Des archives du label Ahma Records d’Amha Eshèté, Francis Falcetto, producteur de la collection Ethiopiques, a choisi le meilleur d’une époque marquée par une remarquable effervescence créative. A la fin des sixties, la vie nocturne reprend de l’essor dans la capitale, qui devient le Swinging Addis, et s’ouvre à toute sorte de renouveau. Fréquentées par une jeunesse habillée en pantalons à pattes d’éléphant et mini-jupes, les soirées dans les discothèques étaient animées par les nouveaux orchestres indépendants qui prenaient peu à peu la place des formations officielles impériales. Avec une artillerie de cuivres, batteries, basses et guitares électriques, la modernité assez tributaire de l’Occident s’imposa sur la scène locale en quête de la transgression provoquant le trouble dans les milieux officiels. C’est une musique torride, une orgie sonore guidée par une maîtrise instrumentale et un sens des arrangements étonnants mais – et sans être en contradiction avec le mimétisme de la nouvelle vague et l’instrumentation exogène – profondément enracinée dans le terroir. Les quatre modes principaux, les styles vocaux, la gamme pentatonique, la présence même des azmaris, troubadours itinérants au chant corrosif, dans les bars populaires, font tous partie d’une tradition parmi les plus intéressantes du continent pour ses liens avec le monde nilotique de l’Afrique orientale et les peuples vivant sur l’autre rive de la mer Rouge.
L’âge d’or de la musique éthiopienne moderne 1969-1975″. (Vol. 1 et 3) et Ethio Jazz et musique instrumentale » (Vol. 4), collection Ethiopiques (Buda Musique. Distr. Mélodie)///Article N° : 481