La redécouverte des lointains. Les représentations des populations des confins africains dans le Navigationi et Viaggi de Balthasar Springer

Université de Paris IV-Sorbonne(C.R.L.V.) / Middlebury College (Vermont)

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En l’espace d’un demi-siècle et grâce aux différentes flottes lancées à l’assaut des mers et des océans par les souverains et les directeurs des compagnies privées des gran-des nations européennes, la perception que les navigateurs, les marchands, les savants et les curieux ont du monde a évolué, conséquence de l’extension des limites du monde connu, de la découverte d’horizons nouveaux et de la rencontre de populations à l’existence insoupçonnée jusque là. De ces découvertes et de ces rencontres ont rendu compte des lettres, des journaux, des récits de voyage sous forme de copies manuscrites ou d’imprimés ainsi que des recueils et livres savants comme les Paesi novamente ritrovati puis le Novus orbis regionum. Mais si ces recueils ont chacun en leur temps fait l’objet de plusieurs traductions et rééditions et s’ils ont connu une assez remarquable fortune à l’échelle européenne, à l’avènement de la seconde moitié du seizième siècle, les savants et curieux avides de connaissances géographiques nouvelles sont bien conscients que l’état du savoir qu’ils présentent est dépassé (1). C’est parce qu’il juge les diverses éditions des Paesi novamente ritrovati d’abord et les éditions et rééditions du Novus orbis regionum ensuite lacunaires et erronées que le Vénitien Giovanni Battista Ramusio, chargé de missions diplomatiques devenu secrétaire du Conseil des Dix de la Sérénissime, entreprend de réunir et de traduire en langue vulgaire les relations les plus détaillées que les voyageurs européens aient consacré aux diverses parties du monde (2). Au terme de vingt années de recherches patientes et acharnées, l’érudit vénitien fait paraître en 1550 le premier volume de ses Navigationi et Viaggi consacré à l’Afrique et à l’Inde (3). C’est notamment parce qu’il invite son lecteur à redécouvrir le monde en lui donnant à lire des relations inédites sur des contrées méconnues que sa somme fait rapidement autorité au détriment du recueil de Fracanzano da Montalboddo et de la somme de Simon Grynaeus.
Un recueil novateur : le premier volume des Navigationi et Viaggi du Vénitien Giovanni Battista Ramusio
Le premier volume des Navigationi et Viaggi que Giovanni Battista Ramusio fait paraître en 1550 chez Lucantonio Giunti à Venise est novateur à plus d’un titre. C’est parce qu’il estime que les anciens et les compilateurs modernes ont rendu compte de manière extrêmement superficielle des découvertes consécutives aux expéditions menées par les navigateurs espagnols, portugais, génois que l’érudit vénitien entreprend de réunir, traduire et présenter dans une même collection des auteurs anciens, des autorités et des anonymes. Tommaso Giunti ne manquera pas de célébrer son érudition, sa culture et son audace lorsqu’il rééditera le premier volume des Navigationi et Viaggi en 1563 (4). Giovanni Battista Ramusio définit sa conception de la collection dans les divers textes qui encadrent les récits réunis, ces para-textes que sont le « discorso », le « prohemio », l' »espositione » ou encore la « dichiaratione ». Sa mise en ordre des textes s’apparente à une mise en ordre du monde. Si Ramusio n’écarte aucune relation de sa collection, c’est parce que, comme le notent Sylviane Albertan-Coppola et Marie-Christine Gomez-Géraud, pour lui, « le récit de voyage n’est que la relation invérifiable d’une expérience particulière. » (5) C’est précisément pour tenter de vérifier les informations réunies par tel ou tel voyageur qu’il accorde aux relations orales une importance capitale. Celles-ci ont en effet pour finalité d’authentifier, de corriger ou de mettre à jour les témoignages les plus anciens. La République de Venise a été durement frappée par l’ouverture de la route du Cap de Bonne-Espérance. Via la publication du premier volume de sa collec-tion, Ramusio ne vise pas seulement à livrer un état du savoir sur le monde, il cherche également à encourager les puissants à mettre sur pied des expéditions afin de favoriser l’essor économique de la Sérénissime. Routes, marchandises, prix… nombreuses sont parmi les relations qu’a réunies l’érudit vénitien celles qui apportent des informations relatives au commerce tel qu’il est pratiqué sur les côtes africaines ou dans les Indes. La collection entreprise par Giovanni Battista Ramusio n’est pas seulement destinée à un cercle de savants, elle est également conçue de manière à intéresser un public de marchands (6). Que ce recueil ait été composé en langue vulgaire n’est pas le fait du hasard. Si Ramusio éprouve un réel plaisir à donner à lire des textes inédits, c’est parce que c’est un curieux que les récits de voyage passionnent pour toutes les singularités qu’ils contiennent et les trésors qu’ils recèlent et que sa collection s’adresse aussi à un public de curieux.
