Oliver Schmitz n’est pas un inconnu : Mapantsula, réalisé avec Thomas Mogatlane, avait été un des seuls films critiques qui ait pu tromper les censeurs de l’apartheid. Jo’burg Stories levait un voile passionnant sur les évolutions actuelles de Johannesburg. Sur un mode qui rappelle le cinéma new jack américain, Hijack Stories s’attaque à la fascination pour le ghetto et les dérives d’une jeunesse déçue par la lenteur des réformes sociales dans la nouvelle Afrique du Sud. Sox est présentateur télé. Fiancé à une jeune fille blanche, il habite les beaux quartiers. Il cherche à obtenir un rôle de gangster et retourne dans le Soweto de son enfance pour y puiser de quoi être sélectionné. On l’y appelle « Monsieur Nation arc-en-ciel » et il devra suivre les épreuves d’une initiation qui l’entraîne à prendre de plus en plus de risques, y compris d’y perdre la vie. Car entrer dans le monde des Noirs révoltés du ghetto exigera de lui de se confronter à la vacuité de ses valeurs et opérer une véritable quête identitaire. Structuré en séquences annoncées par des encarts aux titres de roman, le film s’attaque à une certaine vision rassurante de l’Afrique du Sud. « Merde à l’harmonie raciale », dira-t-on à Monsieur Nation Arc-en-ciel. La question des frontières traverse tout le film : « Si tu veux savoir, il faut vivre comme nous », dira la belle Grace au Noir middle-class branché. Le film joue sur la fascination exercée par le ghetto, orchestre de savoureuses séances de vols de voiture et de poursuites, mais ne tombe jamais dans la facilité. Ce n’est pas sa moindre qualité.
95 mn, anglais/zoulou/zoutou, images : Michel Amathieu, prod. Septième prod. Paris / Schlemmer Film Cologne, distr. Océan Films, avec Tony Kgoroge (Sox), Rapulana Seiphemo (Zama), Moshidi Motshegwa (Grace), Percy Matsemela (Fly), Sortie France le 4 juillet.///Article N° : 1912