La musique de Douala (Cameroun) est en perte de vitesse à l’étranger, mais sa santé n’est pas en discussion, car le genre est toujours florissant au pays. Auteur-compositeur très en vogue à l’époque resplendissante des eighties, Ben Decca demeure incontournable quand il s’agit de dresser la liste des bonnes références du makossa. Cet album le prouve, qui – « grand cru classé » (vol. 1), comme on peut lire sur la pochette – est à la hauteur des meilleures productions. Avec un tempo syncopé résultant des entrelacs serrés de la guitare rythmique avec la basse (qui donnent une gestuelle de la danse mimant les diverses postures de la faune forestière…) et les voix antiphonales dans le jeu soliste-choeur, le makossa présente des paramètres musicaux encore plus typiquement africains que ceux qui sont propres à la rumba congolaise. Cela explique son rayonnement extra-continental près de toute la diaspora (aux States, en France…) mais aussi un ostracisme dans le milieu international du show-biz, probablement dû à une sorte de néfaste cérébralisme qui ne permet pas aux Européens d’apprécier à fond la liaison constante entre plaisir et beauté dans la musique africaine.
Kod’a mboa, de Ben Decca (Sonodisc)///Article N° : 488