Un témoignage inédit sur les habitants des côtes méridionales africaines : le Viaggio fatto nell’India per Giovanni da Empoli
Parmi les relations inédites que Giovanni Battista Ramusio insère dans le premier volume de ses Navigationi et Viaggi figure une relation, le Viaggio fatto nell’India per Giovanni da Empoli, qui lui a été communiquée sous la forme d’une copie manuscrite et dont une première copie a été communiquée par Giovanni da Empoli lui-même à son retour des Indes au père Leonardo en septembre 1504, avant d’être diffusée, toujours sous la forme de copies manuscrites, à Florence, et d’être conservée avec des copies des lettres d’Amerigo Vespucci et de Girolamo Sernigi, dans une grande banque florentine. Dans la relation qu’il a laissée du voyage qu’il a effectué pour le compte du marchand florentin Bartolomeo Marchionni (7), Giovanni da Empoli livre une description circons-tanciée des habitants de cette baie que les navigateurs portugais ont baptisée la baie de São Bras et à laquelle les capitaines italiens ont donné le nom de baie de San Biaggio.
« Gli uomini sono senza capelli, col capo tignoso e brutto, con gli occhi cispi ; e il corpo fino alla cintura è vestito di pelli pelose, e portano le loro nature in un cuoio pèloso, a modo di guaina, sempre diritta. Le done portano detto abito di pelli, e a esso appicano una coda pilosa di simil bestia, lequali pendono dinanzi e di drieto, per coprir le lor vergogne ; hanno le poppe lore molto lunghe, cosa molto de forme. Gli uomini portano certi dardi con una punta di ferro, che se ne trova qualcuno. Legge nessuna non tengono ; mangiano carne cruda, per quanto abbiam veduto ; parlano in gola e con cenni e fischi, e giamai gli abbiam veduti esplicar parola espe dita, perche avevamo fra noi uomini che sapevano varie linguie, e giamai potettono pigliar construtto di loro lingua : e in conclu-sione sono uomini bestiali. Queso è quanto abbiamo potuto comprendere de detta terra. » (8)
Comme les voyageurs portugais l’ont déjà noté, les indigènes sont vêtus de peaux de bêtes. Les hommes ont le sexe dissimulé dans un étui pénien et sont armés de dards équipés de pointes en métal. Ils vivent sans foi ni loi et mangent de la viande crue. Ce sont des sauvages. S’il a circulé sous la forme de copies manuscrites et s’il est publié en 1550, ce récit ne renvoie pas moins à une rencontre qui a eu lieu en 1503, c’est-à-dire avant le massacre du vice-roi Francisco de Almeida et de ses hommes dans la baie de Sal-danha. Aussi est-ce la raison pour laquelle cette description est d’une exceptionnelle préci-sion et qu’elle ressortit du portrait.
La fortune des Navigationi et Viaggi : la traduction de l’Historiale description de l’Afrique par Jean Temporal
Novateur, bien informé, imprimé avec soin, le premier volume des Navigationi et Viaggi connaît rapidement une assez remarquable fortune. Aussi est-ce la raison pour laquelle il donne lieu à une seconde édition en 1554, toujours chez Lucantonio Giunti à Venise, qui connaît à son tour une non moins remarquable fortune, dans l’Italie du Nord, mais aussi dans ces grandes cités du livre que sont Paris, Anvers, Bâle et Lyon. C’est très vraisemblablement l’immense succès que rencontrent ces deux premières éditions qui incitent le libraire lyonnais Jean Temporal à faire traduire ce recueil et à en entreprendre la publication (9). L’Historiale description de l’Afrique paraît en 1556 (10). Parmi les diverses relations traduites et imprimées figurent notamment La Navigation de Vasque de Gamme, La Navigation de Pierre Alvares, La Navigation de Thomas Lopes et La Navigation de Jean d’Empoli. C’est la première fois qu’est imprimée en français une description circonstanciée des populations évoluant dans les environs du Cap de Bonne-Espérance. Comme c’est fréquemment le cas à l’époque, les toponymes ne sont pas reproduits tel quel mais traduits ou francisés. La baie de São Bras est devenue la baie de San Biaggio dans la relation de Giovanni da Empoli imprimée par Ramusio, puis la baie de Sainte-Biagie dans la traduction qu’en procure Jean Temporal :
« Les hommes ne portent point de chapeaux, lit-on, encore qu’ils aient la tête orde et teigneuse ; le reste du corps tout découvert, excepté que, depuis la ceinture en bas, ils se couvrent d’une peau avec son poil, cachent leur membre viril dans une gaine faite de cuir pelu. Mais les femmes portent un habit de peau, avec sa queue pendant au-devant, afin de couvrir leur vergogne, toutes nues depuis la ceinture jusqu’aux mamelles, qui sont longues, hideuses et difformes ; et de là, en sus, elles sont tout ouvertes. Leurs armes sont des arcs garnis de fer aux deux bouts. Quant à leur loi et foi, ils n’en tiennent point, et vivent désordonnément usant de chair crue, fort ords et sales en toute leur manière de vivre, de faire et de parler, mêmement qu’ils n’ont la voix à plaisir, mais parlent du gosier, de sorte que ne les pouvions entendre, encore que nous eussions en notre compagnie plusieurs braves personnages de gentil esprit et bien entendus dans les langues, lesquels ne surent jamais rien comprendre de leur jargon, sinon que par leurs signes on colligeoit une partie de leur intention. Par quoi il est à conclure que ce sont brutaux plutôt qu’animaux raisonnables. » (11)
A l’instar de Giovanni Battista Ramusio, Jean Temporal est désireux d’offrir à ses lec-teurs, avec la publication de son ouvrage (12), les moyens de redécouvrir les lointains hori-zons dont les navigateurs portugais ont arpenté les côtes et sur lesquels il existe encore peu de témoignages en français. Le portrait des habitants de la baie de Sainte-Biaggie brossé par Giovanni da Empoli est donc une description parmi d’autres qui contribue une nouvelle fois à illustrer l’étonnante varietas du monde.
