En sortie le 14 octobre 2020 dans les salles françaises, le premier documentaire d’Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray suit des jeunes qui osent affirmer ce qu’ils sont et vouloir l’ancrer dans leur banlieue. Leur succès est revigorant.
C’est leur premier documentaire et c’est leur première marche. Hakim et Baptiste suivent durant six mois Youssef, Yanis, Annabelle et Luca, des étudiants activistes LGBT+ qui veulent faire bouger la banlieue en y organisant une marche des fiertés. En somme s’affirmer dans leur lieu de vie tel qu’ils sont et montrer qu’on peut y être fier de l’être.
Le pari n’était pas gagné, ni d’un côté ni de l’autre. Au niveau film, Hakim et Baptiste ont acheté une caméra et ont tout autoproduit, sans trop de mise en scène mais avec une vivifiante spontanéité. Côté organisateurs, on leur prédisait de la violence mais leur audace et leur optimisme ont eu raison des peurs et des contraintes. Faire une Gay Pride à St Denis, c’est un événement : la médiatisation est maximum. Ils font des radios, les télés les suivent. On les verra en AG, en conférence de presse, en réunions. Ils tractent le jour et collent des affiches la nuit, le tout dans une franche bonne humeur.
Il faut dire que Youssef offre volontiers à la caméra sa verve et ses postures efféminées. Il en joue volontiers pour affirmer que le sexe est politique : les canons de beauté occidentaux ne correspondent pas à « la peau caramel et les cheveux bouclés ». Il revendique de pouvoir continuer sa vie d’arabe musulman tout en étant queer.
Annabelle intervient dans les écoles pour « détruire les tabous autour de la bisexualité ». Posé et efficace, Yanis résiste sur Europe 1 à l’idée que les Gays voudraient quitter la banlieue. Et quand avec Luca, le quatuor pose ensemble devant la mairie et la basilique de St Denis, ils ont le pied ferme et l’œil alerte.
Entre suivi en caméra portée de l’organisation de la marche et portraits intimes des organisateurs, le documentaire oscille et capte volontiers discours et positionnements pour manifester leur volonté de conjurer l’ignorance et dépasser les haines. Il est à l’aune du chaos de ce combat sans moyens et permet ainsi d’en saisir l’énergie. Rien n’est simple, ni avec les habitants ni avec les médias, mais ils ne se laissent pas abattre pour promouvoir le vivre ensemble.
Si bien que ce petit film documente une grande action et sait communiquer son enthousiasme.