Madagascar : un livre pour comprendre l’histoire de la Grande Ile

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L’ouvrage collectif coordonné par Sylvain Urfer permet de vulgariser l’histoire de la construction de la nation malgache. Il est édité chez Hémisphères.  

Au lendemain de la mort du président Ratsiraka (le 28 mars dernier), un ouvrage collectif vient nous aider à replacer son action politique (il fut président de 1975 à 1991 puis de 1997 à 2002) dans le temps long de la Grande Ile. Madagascar, aux origines à la fois asiatiques et africaines, divisée en royaumes puis colonisée par la France et indépendante depuis 1960, laisse souvent ses observateurs dubitatifs devant sa complexité culturelle et la coexistence paradoxale de ses richesses potentielles et de sa pauvreté spectaculaire.

Il faut donc chercher dans l’histoire les raisons de l’échec économique et politique de ce vaste pays. L’équipe d’historiens de cette nouvelle Histoire relit son évolution sous le prisme de la construction inachevée du nationalisme qui devrait permettre de bâtir matériellement et psychologiquement une nation. Ils affichent leur objectif : « construire une nation : une tâche essentielle à laquelle souhaitent contribuer les auteurs » (267). Sylvain Urfer, jésuite français qui vit à Madagascar depuis plus de trente années, a coordonné cette entreprise en fin analyste de la vie politique malgache contemporaine. Les autres historiens synthétisent les dernières données sur chaque période. Philippe Beaujard montre comment l’archéologie permet de replacer, avant le XVIè siècle, Madagascar dans le vaste réseau d’échanges entre l’Afrique, l’Arabie, l’Inde et la Chine. Une carte visualise ce « système-monde afro-eurasien » qui échappe à la perspective eurocentrée habituelle. Gabriel Ratoandro traite des peuplements successifs puis de leurs migrations à l’intérieur de l’île : autant d’étapes toujours difficiles à évaluer et à dater (dès l’an 1000). Manassé Esoavelomandroso et Helihanta Rajaonarison retracent l’histoire des royaumes, de leurs liens conflictuels, de leur ouverture aux étrangers, de la « difficulté à construire un État » (174) depuis le XVIè siècle jusqu’à la conquête française de 1895. Faranirina Rajaonah traite du « moment colonial » (1896-1960) et Sylvain Urfer de l’« indépendance, au service de l’unité » (233). Bien sûr, chacun condense les faits, les analyse puis renvoie le lecteur à une bibliographie complémentaire indispensable. Les grandes lignes ainsi retracées permettent de donner un cadre général à une multitude de travaux ordinairement dispersés voire introuvables. Quelques encarts présentent des documents et un cahier photographique mêle photos de sites et d’activités contemporaines.

Cet ouvrage de vulgarisation, initialement destiné aux étudiants et aux enseignants malgaches (p.267) qui comprendront les termes en malgache non traduits, sera utile à ceux qui n’ont pas eu accès à l’ouvrage de référence antérieur, Madagascar. A short history, publié par Solofo Randrianja et Stephen Ellis à Londres en 2009. Bien que sans index ni lexique et sans frise chronologique, ses données permettront d’autres analyses pour répondre à d’autres problématiques que le nationalisme.

Il faut saluer à travers ce titre la renaissance des éditions Maisonneuve et Larose, qui, avec les éditions Hémisphères, présentent une série de titres sur l’histoire de Madagascar.

Dominique Ranaivoson

URFER, Sylvain (dir.), Histoire de Madagascar. La construction d’une nation, Paris,
Maisonneuve et Larose-Hémisphères, 2021, 283p. ISBN 9 782377 010851.

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