Du 3 au 6 avril 2006, s’est tenu à Tshwane (nouveau nom donné à Prétoria, capitale de l’Afrique du Sud), le Sommet du Film Africain (The African Film Summit), organisé par le Département des Arts et de la Culture sud-africain et la National Film and Video Foundation (NFVF), en association avec la Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI).
Soutenus par l’Union Africaine et le NEPAD, 250 cinéastes, producteurs, diffuseurs, et représentants d’associations et organismes – parmi lesquels Souleymane Cissé, Abdherramane Sissako, Sarah Maldoror, Gaston Kaboré, Safi Faye, Ramatou Keïta, Jihan Tahri, Mama Keïta, Jean Odoutan, Balufu Bakupa-Kanyinda, Bassek Ba Khobio, Mweze Ngangura, Anne-Laure Folly, Monique Phoba, Mansour Sora Wade, Issa Serge Coelo, Teddy Mattera, William Mbaye d’Herneville, Camille Mouyeke, Cheick Doukouré, Osange Silou, Mbaye Cham, Ferid Boughedir etc. -, se sont réunis pour défendre la cause et les intérêts du Film Africain.
Malgré des discussions parfois agitées, animées par des cinéastes vétérans tel l’Ethiopien Haile Gerima, le Sénégalais Cheick Ngaido Ba ou le Nigérian Ola Balogun, l’Assemblée était d’accord sur un point : seul l’investissement des gouvernements des pays africains dans leur propre industrie cinématographique fera véritablement naître le Film Africain. Comme l’a si bien caricaturé lors de son intervention, le premier cinéaste mauritanien Med Hondo : » Le Cinéma Africain n’existe pas, il n’y a que des cinéastes africains, obligés de mendier quelques sous aux institutions européennes pour faire un film tous les dix ans ! « .
L’objectif du sommet était donc bien de trouver un discours commun entre praticiens du cinéma à adresser aux gouvernements africains, en faveur de l’organisation et du développement des industries du film africain.
Les participants au sommet se sont répartis en quatre groupes de travail pour débattre : du rôle des diffuseurs dans le développement des industries audiovisuelles africaines ; du rôle de l’Union Africaine et du NEPAD dans le développement des industries audiovisuelles africaines ; du rôle de l’Etat dans le développement du film africain et des industries audiovisuelles ; d’une vision et d’une voix commune des cinéastes africains pour le futur de la Fédération Panafricaine des Cinéastes (FEPACI).
De ces ateliers est née La Déclaration de Tshwane, qui recommande à l’Union Africaine de créer une Commission Panafricaine du Cinéma en tant qu’agence spécialisée de la Commission des Affaires Culturelles et Sociales de l’Union – dirigée par M. Kamel Esseghairi, présent à ce sommet -, dont les principaux objectifs seraient de » développer des productions cinématographiques nationales et des coproductions à travers le continent, stimuler les productions cinématographiques faites par les cinéastes indépendants et, au moyen des coproductions, s’efforcer en premier lieu de faire distribuer les films africains à travers le continent et par la suite, à l’étranger et créer des écoles régionales du cinéma ».
L’Union Africaine est invitée à » fournir un cadre pour étayer ces initiatives avec des mesures de soutien financier spécifiques « , par la création d’un Fonds de promotion de l’industrie du cinéma et des programmes de télévision en Afrique.
La déclaration préconise également la mise en place de quotas pour les films locaux et pour les films africains dans les cinémas, de même pour les émissions de télévision., Pour favoriser les échanges de films entre les différents pays africains elle propose le développement d’un système de doublage et de sous-titrages et l’élaboration d’une base de données de films, de techniciens et experts afin d’aider les diffuseurs africains de télévision. Elle propose enfin de créer des lois qui soutiennent l’industrie cinématographique de réduire les taxes imposées sur le matériel audiovisuel et les taxes sur l’industrie cinématographique en général, de surveiller et mettre en uvre les restrictions sur le piratage de production et’d’aider à l’échange de stages de formation des professionnels du cinéma avec des opportunités d’emploi.
En plus de ce travail laborieux, qui a demandé aux participants jusqu’à dix heures de délibération quotidiennes, pendant trois jours, le Sommet du Film Africain de Tshwane s’est révélé être au quatrième jour, consacré à l’Assemblée Générale de la FEPACI, le théâtre d’un » événement historique » dans le Cinéma Africain. En effet après avoir fait le bilan des actions – jugées inefficaces par l’ensemble de la profession – menées par la FEPACI, son Secrétaire Général depuis dix ans, Jacques Béhanzin, a démissionné, pour laisser place à l’élection d’un nouveau bureau exécutif. L’Assemblée a élu à la présidence de la FEPACI, le réalisateur et producteur gabonais Charles Mensah qui sera épaulé au secrétariat par la productrice Sud-Africaine Seipati Bulane-Hopa et à la trésorerie, par l’acteur, réalisateur et producteur nigérian Albert Egbe.
Le » visage » de la direction de la FEPACI a donc été rajeuni et doté d’une touche féminine. Pour la première fois, son bureau est bilingue, et son secrétariat installé dans un pays anglophone (en Afrique du Sud), pour une durée de quatre ans.
Espérons que ce coup de bistouri réponde à la recommandation des cinéastes présents au Sommet : » que la vision de la FEPACI soit définie dans le contexte des défis et opportunités auxquels la cinématographie du 21e siècle fait face « .
Pour plus d’informations, se rendre sur le site internet www.nfvf.co.za///Article N° : 4397