La publication de l’Historiale description de l’Afrique et les entreprises maritimes européennes : une idéostratégie française
La préface sur laquelle s’ouvre le premier volume des Navigationi et Viaggi célèbre et loue l’audace des capitaines espagnols et portugais. C’est pour pallier l’absence de témoignages rendant compte de nombre d’entreprises maritimes et notamment d’un récit narrant le passage du Cap de Bonne-Espérance par Vasco de Gama, que Giovanni Battista Ramusio, ainsi qu’il s’en explique, s’est appliqué à réunir des lettres et récits relatifs aux voyages effectués par les navigateurs portugais. L’intention est perceptible dans cette préface : les Navigationi et Viaggi s’adressent aussi aux navigateurs, marchands et banquiers italiens. C’est à eux maintenant qu’il revient de s’engager sur les routes ouvertes par leurs voisins, d’étendre les limites du monde et de partir à la rencontre de peuples inconnus. La Sérénissime doit faire face à une profonde crise dans les années 1550. Engagée dans des guerres qui n’en finissent plus contre les Turcs, enlisée dans des rivalités séculaires avec ses rivales italiennes, elle doit également enrayer le déclin dans lequel l’a précipité le royaume du Portugal en ouvrant via Cap de Bonne-Espérance une nouvelle route pour les Indes (13). La collection ramusienne paraît donc à un moment où la république a besoin de relancer son économie et l’érudit vénitien entend bien qu’elle par-ticipe à cette relance. La même intention est perceptible dans la traduction que Jean Tem-poral a procuré de cette préface à cette différence que l’Historiale description de l’Afrique s’adresse aux marchands, aux capitaines et aux investisseurs français en plus des curieux et des lettrés. L’absence de référence explicite aux voyageurs italiens et aux profits que pourraient retirer d’expéditions lointaines les royaumes pour lesquels ils œuvrent, permet d’une certaine manière à Jean Temporal de s’approprier le travail de l’auteur après s’être probablement aussi approprié celui de son traducteur. « J’ai estimé être une entreprise fort louable et concernant le bien public, écrit-il, si je prenois la peine de recueillir et mettre ensemble, le mieux qu’il me seroit possible, aucunes lettres et navigations contenues en ce tome […] » « Ne voyons-nous pas, écrit-il encore, que les termes et les limites du monde, du côté de ponant, dit l’Inde occidentale, de tout temps habitée et peuplée de gens, a demeuré longuement inconnu ? » Sur le plan de l’énonciation, dans l’esprit du lecteur français, la première personne du singulier et la première personne du pluriel renvoient moins à Ramusio qu’à Jean Temporal.
