Montre-moi ce que je vois

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Rayonnement
Le collège Jean Perrin est situé sur le boulevard Davout, un des boulevards des maréchaux à l’extrême est du XXe arrondissement de Paris. Jean Perrin est sur Davout ! Un prix Nobel de physique sur un maréchal d’empire. La métaphore sera donc scientifique plutôt que martiale. Le dense noyau tellurique du « dispositif » de résidence d’écriture au lycée professionnel Etienne Dolet (voir Afriscope 45) a attiré dans son champ gravitationnel la classe de troisième 3 du collège Jean Perrin. Le « dispositif » y rayonne. Tous les projets désormais, se doivent de s’inscrire dans une « dynamique de rayonnement territorial ». C’est pour cela que, montésur le « dispositif », un certain nombre de jeudis, j’ai pris le maréchal pour arriver au physicien. Là-bas, le territoire est plus concentré en grands ensembles que le langage populaire désigne par le terme »cités ». Probablement pour des raisons territoriales, une plus grande proportion d’élèves de cet établissement, par rapport à la moyenne parisienne, se retrouvera attirée plus tard dans un lycée professionnel comme Étienne Dolet. La métaphore gravitationnelle est donc plutôt bien sentie. Comme quoi, les termes ésotériques administratifs arrivent parfois à embrasser la réalité avec une certaine poésie. Les rencontres sont organisées au CDI de l’établissement, hors les murs de la classe, mais dans une mer de livres. La professeure de français et le documentaliste sont une paire encadrante hors pair. Aux élèves, j’apprends à user de la liberté totale de style et de récit que je leur donne. Les imaginaires sont débridés, les textes sont foisonnants, riches et subtils, ils s’améliorent spectaculairement au fil des séances. Puis un jour, pour une histoire à écrire seul ou en groupe d’affinité, j’impose un cadre : « Vendredi, à la récré, on entend boum ! Cela vient de la salle des professeurs« … -GAUZ-

Couarde
Avant que je ne te raconte ce que je suis
sur le point de te raconter, tu dois savoir
deux choses :
– Petit 1 : Je ne suis pas une fille courageuse alors ne t’attends pas à ce que je le devienne.

– Petit 2 : Je ne suis en aucun cas responsable des événements qui vont suivre.
OK ? Tu es bien installé ? Tu es prêt à m’écouter ?

C’était un vendredi matin, on était tous dans la cour de récré, tôt le matin. On était fatigué. Vendredi je vous ai dit ! Mes amis et moi parlions d’un tas de trucs plus ou moins importants : les cours, les profs, les élèves, les cours, les profs, les élèves… Des choses importantes je vous ai dit. On parlait, on parlait… et puis il y a eu ce bruit. Un gros « boum ! » Vous savez, ce genre de bruit qui résonne à vous faire mal aux oreilles, cela s’appelle un bruit assourdissant. Puis le silence. La récré est devenue silencieuse. Imaginez, une cour de récréation d’un collège, pleine d’élèves, mais silencieuse. Étonnant. Plus personne ne disait mot. On s’est tous regardés dans le blanc des yeux. Les surveillants sortaient de la Vie Scolaire, les mains en l’air, complètement paniqués. Leur panique nous faisait paniquer. Et la cour de récré est redevenue une cour de récré, la panique en plus. Fousseini forma deux groupes. Le premier partit dans le bâtiment 1 et le deuxième dans le bâtiment 2. On devait trouver le pourquoi de ce bruit, savoir ce qui se passait. Quand on arriva dans la salle des profs, on vit que le plafond était tombé sur la tête des professeurs et ce n’était pas qu’une façon de parler. Il y avait du sang partout. Des corps morts, c’était horrible, moche, dégueulasse, effrayant, un vrai fi lm d’horreur, comme le journal de 13h. Entre nous, à ma place, qu’est-ce que vous auriez fait ? Moi j’ai fui, j’ai pris mes jambes à mon cou. J’aurais dû appeler la police, les pompiers et tout le tralala, mais j’ai paniqué, compris ? J’ai paniqué. Ne m’en voulez pas. D’ailleurs, qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ?
Soifoa

La guerre des tongs
Comme tous les vendredis, la récré est bruyante : les garçons embêtent les filles, les filles parlent de « trucs de fi lles ». Les garçons parlent du dernier match de foot, les 6es courent partout, comme toujours, sûrement pour évacuer leur stress, les surveillants surveillent… bref une récré normale dans un collège normal. Tout d’un coup, un gros « boum ! » Ce genre de « boum » qui n’annonce rien de bon, ce genre de « boum » qui veut dire « y’a un truc de ouf qui se passe là ! » Tout le monde s’est arrêté, même le petit Demba qui est toujours trop excité à mon goût.
– On est attaqué !
– Putain, je savais que les terroristes viendraient un jour, mais pas si tôt.
– Ça y est, on va tous mourir.
– Gardez votre calme.
Cette dernière phrase-là, souvent la personne qui la dit a déjà fait pipi dans son pantalon.
Les surveillants et quelques élèves se séparent en deux groupes pour inspecter les deux bâtiments.

