Le sultan-philosophe. Une légende à lui tout seul. Né en 1735, mort en 1815. Sans doute le poète le plus connu de la grande île des Comores. Son nom est souvent cité en exemple, ses poèmes repris en force, y compris dans la musique et le théâtre contemporain. Il y a quelques années encore, le plasticien Soilih Hakime reprenait quelques-unes de ses uvres dans une série de calligraphies : Pohori, Bahari et Mwanamshe. (cf son entretien)
De lui, Moussa Saïd, auteur d’une étude sur la littérature orale*, dit qu’on « lui prête certainement plus qu’il n’a jamais écrit ». Auteur prolifique, son uvre allie la poésie aux proverbes et dictons de la sagesse populaire. Il a aussi développé une pensée dynamique autour de l’homme et de son destin. Sur la question de la relation également.
Dès sa prime jeunesse, il vit s’affronter ses proches dans des guerres de royaumes interminables. Le plus marquant de tous fut probablement pour lui le conflit qui opposa son demi-frère Fumnao à son père Ntibe Mlanao. Il en sortit sultan du royaume du Washili, après de violents combats. Lui, qui, dans l’enfance, disait à ses amis de se lever pour le porter au trône de la Grande Comore.
L’expérience des guerres incessantes finit néanmoins par en faire un grand défenseur de la paix. Le corpus reconstitué d’une partie de ses discours continue d’ailleurs à inspirer les meilleurs tribuns de la classe politique comorienne dans leur volonté d’apaisement face aux crises qui déchirent l’Archipel. « Qui est chargé de sceller l’amitié crée la discorde »** s’exclamait-t-il dans son Pohori aux quatre-vint-dix vers. Ces textes sont un témoignage d’une grande valeur sur son époque.
* Guerriers, princes et poètes aux Comores dans la littérature orale, L’Harmattan, 2000.
**Traduction d’après Damir Ben Ali et Masseanade Allaoui, in Mbaye Trambwe, poèmes, pensées et fragments, CNDR Moroni, 1990.///Article N° : 2534