Justine Gaga

Sortir de la grande et silencieuse solitude

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Si [Kaddu Jigeen] – Parole aux Femmes entend se faire « l’écho de la voix des plasticiennes d’Afrique et de la diaspora dont les œuvres mettent en image, et en forme, un vécu ainsi qu’un ressenti féminin », Justine Gaga révèle une parole transgenre, celle des êtres en détresse qu’elle rencontre : hommes, femmes et foules esseulés.
Ses thématiques sont postcoloniales, postmodernes, modernistes, féministes, humanistes, africaines, occidentales ; peu importe en réalité, car Justine Gaga déteste les étiquettes. Et de façon assez générale, ses recherches ne questionnent pas les dichotomies homme/femme et évitent la modélisation d’identités masculines ou féminines. Justine Gaga ne crée pas pour exhiber sa féminité. […] Indépendante et émancipée, elle signe d’ailleurs ses œuvres d’un  » GAGA  » asexué, énigmatique qui, tel son personnage fantomatique ni homme, ni femme, la représente un peu elle-même.
En tant que revendication à la neutralité sexuelle, et affirmation d’une humanité sans genre, la silhouette noire ou blanche qu’elle a créée, habite ses installations et peintures. Un être humain, sans aucun doute, mais juste un long corps, un long tronc en fait, et une tête sans trait, géométrique, équilibrée. Un personnage visuellement très fort, dont l’identité est pourtant gommée. Un être sans terre, sans origine, ni nationalité. La créatrice ne définit jamais rien, ni personne. Un être qui « semble perpétuellement en situation, entre deux univers, dans un passage, en transition entre là-bas et ici, ici et ailleurs. On ne sait en effet pas s’il vient ou s’en va, s’il glisse, flotte ou marche  » nous intimait son mentor Goddy Leye (1965-2011). Depuis 2004, son personnage est partout, sur les murs de ses lieux de passages, les arbres et la toile. Justine Gaga en a fait un être nomade, déraciné, exilé, d’une immense complexité émotionnelle, noyé dans une foule urbaine dont on s’extrait difficilement.

///Article N° : 10387

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