LC2 ou la jeunesse à l’écran

Rubrique Médiastylo - L'Echo du jour - Cotonou

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Après quelques faux départs et nombre de péripéties financières, LC2, la première chaîne de télévision privée du Bénin, qui émet depuis décembre 1997, a visiblement repris du poil de la bête. Elle affiche désormais une programmation régulière, au point de la faire désormais publier dans les journaux et d’autant plus efficace que sa cible privilégiée saute aux yeux : les jeunes.

Cette politique qu’on pourrait appeler le « jeunisme » ou la glorification de la jeunesse tous azimuts, est en effet déclinée sur tous les fronts et tous les tons, sur LC2, depuis l’image de promoteur des talents des jeunes que s’est donné le PDG, Christian LAGNIDE, par ailleurs ancien ministre de la jeunesse et des sports, en passant par l’âge moyen des animateurs, à peine trentenaires et en considérant le public visé par les émissions-phares de la chaîne :  » Bisso na bisso « ,  » Nasuba « ,  » Sans Tabou « , « TOP 20″ et autres  » Mégaphonie  » …
Frais minois et jeunes pygmalions
Ne boudons pas notre plaisir : les frais minois et physiques avantageux qui nous sont offerts à longueur d’écran, constituent un des charmes incontestables de LC2 et il ne faut pas être grand clerc pour deviner que, dans tous les collèges et lycées du pays (et pas seulement d’ailleurs), plus d’un cœur bat pour la triade de grâces de « Nasuba », le distingué Franck-Alain DOTOU, la gracieuse Pascale SERRA, la très sophistiquée Inès GAROUE, le charismatique Fidel ODJO et autres pygmalions. Il n’empêche qu’un physique ne fait pas tout et que les erreurs de casting, pourtant facilement évitables, blessent l’intelligence des téléspectateurs. Est-il indispensable, par exemple, de nous infliger plus longtemps les défauts de prononciation d’Angéla da MATHA (que doublent souvent, dans un chœur touchant, ceux de son comparse Franck-Alain DOTOU), alors que l’émission « LC2 Matin  » où ils officient, est d’un grand intérêt : faire connaître aux béninois les us et coutumes des nationaux des autres pays de la CEDEAO, afin de renforcer le sentiment d’appartenance et l’esprit communautaire… Encore faudrait-il qu’on ait l’occasion de comprendre quelque chose à ce qui nous est raconté !
Une émission hebdomadaire, à la conception prometteuse, « Faces cachées », qui se consacre à la rencontre avec l’un ou l’autre des artistes évoluant au Bénin, durant toute une heure, ce qui est exceptionnel, avec un gros effort au niveau des reportages permettant de mieux cerner la personnalité de l’invité, est malheureusement desservie par la prestation de son animateur, Tony TOKPANOU. Le manque de finesse et de culture générale de ce dernier est prodigieusement agaçant, quand il ne constitue pas tout simplement un camouflet pour les personnes invitées, obligées de supporter des questions inopportunes ou carrément indélicates. Dues sans doute à l’immaturité…
Enfin autre chose que les Telenovelas et les clips
Immaturité est également le mot qui vient à l’esprit pour qui a subi l’interminable émission spéciale sur la Saint-Valentin du vendredi 14 février, où il fallait se pincer pour se convaincre que des gens normalement constitués pouvaient se livrer, devant témoins (cathodiques), à des déclarations aussi niaises dans des postures aussi artificiellement sensuelles : une bande de gamins, lâchés en roue libre, auxquels les effluves de leur célébrité récente ont tourné la tête…
Mais, par ailleurs, il n’est pas question de généraliser. Pour certains, la valeur n’attend pas le nombre des années. Les excellentes émissions médicales de Luc VODOUHE, les débats de bonne tenue de Peco ALLADAYE, les reportages sportifs de qualité de Christelle HOUNDONOUGBO, la découverte des métiers de la cité par une classe de jeunes encadrées par Inès GAROUE, des moments parfaitement hilarants de certains numéros de « Nasuba » ou de « Sans Tabou », qui ont le grand avantage d’appeler un chat, un chat, ne font pas mentir ce proverbe. La grande popularité de la sitcom « Bisso na bisso », que réalise le dynamique Claude BALOGOUN, démontrée par le public qui a rempli, vendredi passé, le théâtre de verdure du Centre Culturel Français, est un plus à l’actif de la chaîne et la preuve que des vedettes bien de chez elles peuvent être créées par le petit écran.
Que les telenovelas ne soient plus l’axe unique de la programmation, ce n’est sans doute qu’un premier pas, mais il est important. Et c’est certainement une évolution positive depuis les débuts d’LC2, où il n’y en avait que pour les telenovelas et les clips…
Ferveur a lc2 contre demotivation a l’ortb
Face à tant d’initiatives, même si certaines sont encore brouillonnes, l’ORTB, chaîne nationale, manque singulièrement d’ambition et sa grille de programmation, d’ailleurs peu lisible, n’en est que moins attrayante, avec des productions propres, trop rares et souvent vieillies.
L’émission « Dimanche, Dimanche » est pratiquement la seule à relever le défi, sous l’impulsion des très efficaces Jemima CATRAYE et Florent-Eustache HESSOU, dont le talent d’intervieweur est d’ailleurs ce qui fait défaut au fameux Tony TOKPANOU de LC2. Mais, des intervieweurs de qualité, il y en a en pagaille sur la chaîne publique, de Francis ZOSSOU à Annick BALLEY, mais malheureusement si mal utilisés…
Car c’est bien du manque de projet éditorial et de budget de production, ainsi que d’une gestion humaine lacunaire, dont souffre l’ORTB et beaucoup moins, comme LC2, d’un manque de formation et de professionnalisme de ses journalistes et animateurs.
La démotivation du personnel de l’ORTB ne contraste que plus cruellement avec la ferveur communicative des jeunes de LC2 !
Nous connaîtrons dans les jours qui viennent les nouveaux responsables de la chaîne publique. Prendront-ils réellement la mesure de l’enjeu et ce, alors que des petites sœurs de LC2 pointent déjà à l’horizon…

///Article N° : 2818

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