfance », où il parlera de l’éducation qu’il a reçue, et de cette mythologie Yoruba qui inspirera toute son œuvre.

En 1986, vient la consécration dans sa longue et riche carrière de dramaturge, poète, essayiste et romancier : Wole Soyinka devient le premier africain à obtenir le prix Nobel de littérature, et il dédiera son discours d’acceptation du prix à Nelson Mandela, encore au fond de sa cellule à cette époque.

« Je ne suis pas un écrivain méthodique. Je suis de ceux dont j’ai ouï dire qu’ils se lèvent le matin, mettent une feuille de papier dans leur machine à écrire et se mettent à taper. Cela je ne l’ai jamais compris. Je peux écrire des jours et des jours sans vouloir faire quoi que ce soit d’autre. Et à d’autres moments réfléchir. Je considère que le processus de gestation est aussi important que celui où vous vous asseyez effectivement pour agencer les mots. »
Partager :