« J’ai estimé être une entreprise fort louable et concernant le bien public, lit-on, si je prenois la peine de recueillir et mettre ensemble, le mieux qu’il me seroit possible, aucunes lettres et navigations contenues en ce tome ; combien qu’aucuns mariniers, gens de gros et lourd esprit, en aient écrit quelques-unes mal forgées et chargées de redites, et pour cela, portant plutôt ennui que plaisir au lecteur, lesquelles avons dressées et limées selon la portée de notre petit esprit, faisant un brief recueil des admirables discours faits par plusieurs et divers grands personnages, afin que par ce moyen un chacun pût facilement venir à la connaissance de ces merveilleux trésors, auparavant mucés et cachés de nous ; me contentant bien de ma part, de faire ouverture à tous bons esprits, qui en après suivant, ce mien présent objet, pourront plus amplement, et par meilleur ordre, rédiger le tout en historiale description. »  (14)
A l’instar des Navigationi et Viaggi, l’Historiale description de l’Afrique obéit à ce que Michel Korinman nomme une idéostratégie. La France est en retard sur ses voisins. Or les entreprises de Jean et Raoul Parmentier, de Giovanni et Girolamo Verrazano, et de Jacques Cartier ne doivent et ne peuvent demeurer sans lendemain. « Ne voyons-nous pas, écrit-il encore, que les termes et les limites du monde, du côté de ponant, dit l’Inde occidentale, de tout temps habitée et peuplée de gens, a demeuré longuement inconnu ? Combien que Platon témoigne que les antiques Egyptiens en aient eu la connaissance. »  (15) Via la publication de cette collection française, il s’agit donc pour l’imprimeur lyon-nais d’inciter ses compatriotes à se lancer à la conquête du globe et à permettre à la nation de prendre la place qui doit lui revenir sur l’échiquier mondial. Bien que légen-daires, les propos prêtés à François Ier exigeant que lui soit communiquée la clause du testament d’Adam l’excluant du partage du monde ne sont pas sans évoquer une pénible réalité : la France est de tous les grandes nations européennes la seule qui ne se soit pas pleinement engagée dans la conquête du monde. Grâce à la publication en 1550 du premier volume des Navigationi et Viaggi par l’érudit vénitien Giovanni Battista Ramusio, les Européens partent à la redécouverte des lointains. Avec la parution en 1556 de l’Historiale description de l’Afrique, la traduction de ce volume des Navigationi et Viaggi par Jean Temporal – ou celui qu’il a chargé de traduire ce volume avant de s’en attribuer la paternit頖, plusieurs relations de voyage se rapportant à des expéditions ayant emprunté la route du Cap de Bonne-Espérance ou ayant fait halte dans ses environs sont traduites en français. Parmi celles-ci figurent notamment La Navigation de Pierre Alvares, une traduction de La Navigatione di Pedro Alvarez portoguese dal capo di buona Speranza fino in Calicut et La Navigation de Jean d’Empoli, une traduction du Viaggio fatto nell’India di Giovanni da Empoli, qui donne à lire la première description circonstanciée imprimée en français des habitants des côtes méridionales africaines. Grâce au réseau étendu des libraires parisiens, lyonnais et anversois, l’Historiale description de l’Afrique séduit un important lectorat. Mais c’est sans aucun doute moins pour ces portraits (16) que pour les descriptions des diverses contrées abordées par les auteurs des voyages réunis que l’Historiale description de l’Afrique retient l’intérêt des marchands, des maisons privées et du souverain lui-même, lequel mesure immédiatement l’ampleur de la tâche à accomplir pour son royaume en termes de conquêtes. A l’instar de la publication des Navigationi et Viaggi, la parution de l’Historiale description de l’Afrique procède d’une véritable idéostratégie (17). Pour l’imprimeur lyonnais, il s’agit donc, via les deux tomes de son ouvrage, de lancer le royaume à la conquête des horizons lointains…
C’est durant la première décennie du seizième siècle qu’est imprimée et diffusée à Augsbourg sous diverses formes, la première relation donnant à lire une description cir-constanciée des habitants évoluant non loin du Cap de Bonne-Espérance, dans une baie que les Portugais nomment la baie de Lagoa et à laquelle Balthasar Springer donne le nom de pays d’Allago. Agrémenté de superbes gravures en pleine page, ce récit connaît au cours de la seconde décennie du seizième siècle une remarquable fortune et fait l’objet de traductions en hollandais, en anglais et en latin. De nombreux récits de voyage et recueils d’habits paraissent à la même époque, dans lesquels les auteurs livrent d’élo-quents portraits des populations qu’ils rencontrent et consécutifs à l’exercice d’un véri-table regard et non plus à une simple agrégation de lieux communs véhiculés par l’ima-ginaire collectif ou puisés dans les ouvrages des compilateurs, des vulgarisateurs ou des encyclopédistes médiévaux. Au cours du premier tiers du seizième siècle, plusieurs voyages manuscrits circulent sous la forme de copies, livrant des populations aperçues, côtoyées ou rencontrées le long des côtes méridionales africaines des représentations diffuses mais toujours consécutives à l’exercice d’un regard plein d’acuité (18). Dans les ouvrages de vulgarisation et les livres savants, les merveilles tendent à disparaître (19). Mais leurs auteurs peinent à rompre avec les savoirs véhiculés par les autorités antiques et ne tirent encore qu’avec parcimonie leurs informations des récits, journaux et comptes rendus manuscrits contemporains dont ils se procurent des copies. C’est dans la Navigation de Jean d’Empoli, une relation insérée dans l’Historiale description de l’Afrique, une traduction du premier volume des Navigationi et Viaggi, que figure la première relation imprimée en français à comporter un portrait détaillé des habitants de la baie de Sainte-Biagie dans les environs du Cap. Ce portrait va se construire au gré des relations et des livres savants tout au long de la seconde moitié du seizième siècle. En effet, avec les traductions des récits des voyageurs bataves notamment et la parution des grandes cosmographies françaises, cette altérité va faire l’objet de nombreuses inven-tions et réinventions, jusqu’à son entrée spectaculaire sur la scène littéraire française avec la composition des Portugaiz Infortunez à l’avènement du dix-septième siècle (20).

