Alors que résonnent encore les accords des guitares flamenca qui animèrent le festival des Villes des musiques du monde à l’automne passé, les artistes s’invitent dans les écoles de Seine-Saint-Denis. De janvier à mai, la Cité des Marmots permet à 440 élèves de s’initier au répertoire des musiques populaires méditerranéennes.
Proposer l’Andalousie aux marmots c’est convoquer l’esprit d’Al-Andalus, version poétisée et imaginaire d’une lointaine époque où les trois grands monothéismes coexistèrent sans trop de heurts. « C’est évoquer cette période perdue mais aussi travailler sur une Andalousie à construire, à rêver, tout en abordant aussi une Andalousie réelle et présente« , commente Kamel Dafri, le directeur du festival Villes des musiques du Monde. Rassegna, le groupe parrain de la 16e’édition, est un symbole de cette Andalousie rêvée. Tous ses membres viennent de différents endroits du bassin méditerranéen et, ensemble, ils proposent un répertoire tiré des traditions locales.
Sous la houlette de ces musiciens des artistes interviennent dans les classes. Lors d’ateliers, ils apprennent aux élèves de CM1 et CM2 huit chants en langues turque, arabe, ladino, espagnole, corse et grecque. Les marmots monteront sur scène pour les interpréter aux côtés de la Rassegna lors du spectacle qui clôturera l’aventure, les 11 et 12 mai prochains à Aubervilliers.
L’apprentissage et l’éveil musical se doublent d’un parcours pédagogique assuré par les enseignants. À travers l’histoire et la géographie ceux-ci soulignent l’importance du dialogue interculturel. L’Éducation nationale est partenaire du projet depuis 2008. « L’éducation populaire a toujours été au cur du festival, explique Kamel Dafri, mais alors que nous travaillions au début sur le temps périscolaire, nous trouvions important d’inclure l’école dans la démarche. Cela permet d’impliquer les enfants de façon continue, les enseignants nous donnent des échos positifs, des élèves qui décrochent se remettent en selle, reprennent confiance. On souhaite planter des graines pour garder un lien avec ces enfants, et ainsi ramener un public [au festival]que nous n’aurions pas autrement. »
Enfants et parents
C’est pour cela que le parcours au sein des classes s’accompagne depuis cette année d’activités favorisant l’implication des familles. Des mezze musicaux seront organisés en avril. Durant ces temps de rencontre les parents sont invités à venir partager un plat de leur Méditerranée et échanger autour des chansons apprises par leurs enfants. Les élèves qui ne participent pas au projet peuvent également y jeter une oreille grâce à un jeu de plateau spécialement conçu pour l’occasion et mis à disposition des écoles.
Avec la cité des marmots le festival des Villes des musiques du Monde s’inscrit un peu plus dans le maillage de la cité. Sans exotisme, il s’agit pour les organisateurs de cultiver dès le plus jeune âge la curiosité, et d’offrir un projet culturel artistique et éducatif solide.
Pour Kamel Dafri, enfin, l’ancrage territorial du projet est essentiel. « En Seine-Saint-Denis, marquée par la diversité et qui compte beaucoup de primo-arrivants, on est rattrapés par la réalité et la nécessité de faire monde et d’impliquer tous ces publics. Avec la Cité des Marmots nous voulons nourrir un projet de civilisation basé sur la connaissance de l’autre et non pas sur la peur« .
Plus d’info : www.villesdesmusiquesdumonde.com////Article N° : 13479