In the name of love Africa celebrates U2

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Je ne risque pas trop de me tromper en écrivant que c’est la première fois que des musiciens africains, « au nom de l’amour » se réunissent pour rendre hommage à un groupe de rock européen. Outre le fait que U2 n’est pas le pire dans le genre, l’activisme hypermédiatisé de son chanteur Paul Hewson (alias Bono) en faveur de l’Afrique n’est sans doute pas étranger à la démarche qui aura mené à cette compilation.
Autrement dit, si je me permets de dire un peu de mal de ce cd, je sais d’avance que je risque une volée de bois vert…
Je n’ai pourtant pas envie d’en dire trop de bien, même si à mon avis, d’un point de vue strictement musical, le meilleur y côtoie l’horreur ! Question de goût, peut-être… donc parlons surtout du meilleur…
Très convaincantes sont les reprises de « Desire » et de « Seconds » par de jeunes allumés de Liberia et de Sierra Leone.
Assez décevante (à cause de l’extrême médiocrité des arrangements instrumentaux) est la version de « Where The Streets Have No Name » par Tony Allen. Dommage.
Fabuleuse est la reprise de « Bullet The Blue Sky » par Vieux Farka Touré, et assez médiocre « Sunday Bloody Sunday » par Ba Cissoko.
Sans surprise mais impressionnante est la version gospel de « Pride » par le Soweto Gospel Choir. Sur « One », Keziah Jones improvise comme d’habitude (bien mais sans trop fatiguer son imagination).
Les Nubians font leur petit numéro habituel, gracieux mais un peu longuet, sur « With or Without You ».
Quant à l’Angolais Waldemar Bastos, ses bêlements sur « Love Is Blindness » nous laissent indécis, car tour à tour ridicules et sublimes.
C’est avec Cheikh Lô que soudain l’étrange projet qui a donné naissance à ce cd commence à prendre tout son sens : accompagné par une rythmique aussi discrète que frénétique et omniprésente, au cœur d’un tourbillon de tambours, le filleul de Youssou N’Dour transfigure l’une des pires chansons de U2 (« I’Still Haven’t Found What I’m Looking For », constat d’échec définitif) et la métamorphose en une formidable « ballade mbalax », qui est comme qui dirait le seul morceau ostensiblement « africain » de ce disque !
Puis le Sud-africain Yusi Mahlasela – qui ne manque pas de talent par ailleurs – se vautre ici dans une imitation pitoyable et servile de Bono – j’avais oublié ce qu’est la « sous-soul »…
Finalement la seule qui tire son épingle du jeu, c’est Angélique Kidjo.
Elle n’a besoin pour cela que de sa voix, de sa langue et de sa grande culture musicale. Son interprétation de « Mysterious Ways », ne fût-ce que par la subtilité de son accompagnement rythmique, est infiniment supérieure à celle de U2. Alors pourquoi ce disque ?
Existe-t-il une seule chanson de U2 qui mérite d’être retenue, dans sa version originale ? Tant pis si je me trompe, mais j’ai écouté tous leurs disques dès le début, je les ai tous revendus ou même jetés depuis l’excellent « Achtung Baby » (1991) et je pense qu’il y a une part de mystification dans la persistance de leur succès mondial.
Bono et les siens sont des gens très sympathiques, il est vrai…
Et ils aiment l’Afrique, c’est sûr. L’Afrique le leur rend, c’est bien.
Mais sont-ils vraiment des musiciens ? Et qui osera dire que ce cd est à l’évidence, musicalement parlant, le meilleur de U2 ?

In the name of love Africa celebrates U2 (Shout Factory / Wrasse Records)///Article N° : 7941

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