1. « Après 1540-1550, observe justement Numa Broc, la littérature des voyages acquiert une nouvelle dimension. Aux recueils disparates, aux relations mises bout à bout sans ordre, succèdent de grandes collections plus méthodiques et surtout plus complètes. La fièvre des premières découvertes étant passée, un certain recul peut être pris, un travail de tri, de classement, de mise en ordre est accompli. Il est enfin possible de présenter au public un inventaire équilibré de l’effort poursuivi pendant plus d’un siècle par les Européens pour prendre possession, matériellement et intellectuellement, du monde entier. Dans ce domaine, quelques personnalités s’imposent : l’Italien Ramusio, les Anglais Hakluyt et Purchas, les Flamands De Bry et Linschoten ; le premier, con-temporain de la grande époque des Colomb et des Magellan, les autres témoins de la Renaissance finissante. » Numa Broc, La Géographie de la Renaissance, op.cit., p.37.
2. « La cagione che mi fecce affaticar volontieri in questa opera, écrit Giovanni Battista Ramusio dans son épître à Hieronimo Fracastoro qui ouvre le premier volume de ses Navigationi et Viaggi, fu, che vedendo, et considerando le tavole della geografia di Tolomeo, dove si discrive l’Africa, et la India esser molto imperfette, rispetto alla gran cognitione che si la hoggi di quelle regioni, ho stimato dover esser caro, et forse non poco utile al mondo il mettere insieme le narrationi de gli scrittori de’nostri tempi, che sono stati nelle sopradette parti del mondo. » Giovanni Battista Ramusio, Primo volume delle Navigationi et Viaggi nel qual si contiene la descrittione dell’ Africa et del paese del Prete Janni, con varii viaggi dal Mar Rosso a Calicut, et in sin all’ isole Molucche […] et la navigatione attorno il mundo […], Venetia, Lucantonio Giunti, 1550, I, f°ijv°.
3. Les Navigationi et Viaggi ont fait l’objet d’une excellente édition moderne en six volumes qui a été procurée par Marica Milanesi. Giovanni Battista Ramusio, Navigationi et Viaggi, Torino, Einaudi, 1978-1988, 6 vol. A cura di Marica Milanesi. Sur Giovanni Battista Ramusio et les Navigationi et Viaggi : Michel Korinman, « Les idéostratégies de Ramusio » [in]Dimensões da Alteridade nas culturas de língua portuguesa – O Outro. Actas do Primeiro Simpósio Interdisciplinar de Estudos Portugueses, Lisboa, Universidade Nova, 1985, vol.2, p.63-76.
4. « Tommaso Giunti alli lettori » [in]Giovanni Battista Ramusio, Primo volume e Terza edizione delle Navigationi et Viaggi, Venetia, Tommaso Giunti, 1563. Ainsi que le note Marica Milanesi dans son édition des Navigationi et Viaggi, Ramusio s’applique à renou-veler les savoirs réunis sur les mondes connus en ajoutant aux récits publiés par ses prédé-cesseurs des relations relativement récentes qu’il a pris le soin de rechercher, de traduire et de présenter. Marica Milanesi, « Introduzione » [in]Giovanni Battista Ramusio, Navigationi et Viaggi, op.cit., vol.4, p.4.
5. « La diversità de siti della terra, écrit Ramusio dans son « Discorso sopra il terzo volume », è fatta con tanta harmonia et conzonanza, et con una legge cosi immutabile et perpetua che ogni picciol punto che vi mancasse, si dubiteria che tutti gli elementi si confondessero insieme, et ritornasser nel primo chaos. » Giovanni Battista Ramusio, « Discorso sopra il terzo volume » [in]Terzo volume delle Navigationi et Viaggi, Venetia, Lucantonio Giunti, 1556, f°iij v°. Sur ce point : Sylviane Albertan-Coppola et Marie Christine Gomez-Géraud, « La collection des Navigationi et Viaggi (1550-1559) de Giovanni Battista Ramusio : mécanismes et projets d’après les para-textes » [in]Revue des Etudes Italiennes, 1990, n°1, p.59-70. Cit. p.62. Le retard pris par la France est une nou-velle fois patent : c’est seulement en 1598 que Raphaël du Petit Val fera traduire et impri-mer d’après la version procurée en italien dès 1556 par Ramusio le récit du premier voyage de Cartier en Amérique du nord en 1534-1535. Discours du voyage fait par le capitaine Jaques Cartier aux Terres-neufves de Canadas […], Rouen, Raphaël du Petit Val, 1598.
