» J’ai voulu décrire la violence des villes tout en donnant à mes personnages une dimension universelle « , disait en février dernier Florent Couao-Zotti à propos de son roman, lors d’une rencontre sur la littérature africaine. Un visage sage et sérieux, des paroles réfléchies et un langage soigné… A le voir et l’entendre, on ne s’attendrait pas de la part de ce jeune auteur béninois au texte violent et parfois même cru qu’est Notre pain de chaque nuit.
Histoire d’amour de Nono la prostituée et de Dendjer le boxeur, ce premier roman nous amène dans les marges de la grande ville – africaine ou autre, car il est vrai que ce récit pourrait se dérouler autant à Cotonou, à Rio de Janeiro qu’à Moscou. Les deux personnages principaux s’aiment, s’affrontent, mais ne semblent jamais trouver de véritable harmonie entre eux. Même s’ils sont tous deux ambitieux et prêts à bon nombre de sacrifices pour atteindre leur but, ils n’en restent pas moins humains et vulnérables : Dendjer, pourtant champion d’Afrique qui évolue vers un championnat du monde, est facilement battu dans la rue une fois la tête imbibée d’alcool.
La violence du milieu décrit se révèle dans une écriture saccadée, composée de phrases courtes et teintée d’argot. Le lecteur est amené dans les ruelles et les faux-coins, dans les salles de boxe, dans le lit de Nono qui n’hésite pas à tuer quand on abuse d’elle…
Pour un premier roman, Notre pain de chaque nuit est un superbe début. Une narration qui ne perd pas son souffle, une histoire qui ne manque pas de surprises – Couao-Zotti est un auteur à découvrir absolument.
Notre pain de chaque nuit, de Florent Couao-Zotti, Ed. Le Serpent à Plumes, 224 p. 125 FF///Article N° : 364