Foyer de jeunesse Protestant d’Akwa

Le Jeudi Théâtre prend des vacances

Douala-Cameroun
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Le jeudi 11 juillet à près de 20 h 30 passés, des lèvres de l’animateur de la soirée, Théodore Kayesse, sous l’œil plus qu’ému de Dovie Kendo, la coordinatrice de ce programme qui a enchanté le long de cette année les amoureux de spectacles théâtraux de la ville, le Jeudi Théâtre prenait officiellement congé pour deux mois. L’ouverture de la saison prochaine est prévue pour le mois d’octobre avec de nombreuses innovations pour cette salle à l’envergure grandissante. Celle-ci se transformera l’année prochaine en vastes champs de festivals et de spectacles.
Le regain d’intérêt éprouvé par les hommes de théâtre est évidemment dû au travail effectué par Dovie Kendo pour revaloriser et faire perdurer, dans ces lieux, un art en perte de vitesse du fait même de l’inintérêt ou du manque d’information des foules de la ville économique sur cette manifestation culturelle si nécessaire à l’expression artistique et sociale. On comprend donc les larmes de Dovie Kendo, au moment d’entériner la fin de cette saison théâtrale qui lui aura apporté plus d’une raison de raison de fierté et d’espoir en de lendemains chantants.
Cet espoir est aussi symbolisé par la pièce  » Tout est Mystère  » d’Eric Delphun retenue pour clore la soirée. Eric delphun, ce jeune comédien talentueux formé dans les murs voisins, plutôt mitoyens devrions-nous dire de la MJC et dont le parchemin de fin de formation artistique lui sera remis le 19 de ce mois par le coordinateur de la M.JC. Didier Nyoumi.
Une mission bien remplie donc pour le Jeudi Théâtre qui aura certainement à cœur de produire l’année prochaine, de plus en plus de spectacles de qualité et de drainer de plus en plus de spectateurs dans ses murs sans lesquels, beaucoup d’événements ayant une forte portée culturelle et sociale risquerait de passer inaperçue et de demeurer sans impact probant sur la société.
Clôture de la saison théâtrale au FJP d’Akwa
Eric Delphun et les mystères de la vie
L’existence a encore pour les êtres humains des côtés obscurs dont ils n’épuiseront peut-être jamais les nombreuses significations. Eric Delphun, ce jeune dramaturge n’a pas fini de s’interroger sur ceux-ci avec sa pièce théâtrale  » Tout est Mystère « .

Un lointain roulement de tam-tam, comme en écho ; une scène plongée dans le noir ou… l’obscur puis, une sorte de paravent de tissu symbolisant peut-être la matrice universelle d’où sortira, surgira plutôt la naissance d’un être… d’un être humain masqué sobrement vêtu ou plutôt essentiellement vêtu d’un cache-sexe. Et la scène est lancée tout comme le ton est donné, celui qui mène au début des interrogations de Eric Delphun, dans un one man show viril qui mêle parole et recherche gestuelle plastique, celui qui mènera à la fin de ce spectacle ponctué, rythmé par les interrogations existentielles du jeune comédien.
Et la gestuelle dans tout ça ? Tantôt contorsions mécaniques, tantôt zen, tantôt Bouddha, tantôt pose de sage africain mais toujours de fortes significations tirées de ce corps de jeune athlète du jeu théâtral préparé à l’épanchement, au déploiement de cette narration théâtrale.
Et la parole alors ? Une voix caverneuse s’alliant au mystère des rivages mystérieux seulement abordés, flairés ; une voix qui à l’occasion s’abandonne à la douleur de la souffrance, souffrance jamais comprise ni épuisée de l’étant humain.
Et le poids, la signification des mots ? Entre autres, sida et pédophilie sont évoqués ; religions et leurs princes maléfiques sont interpellés, naissance, vie et mort sont étiquetés ; c’est que la douleur et la souffrance humaine révolte le jeune esprit : « j’avais crû que cette terre dansait – j’avais cru que cette terre chantait « , mais malheureusement le malheur n’est jamais loin. Il régit même la majorité des activités et des états physiologiques et psychiques des êtres humains.
Un regard pessimiste sur la condition humaine qui en appelle naturellement, (le poète se voulant optimiste) à la fondation ou peut-être même à la re-création d’un monde sain et vierge  » où il n’y aura pas de souffrance – où l’esprit ne dégénérera plus ! « .
La pièce s’achève sur cette image prémonitoire où le comédien en retirant la dernière partie de son costume du monde (ne gardant qu’un bout de son cache-sexe), semble vouloir se dépouiller de tous les attributs de cette terre si sujette à la souffrance pour un retour à la matrice originelle ; un retour préfigurant certainement une nouvelle venue au monde non plus dans celui-ci où la souffrance et le malheur ont élu domicile mais dans celui idyllique qu’il appelle de tous ses vœux.

///Article N° : 2376


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