6. Sur ce point : Michel Korinman, « Les idéostratégies de Ramusio » [in]Dimensões da Alte-ridade nas culturas de língua portuguesa – O Outro, op.cit., p.63-64. C’est dans le même esprit que Richard Hakluyt publiera ses Principall Navigations en 1589. Richard Ha-kluyt, The Principall Navigations […], London, George Bishop and Ralph Newberie, 1589.
7. « La casa fiorentina dei Marchionni, écrit Marica Milanesi, era una delle principali sostenitrice della politica portoghese d’oltremare. Bartolomeo Marchionni era stato appaltatore del commercio con l’Africa ai tempi di João II, e aveva partecipato al finanziamento della spedizione Cabral. » Marica Milanesi, Viaggio fatto nell’India per Giovanni da Empoli, fattore su la nave del serenissimo re di Portogallo, per conto de’Marchionni di Lisbona [in]Giovanni Battista Ramusio, Navigationi et Viaggi, op.cit., I, p.741.
8. « Les hommes n’ont pas de cheveux, mais la tête teigneuse et mauvaise et ils ont les yeux chassieux. Leur corps est vêtu jusqu’à la ceinture de peaux velues. Ils logent leurs parties dans une bourse de cuir velu, qu’ils ont à la manière d’un fourreau, toujours droit. Les femmes portent le même habit de peau et elles ont ajouté à celui-ci une queue du même animal, qui pend par devant et par derrière pour couvrir leurs parties. Elles ont des mamelles très longues et très difformes. Quelques-uns parmi les hommes ont des dards avec une pointe en fer, nous en avons vu quelques-uns. Ils n’ont aucune loi, mangent de la viande crue, pour ce que nous avons vu ; ils parlent du gosier et avec des signes et des sifflements., et jamais nous ne les avons vus expliquer ce qu’ils disaient, parce que nous avions parmi nous des hommes qui savaient différentes langues, et jamais ils ne purent saisir le sens de la leur : en conclusion, ce sont des hommes bestiaux. Ceci est tout ce que nous avons pu apprendre sur cette terre. » Giovanni da Empoli, « Della terra chiamata della Vera Croce, overo del Bresil, ove si fa buona somma di cassia e di verzino. Dell’abito, arme e fede di quelle genti. Del porto detto Acqua S. Biaggio, dove per un sonaglio mezzano si aveva una vacca ; e del vestir degli uomini e donne di quel luoco » [in]Viaggio fatto nell’India per Giovanni da Empoli, fattore su la nave del serenissimo re di Portogallo, per conto de’Marchionni di Lisbona [in]Giovanni Battista Ramusio, Primo volume delle Navigationi et Viaggi nel qual si contiene la descrittione dell’ Africa et del paese del Prete Janni, con varii viaggi dal Mar Rosso a Calicut, et in sin all’ isole Molucche […] et la navigatione attorno il mundo […], op.cit., f°156-158. « Copia manoscritta di questa lettera, note Marica Milanesi, indirizzata da Giovanni al padre Leonardo il 16 settembre 1504, e largamente diffusa a Firenze, è conservata nello stesso codice che contiene le copie delle lettere del Vespucci e del Sernigi (cod. 1910, Biblioteca Riccardiana). Quella del Ramusio è la prima edizione a stampa. » Marica Milanesi, Viaggio fatto nell’India per Giovanni da Empoli, fattore su la nave del sere-nissimo re di Portogallo, per conto de’Marchionni di Lisbona [in]Giovanni Battista Ramusio, Navigationi et Viaggi, op.cit., I, p.741. Il s’agit en réalité du témoignage d’un autre voyageur ayant participé à la même expédition.
9. La traduction est attribuée à Jean Temporal mais il est aujourd’hui établi que le libraire lyonnais a fait traduire une importante partie de l’ouvrage sinon la totalité et qu’il s’est ensuite attribué la paternité de cette traduction pour le moins allégée et approximative. Sur ce point : Frank Lestringant, Le Huguenot et le sauvage. L’Amérique et la contro-verse coloniale, en France, au temps des Guerres de Religion (1555-1589), Paris, Aux Amateurs de Livres, 1990, « Littérature des voyages », p.84. Sur les métiers du livre à Lyon au seizième siècle : Henri et Julien Baudrier, Bibliographie Lyonnaise. Recher-ches sur les imprimeurs, libraires, éditeurs et fondeurs de lettres de Lyon au XVIe siècle. Réimpression de l’édition de Lyon de 1895-1921, Paris, Champion, 2001, 7 vol.
10. Le volume comporte une traduction du livre de Hasan ibn Mohammed al-Wassân al-Fâsi dit Jean Léon l’Africain et un nombre important de relations de voyages effectués en Afrique et en Asie. Historiale description de l’Afrique […], Lyon, Jean Temporal, 1556.