1er Groupe
Les lumières dans le 2e bâtiment sont complètement éclatées au sol. Les surveillants portent des tongs. Pourquoi ? J’sais pas, ayez un peu d’imagination. Avec tous les bris de verre au sol, chaque pas fait le
bruit de chips Lays qu’on croque pendant un film muet. Bref, le bruit dans le couloir est insupportable.
– Quel horrible bruit ! S’il se passe quelque chose, on ne l’entendra même pas.
– Ouais t’as trop raison. Tout d’un coup, ils entendent des voix et… le bruit de chips Lays qu’on croque pendant un fi lm muet qui s’approche. Un surveillant fait signe aux autres de se taire et sort un énorme revolver de son caleçon. Pourquoi un surveillant de collège possède une arme et en plus la garde à l’école et dans son caleçon. J’sais pas, ayez un peu d’imagination. Ils avancent vers les bruits d … terminez la phrase vous-même et
– Aaaaaaaahhhh !

2e Groupe
Les lumières dans le 1er bâtiment sont complètement éclatées au sol… Bravo l’originalité Madame l’auteur ! Sauf que là, les surveillants ne portent pas de tongs. C’est comme ça qu’ils ont dû former les équipes : les tongs et les sans-tongs. Bref, eux, ils portaient des baskets. Mais à chaque pas, cela faisait aussi le bruit de chips Lays qu’on croque pendant un film muet. Ce bruit était donc toujours présent, un bruit insupportable. Mais bon, les surveillants sont des gens bizarres.
– Quel agréable bruit ! s’exclama l’un d’eux.
– Ouais, tu as trop raison, ça fait comme un bruit de…
Tout d’un coup, ils entendent des voix et… le bruit de chips Lays qu’on croque pendant un fi lm muet s’approche, de plus en plus près. Là, si tu as suivi l’histoire et que tu as un QI supérieur à 2,5, tu as bien capté ce qui va se passer. Ils avancent vers les bruits de… terminez la phrase vous- même et
– Aaaaaaaahhhh !
Tout le monde crie à en perdre haleine. Les avec tongs (donc les sans baskets) s’aperçoivent que devant eux se tiennent les sans tongs (donc les avec baskets, suivez pardi !). Et le « Aaaaaaaahhhh ! » Final, fi ni par se décomposer et se transformer en « Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! » Qu’ils sont cons ! Qu’ils sont contents !
J’ai une question pour vous mes chers lecteurs, êtes-vous déçus par cette fin ? Et si ce texte n’avait pas de suite ? Et si jamais vous ne saviez l’origine du « Boum ! » ? Que sont devenus les collégiens ? Les profs ? Le surveillant au revolver dans le caleçon ? Vous le saurez peut-être au prochain épisode. Et puis non, vous ne le saurez jamais. C’est moi l’auteur, c’est moi qui écris et je suis libre de vous mener où je veux, c’est Gauz qui l’a dit. Tiens, ça sonne ! Ça sonne dans la vraie vie, pas dans le texte voyons, réfl échissez ! Dans la vraie vie, les salles de profs n’explosent pas. C’est comme ça. Ne me blâmez pas si je vous laisse comme ça, ce n’est pas ma faute. C’est la faute à Gauz. Ciao.
Sall Safietou

Psychédélique
On entend un « boom », ensuite on va à la salle des profs. On regarde si tous les profs sont morts. Nous = Denis, Dodou, Amin, Peter + Mohamed. On vole tout ce qu’il y a dans la salle des profs, on brûle les corps des profs et on jette ce qu’il en reste par la fenêtre. Pour des raisons de survie, je donne mon goûter à Abdel et Mamadou, et je ne fais pas confiance aux Arabes. On va à la Vie Scolaire et on voit que les élèves ont brûlé la salle et tout volé, les meubles et les ordinateurs. On trouve un ours dans la cour et on entend les sirènes de police.
Le GIGN arrive, l’ours les attaque : aucun survivant. L’ours venait du zoo. Après, Dodou, Denis, Amin, Momo, Peter, nous sommes partis dans le gymnase, mais dommage, tout avait déjà été volé. Alors on a volé les hélicoptères du GIGN. Peter en profite pour acheter tous les MacDos du monde et devenir président en faisant chanter les gens. Il ouvre les frontières à tous les étrangers. La France devient une « République arabe ». Amin lui, il devient voleur et sorcier, sorcier professionnel. Dodou fait comme Peter et devient président du KFC, Momo de la Côte d’Ivoire. Amin, ce bougnoule (il est marocain cet arabe), voleur, sorcier, remonte le temps avec sa baguette magique… Une heure avant le « boom » au collège, on est assis dans la cour quand on entend des bruits dans la cantine. On aperçoit un ours qui dévalise la cantine. Il vient du bois de Vincennes, c’est écrit sur un médaillon à son oreille. Denis énervé prend Dodou et le frappe de toutes ses forces. Enzo regarde la scène d’un air surpris. Amin court loin, car il sait qu’il sera la prochaine victime de Denis. Mohamed n’en a rien à faire de la scène. Peter parle du match entre Charlemagne et le Barça. L’ours sort de la cantine et se met à attaquer certains élèves. On appelle le GIGN. Cet ours est recherché depuis 5 ans. Il a mangé au moins 90 gardiens du bois de Vincennes.
Les élèves se mettent à courir dans tous les sens quand soudain nous entendons l’explosion.
Amin, Dodou, Peter, Momo, Denis, Enzo

///Article N° : 13595

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