Mon Oncle

De Njabulo Simakhale Ndebele

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Mon Oncle (Uncle) est une longue nouvelle issue du recueil désormais célèbre Fools and Other Stories, paru en 1983 (Ravan, Johannesburg). C’est une illustration convaincante du projet artistique que Njabulo Ndebele propose dans son célèbre article :  » La redécouverte de l’ordinaire  » (traduit en français dans Europe, Paris, n° 708, avril 1988, pp. 53-71). Cette belle édition en français de Mon Oncle comprend une présentation de l’auteur par le traducteur, Jean Pierre Richard, qui rappelle que Njabulo Ndebele est également un des principaux théoriciens de l’Art dans son pays et un des meneurs du Black Consciousness Movement.
Empreinte de tradition orale, la nouvelle nous emmène dans le petit monde d’un jeune garçon d’une banlieue noire que va bientôt bouleverser l’arrivée d’un poète trompettiste qui se trouve être son oncle. Ce saltimbanque inspiré fera sortir l’écolier de son train-train quotidien. A mesure que l’oncle trouve ses marques dans le quartier, lui qui ne cesse de parcourir le pays, l’ordinaire apparaît bien comme le point de départ de tout équilibre créatif :  » L’art, mon frère, rend les choses ordinaires extraordinaires « . (p. 38)
En effet, l’univers de l’enfant est un dédale de créations en tous genres, un vrai théâtre de la vie : l’oncle compose, des bébés naissent, les relations se transforment. Le jazz de l’adulte et les jeux de l’enfant sont soumis à la même question initiatique : qu’est-ce que la liberté ? La scène d’ouverture, où chaque enfant pousse son ballon imaginaire devient la métaphore d’une identité en devenir.
L’emploi unique du point de vue de l’enfant qui se raconte permet une véritable rencontre avec le quotidien des Sud-Africains des townships. Chaque dialogue est une mine de découvertes dont l’oncle devient le mystérieux guide. Sa trompette sonne la gloire de son peuple tandis que sa voix et ses livres chantent la sagesse coranique ou l’héritage égyptien. L’enfant et le musicien réunis forment un alter ego passionnant de l’auteur lui-même. Ecrivain à la prose trop rare, Njabulo Ndebele se définit comme un penseur  » au service de l’énergie infinie des jeunes  » (propos recueillis lors de  » L’Afrique du Sud au Présent « , Aix en Provence, octobre 1997).

Mon Oncle, de Njabulo Simakhale Ndebele, traduction de J.-P. Richard, Editions Complexe, 1993, 95 p., 120 F
Njabulo Ndebele, est né en 1948 dans la banlieue de Johannesburg. Poète, il participe à la renaissance de la poésie noire à partir de 1969. Critique, il a lancé le débat sur le sens de l’engagement en littérature : « Tous les aspects de l’existence, pourvu qu’on les cultive de façon créatrice, sont autant d’armes que la vie opposera elle-même à la plus cruelle des tyrannies » lance-t-il en 1973 en invitant les écrivains noirs à se détourner du reportage et du slogan. Militant, il préside l’Union des écrivains sud-africains (COSAW). Universitaire, il est depuis 1992 vice-chancelier de l’Université du Cap occidental. Et nouvelliste : voir ci-contre.///Article N° : 249

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