11. La Navigation de Jean d’Empoli [in]Historiale description de l’Afrique […], op.cit., p.543.
12. Dans sa dédicace au « Tres haut et tres puissant Prince, François aisne, fils de France, Dauphin de Vien-noys », Jean Temporal évoque la possible publication d’un second tome : « si ce Premier Tome vous est agreable, je me mettray en devoir de faire le Second, pour le vous presenter : qui contiendra la description de l’Ethiopie, dressée par dom Francisque Alvarés : acompagné de plusieurs autres Navigations, avec le discours de ce noble Fleuve du Nil, & de son origine, éscrit par le Seigneur Iean Baptiste Rhammusio, Secrétaire de la Seigneurie de Venise. » Jean Temporal, « A Tres haut et tres puissant Prince, François aisne, fils de France, Dauphin de Viennoys » [in]Historiale description de l’Afrique […], op.cit., f.2 r°. Dans sa dédicace à « Monsieur le Dauphin », Jean Temporal fait notamment allusion aux terres nouvellement découvertes et aux populations à l’existence jusqu’alors insoup-çonnée rencontrées par les navigateurs portugais aux confins du monde : « Monseigneur, écrit-il, ayant entendu le contentement et le plaisir que vous avez reçu du premier livre de l’Afrique que je vous fis présenter ces jours passés par le seigneur d’Urfé, je me suis mis en devoir, avec la plus grande diligence qui m’a été possible, de vous rendre en notre langue françoise le second volume, que, je pense, votre excellence ne trouvera pas moins beau que le premier, mêmement que vous verrez par les navigations des Portugais aux Indes, non cherchées jusqu’à eux, les discours qu’ils en ont faits, chose certainement digne d’être vue et d’être lue […]. Et toutes ces choses, comme singulières, recevra votre grandeur, en attendant votre commandement pour mettre en lumière le troisième tome, que j’espère bientôt consacrer et dédier à votre perpétuelle mémoire […]. » Jean Temporal, « A Monsieur le Dauphin » [in]Historiale description de l’Afrique […], op.cit., p.i-iii.
13. A l’inverse de ses successeurs anglais et hollandais qui privilégieront ouvertement la recherche du profit à l’accumulation des savoirs, Ramusio accorde au renouvellement, à l’organisation et à la diffusion des savoirs d’une part et à la recherche du profit d’autre part, une importance égale, « les absorbant en quelque sorte tous deux, ainsi que l’écrivent Sylviane Albertan-Coppola et Marie Christine Gomez-Géraud, dans une perspective globale d’ordre national. » « Quand les Portugais et les autres nations se partagent le monde, poursuivent-elles, occupent et exploitent de nouveaux territoires, Ramusio tente, quant à lui, ce qu’on pourrait appeler une récupération symbolique de terres désormais interdites. Il va montrer, par exemple, que certaines régions occupées par les Portugais ont déjà été découvertes par les Romains, et que tout un chacun pourrait sans difficulté emprunter le même itinéraire. De fait « infino in Malacca et tutta l’India si navig(ava) al tempo de Romani, come si fa al presente per i Portoghesi. » Par un curieux phénomène de compensation, la collection devient un moyen de prendre intellectuellement possession du monde. » Sylviane Albertan-Coppola et Marie Christine Gomez-Géraud, « La collection des Navigationi et Viaggi (1550-1559) de Giovanni Battista Ramusio : mécanismes et projets d’après les para-textes » [in]Revue des Etudes Italiennes, op.cit., p.66.
14. Jean Temporal, « Préface » [in]Historiale description de l’Afrique […], op.cit., p.viii. « J’ai estimé », « Je prenois », « cachés de nous » Sur le plan énonciatif, les pronoms person-nels renvoient à l’éditeur lui-même, Jean Temporal, et à son public, des lecteurs français.
15. « Mais depuis certains temps en çà, lit-on encore, Dieu a fait, pour l’exaltation de son saint nom et pour l’accroissement du bien public, que ce pays a été mieux découvert que jamais auparavant, par dom Tristan de Cugna […] : lequel […] est venu jusqu’au Cap de Bonne-Espérance, à trente-trois degrés près du pôle antarctique, et puis, par fortune qui a grande puissance sur mer, il fut jeté sur le ponant, environ quatre cent quarante lieues, là où il trouva au milieu de la mer , une île, contenant en rotondité cinquante lieues, mais de plus longue étendue, que l’île saint Thomas, où il y avoit beau havre du côté de levant, étant distante de la ligne du pôle antarctique, trente-six degrés et demi, s’étendant sur no-tre pôle de l’Ethiopie au royaume de Benin, levant et ponant avec le fleuve Jordan, ou sur le cap de l’arène de la terre du Brésil, de siloc et maistro, avec le fleuve de Saint-Domi-nique qui est en ladite terre, et par grecco et garbin avec le cap Noir de l’Ethiopie […] : pays fort beau, bien aéré, plaisant et de belle assiette, tout ainsi quen Sinylle et Grenate : combien qu’on ne tienne pas pour certain si elle est habitée ou non. […] » Jean Temporal, « Préface » [in]Historiale description de l’Afrique […], op.cit., p.x-xi.
