Mamiwata n’est pas ici la sirène jalouse du conte, cette Lorelei africaine qui entraîne ses amants au fond de l’eau. Mamiwata est avant tout une mamie, une de ces mamies pleines d’énergie et de drôlerie, pleine de générosité et de tendresse qui fascinent les enfants (les petits comme les grands), car c’est à l’enfance qu’elle s’adresse. Cette Mamiwata-là, à laquelle Lucette Salibur prête sa bonhomie et son dynamisme, nous entraîne dans la magie du conte sur les chemins de l’imaginaire, qu’elle parcourt en triporteur la jambe alerte et l’esprit vif.
Elle enfourche son vélo et pédale à perdre haleine, sur les rythmes musicaux de Félix Clarion et Louis Allebe, pour pousser devant elle la boutique de son commerce. Mais ce ne sont ni des glaces, ni des friandises que la marchande ambulante distribue aux enfants. Sa boutique est un magasin aux accessoires d’où elle sort, comme un prestidigitateur d’un chapeau, tous les rêves qu’elle offre à son auditoire : petit théâtre de papier, ombres chinoises, projections lumineuses, marionnettes… Embarqués dans les méandres d’un long voyage initiatique, nous allons de rencontre en rencontre accompagnant le jeune Kanaki dont Mamiwata conte les aventures : voici Colibri l’infidèle, le manguier solitaire aux lourdes branches, la Nuit qui rumine en faisant les cent pas et bien sûr au détour du chemin, la vieille gencive-sans-dents : Oudikawé…
Quand Mamiwata pédale sur son triporteur, les petites loupiotes de son parasol s’allument, mais ce sont surtout des dizaines de petites bouilles que l’on voit s’illuminer dans le public et on peut dire que ce courant-là passe.
Théâtre du Flamboyant (La Martinique)
Musique : Nicol Bernard et Félix Clarion
Scénographie : Daniel Talbot
Costumes : Daniel Accamah
Lumières : Dominique Guesdon
Marionnettes : Hervé Beuze
avec Lucette Salibur et les musiciens Félix Clarion et Louis Allebe///Article N° : 1495