Lors du Festival Panafricain d’Alger (PANAF) qui s’est tenu du 5 au 20 juillet 2009, le poète congolais Gabriel Mwènè OKOUNDJI était invité pour une résidence d’écriture en compagnie d’autres écrivains à Zéralda, ville proche d’Alger. À son retour, il nous a fait parvenir ce texte.
De bouche à oreilles
à cache-cache de chuchotements
les écrivains inventent un jeu
– il faut bien se distraire entre intellectuels ! –
Zéralda ô Zéralda ville cruelle
ton ciel annonce des nuages
qui donnent la colique !
la belle trouvaille a pour nom : L’effort pour rendre l’autre fou(1)
qui dit mieux, qui dit mieux dans cette fabrique du vertige ?
oyez ! oyez ! je t’haimne ! moi aussi ! que dis-tu miroir ?
– les Dieux veillent, les anges ne sont pas moins traîtres ! –
Zéralda ô Zéralda ville cruelle
ton ciel échange un corps contre une âme !
que personne ne se dérobe, il n’est pas permis de somnoler
– voici la règle du jeu, elle est parfaite –
une plume dans la main droite et dans la gauche la toxine
– avis aux dipes ! –
et que commence le bal qui déchiquette les silhouettes
et que périsse toute voix qui balbutie le cri d’amour
Zéralda ô Zéralada ville meurtrière
les fleurs de ton paradis sentent bon !
frères d’obédience, la fraternité expulsée suscite t-elle l’écriture ?
nous voilà comblés dans la querelle des nègres
c’était donc ça la famille des écrivains africains !
Zéralda ô Zéralda ville meurtrière
parmi nous il est où l’Homme
en ces hommes de culture chronique(2) !
frères d’obédience, rien ne va plus, entrons dans le bal
si des nôtres l’un succombe vague à larmes, applaudissez !
et demain, et demain ? Ne nous interrogerons pas
il pour il dent pour dent, salut aux aveugles
– vive l’effort pour rendre l’autre fou ! –
A qui le tour ?
(1). Expression empruntée à Harold Searles dans son ouvrage éponyme.
(2). Chronique, au sens exclusif où on le dit d’une maladie.Zéralada-Aéroport W. Boumédiene le16 et 17 juillet 2009///Article N° : 8867