16. Le récit de La Navigation de Pierre Alvares ne comporte pas de portrait des habi-tants des côtes méridionales africaines. Il comporte en revanche les descriptions détaillées de deux peuplades rencontrées le long des côtes occidentales africaines. La Na-vigation de Pierre Alvares [in]Historiale description de l’Afrique […], op.cit., p.396-398.
17. Jean Temporal traduit toute l’ampleur de la tâche qui lui incombe dans sa dédicace : « labeur, est de dignite royale : oysivete, de condition servile, écrit-il. Et non sans cause Homere en son Iliade nous a representé Agamemnon toujiours veillant : estimant ce divin Poëte, l’homme oysif n’estre autre chose en ce Monde, qu’un gros fardeau, lourd & inutil, & comme dit Horace, un animal d’Arcadie, mangeant le fruit de la terre. Or donq, tresillustre Prince, ayant eu dés mon jeune âge en bien petite & pauvre, estime telle maniere de gens, je me suis mis au devoir de travailler, pour faire quelque témoignage de mon labeur, & de mon vouloir à l’endroit de nôtre Republique Françoise, selon toutefois le petit pouvoir de mon esprit. Et de fait, j’ay toujiours estimé chose honeste, combien qu’elle soit difficile, de mettre en lumiere Livre, qui pour sa nouveauté aportât admiration aus hommes, & qui d’un méme moyen invitât par sa bonté d’estre receu entre ceus, que l’on tient en autorité […]. » Jean Temporal, « A Tres haut et tres puissant Prince, François aisne […] » [in]Historiale des-cription de l’Afrique […], op.cit., f.1v°-2 r°.
18. Si nombre de ces relations ont été perdues, plusieurs copies ont été retrouvées. Ce sont les copies de ces relations qu’ont notamment utilisé les historiographes et les chroniqueurs portugais – João de Barros, Manoel de Faria y Sousa, Gaspar Correia, Damião de Gois ou encore Fernão Lopes de Castanheda – lorsqu’ils se sont appliqué à écrire l’histoire des grands événements advenus sous les règnes de leurs souverains. Voir supra : Première partie. Chapitre second. 2. Des représentations diffuses : les populations des confins africains dans les voyages manuscrits et les livres savants de la première Renaissance.
19. « Au commencement du seizième siècle, comme l’écrit Elke Waiblinger, le voyage est un départ à l’aventure, vers l’incertitude, vers des endroits qu’on n’a jamais vus et dont on n’a jamais entendu parler. » Prenant pour exemple les voyageurs italiens à la solde des grandes maisons génoises et florentines, elle poursuit : « Les voyageurs italiens qui se trouvent sur les navires des explorateurs et conquérants portugais doivent enregistrer une grande quantité d’impressions, leur étonnement face aux merveilles qu’ils découvrent se retrouve directement dans les récits qu’ils ont écrits pendant ou au retour de leur voyage. Ce qui est remarquable au cours de la première moitié du siècle, ajoute-t-elle enfin, c’est qu’il y a une étroite relation entre l’appartenance professionnelle des voyageurs et l’écri-ture de leurs récits. » Elke Waiblinger, « Les merveilles du monde s’affaiblissent. Le chan-gement dans l’expérience des voyages au seizième siècle » [in]La Culture des voyageurs à l’âge classique. Regards, savoirs & discours. La Revue française, numéro spécial, juin 2003. Études réunies par Dominique Lanni. En ligne sur le site de La Revue française : http://revuefrançaise.free.fr.
20. Nicolas Chrétien des Croix, Les Portugaiz Infortunez [in]Les Tragedies de N. Chrestien Sievr des Croix Argentenois, Rouen, Theodore Reinsart, 1608. Rééd. : Nicolas-Chrétien Des Croix, Les Portugaiz Infortunez, Genève, Droz, 1991, « Textes littéraires français ». Édition avec introduction et notes par Alexander Maynor Hardee. Sur cette entrée : Michel Bideaux, « Les Portugaiz infortunez : Nicolas Chrétien des Croix et la mémoire de l’ère des découvertes » [in]Travel Writing and Cultural Memory / Ecriture du voyage et mémoire culturelle, edited by / sous la direction de Maria Alzira Seixo, Amsterdam / Atlanta, Rodopi, 2000, « Studies in Comparative Literature », p.221-236 ; Christian Biet et Sylvie Requemora, « L’Afrique à l’envers ou l’endroit des Cafres. Tragédie et récit de voyage au XVIIe siècle », communication présentée le 16 mars 2002 à l’Université de Tunis La Manouba, lors du colloque du Centre international de Rencontres sur le XVIIe siècle (CIR 17) L’Afrique au XVIIe siècle. Mythes et réalités organisé par Alia Baccar.
///Article N° : 4018

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