Laurent Chevallier entretient avec la Guinée un double lien d’importance : sa famille guinéenne par sa femme et la musique qu’il aborde dès ses débuts de documentariste avec Mamady Keïta dans Djembefola (1992) et poursuit avec Momo Wandel Soumah dans Momo le doyen (2006). Proche du jazziste, Chevallier a soutenu la constitution d’un nouveau groupe d’afro-jazz composé des anciens musiciens de Momo Wandel et de plus jeunes, Fölifö. Leur venue à Marciac est l’occasion pour le groupe Fölifö de rencontrer une classe d’initiation au jazz du collège et pour Chevallier d’entamer un nouveau travail documentaire sur une relation qui se poursuivra quatre mois plus tard à leur retour à Marciac pour une soirée hommage à Wendel puis par la venue d’un groupe d’élèves à Conakry. Ce sont ces rencontres et cette première expérience africaine que capte ici Chevallier.
Menacé de fermeture, le collège de Marciac a survécu en créant un section musique. Une pédagogie active permet aux élèves une approche concrète de la musique. Les Fölifö leur expliquent leurs instruments et entraînent la classe sur un rythme endiablé. Ce sont ces moments d’émotion que sait capter Laurent Chevallier, dans l’enceinte de l’école ou sur la scène où les élèves se joignent au groupe pour jouer ensemble. Il prend le temps de nous laisser goûter la musique, attentif aux échanges entre musiciens et élèves, et de savourer l’enthousiasme du public. Le lien est alors naturel entre l’écoute de l’Autre lors des classes et des répétitions et la réussite sur scène. Respirations régulières, les élèves sont interviewés face caméra et ponctuent ainsi de leurs impressions et réactions les péripéties de leur aventure avec Fölifö. Certains sont d’une impressionnante maturité tandis que leur plongée dans la réalité guinéenne ne lasse pas de les étonner. Cette découverte d’un nouveau monde, le travail intense des répétitions, la visite à la famille de Wendel et leur confrontation à ce que vivent les jeunes de leur âge prépare émotionnellement l’apothéose du concert à Conakry.
Ces montées d’adrénaline savamment introduites par des détails et anecdotes du quotidien faisaient déjà la trame de Circus Baobab : dans la simplicité se construit un partage et une fraternité qui accouchent d’une belle créativité. Le message n’est pas plus complexe et nous ne saurons pas grand chose de plus de ces musiciens ni même de ces élèves en dehors de quelques réactions bien triées pour leur valeur emblématique. Mais à quoi bon se casser la tête, n’est-ce pas, puisque la musique réunit les curs ?
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