Implantée en Côte d’Ivoire depuis 1988, la société Jat Music constitue un maillon important de l’industrie musicale en Afrique de l’Ouest. En 1999, son chiffre d’affaires était de 2 milliards de F CFA (20 millions de FF). Son siège à Abidjan emploie près de 60 personnes. Jat Music possède une centaine de points de vente à travers l’Afrique. De la production à la duplication industrielle, en passant par la distribution et la commercialisation, Jat Music est en mesure d’assurer toutes les étapes de fabrication d’une cassette ou d’un CD.
Combien d’artistes produisez-vous en moyenne ?
Jusqu’à présent, une quinzaine par an. Mais nous avons désormais un studio d’enregistrement : MSL qui signifie Musique sans limite. Nous allons passer à la vitesse supérieure en produisant une cinquantaine d’artistes chaque année.
Dans la zone CFA, une cassette est vendue en moyenne sur le marché 1500 F CFA. Combien touchez-vous sur ce prix de vente ?
La cassette est vendue en gros à 1 250 F CFA et revendue sur le marché à 1 500 F CFA. Sur les 1 250 F CFA, le producteur touche 250 F CFA en moyenne. Pour les 1 000 F CFA restants, la répartition se fait ainsi : 20% au Burida (Bureau ivoirien des droits d’auteurs), au titre des droits mécaniques, 80% à la maison de distribution. Il ne faut pas oublier que les frais de fabrication du boîtier, de la bande et de la jaquette sont à la charge du distributeur.
Combien de cassettes vendez-vous en moyenne par an ?
En Côte d’Ivoire, 1 400 000 à 1 300 000 selon les années. Dans les pays étrangers, on vend environ 500 000.
Quels ont été les grands succès de ces dernières années ?
En chiffres de vente, Monique Séka, Alpha Blondy, Gadji Céli et les Poussins Chocs ont tous dépassé les 100 000 exemplaires. Récemment Tiken Jah Fakoly, Fadal Dey et Espoir 2000 ont également réalisé d’excellentes ventes.
Que pensez-vous de l’évolution du marché de la musique en Afrique ?
C’est un vaste sujet… Globalement, ce marché est dans une phase d’adolescence. La profession est toute jeune et commence juste à s’organiser dans certains pays. Des industries locales de pressage et de distribution se créent. La grande faiblesse du marché africain, c’est l’épineux problème de la piraterie. Elle touche tous les pays. Le public préfère acheter un produit de moindre qualité mais meilleur marché. Du coup, ça fragilise le secteur car les investisseurs craignent d’investir dans le pressage et la distribution de cassettes légales. Ça freine donc aussi la production.
Que faites-vous pour lutter contre la piraterie ?
Beaucoup de choses. J’ai dépensé un énorme budget pour reclasser les revendeurs qui dupliquaient les cassettes et les revendaient à vil prix. Je leur ai offert des kiosques à cassettes. Pour limiter la piraterie, nous comptons élargir notre réseau. Nous saluons l’avènement des stickers sur les cassettes légales, mis au point par le Burida (bureau ivoirien des droits d’auteurs).
Des projets sur Internet ?
Oui, c’est déjà en bonne voie. Green Floyd va créer un site sur la musique africaine. Les catalogues de Jat Music y figureront.
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