Exacerbation des racismes

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Véritable creuset d’immigrants, New York regorge de populations originaires du Proche et Moyen-Orient, ainsi que d’Afrique du Nord. Au commun de la masse new yorkaise néanmoins, rien ne les distingue. Teint basané, turbans, accent chantant, barbes, résonance du nom : autant d’éléments classés sous l’étiquette simpliste « d’Arabes ».
Ce 11 septembre, ces différents groupes sont tristement devenus à certains endroits les boucs émissaires d’une Amérique blessée et vengeresse. A New York, où 9 chauffeurs de taxi sur 10 sont Pakistanais, Indiens ou Africains, des agressions à l’encontre de ces derniers ont été enregistrées dans les heures qui ont suivi l’attentat des Twin Towers. Cibles faciles, les taxis jaunes attirèrent la colère des plus lâches, mais aussi des plus ignorants.
« Pauvres Indiens, ils ne sont pas même musulmans ! » déplore Egemen Bagis, Président d’une association de musulmans, dans un quartier à forte population turque à Brooklyn. A moi, il ne dévoile qu’à mots couverts les menaces dont l’association et sa mosquée ont fait l’objet depuis l’attentat. Mais comme de nombreuses autres à New York et dans l’ensemble du pays, elle n’a pas été épargnée : insultes de passants, crachats aux portes de la mosquée et plus grave, menaces anonymes par téléphone.
Dans le métro, les turbans sikhs qui étaient si visibles avant les événements ont mystérieusement presque tous disparus. Certains, comme on me l’a rapporté, tentent vainement de les dissimuler sous un chapeau ou une casquette, mais le subterfuge est peu habile. Pris pour des adeptes du suspect numéro un, Osama Bin Laden, à cause du port du turban, les Sikhs ne sont pourtant ni Arabes ni musulmans. Une ignorance aux conséquences tragiques, quand elle cause la mort du propriétaire d’une station essence en Arizona : Balbir Singh Sodhi, 49 ans, assassiné de trois balles, quatre jours après les attentats de la Côte Est.

///Article N° : 49

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