Nouveautés du disque

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Guem, Royal Dance (Le Chant du monde)
Avant que le Parc de la Villette ne soit envahit par une nuée de percussionnistes débutants et maladroits, on pouvait y croiser Guem, à l’ombre d’un fourré, battant tambour avec quelques acolytes déchaînés devant une petite foule de spectateurs admiratifs. Personne ne semblait se douter que derrière ce personnage flegmatique et souriant se cachait en fait l’auteur de cinq albums et un adepte d’une très sincère philosophie des percussions, de la danse, du rythme. Né en Algérie, d’une famille d’origine nigérienne, arrivé en France à l’âge de 16 ans pour jouer au foot, il joue finalement du djembé, d’abord dans les bars, pour se faire un peu d’argent, ensuite sur scène avec le groupe « Moulin rose ». Aujourd’hui, Guem est sollicité sur les scènes du monde entier. Royal Dance, son sixième album, reprend le principe des précédents en présentant une série de phrases construites autour d’un thème ou d’un mot. Au djembé, aux congas ou au tambourin accompagné de maracas ou de rock shaker. Certes, la monotonie des thèmes, le silence vide du studio d’enregistrement qui font parfois penser à des bruits de jungle artificielle, feront grimacer les puristes. Le choix de la forme étonne et ne correspond pas aux potentialités de l’artiste mais ceux qui l’ont vu et entendu en plein air ou en direct savent qu’il ne bluffe pas et que les percussions se confondent avec sa façon d’être.
Lucky Dube, The Way it is (Mélodie)
D’abord, en écoutant sa façon de chanter, on a l’impression d’entendre du Peter Tosh. Ensuite la mélodie fait penser à Grégory Isaac. Il n’y a guère que le son de clavier, typiquement sud-africain, qui fasse la spécificité de Lucky Dube. D’ailleurs, contrairement au reggae jamaïcain, la ligne de basse, légèrement en retrait, se laisse guider par celui-ci. A part, le son roots et lent de Man in the city, et l’incrustation d’un rythme zoulou à la Johnny Clegg certes mais pas déplaisant du tout sur let the band play on, le reste est construit sur la même base, sur le même rythme et presque sur la même mélodie. Les premiers titres de ce treizième album du radical militant anti-apartheid que fut Luky Dube, tombent rapidement dans l’oubli des suivants.
Afel Bocoum, Alkibar (Night and Day)
C’est le protégé et le neveu d’Ali Farka Touré. Ils ont joué ensemble au sein du groupe Asco et Ali Farka lui a donné la réplique sur deux morceaux de ce premier album, enregistré lors de la session de Niafunké au Mali, le village du premier. Tout en s’inscrivant dans le même concept que son aîné, Afel arrive à dégager une sensibilité acoustique bien à lui. Son jeu de guitare moins charismatique que celui qu’Ali Farka reste tout de même fidèle à l’interprétation de la tradition Sonraï.
Sénégal (Prophet 02)
Réjouissances de fin de moissons pour les uns, cérémonies d’initiation pour les autres. Au Sénégal, chez les Diolas de Casamance de la région de Bignogna et chez les Bassari des régions de Tambacounda et de Kédougou à l’Est du pays aux frontières de la Guinée et du Mali, les mois d’avril/mai donnent le signal de la fête. Pour les premiers, la cérémonie du Lébounaye dure trois jours pleins – arrosés de vin de palme – et se déplace de village en village. Au programme : chant et danse de femmes en fin d’après midi du premier jour, sacrifice du bouc au second après une prestation d’un ensemble de trois tambours à une peau, de sonnailles et de battements de mains divisés (à la manière de ceux, bien connus du Flamenco), et le troisième, triomphe de la reine du Lébounaye (la fille du maître de cérémonie désigné) maquillée et costumée, qui passant de cases en cases s’arrêtera sur une natte où l’attendra la reine de l’année prochaine. Chez les Bassari, le Koré qui dure 15 jours – arrosés d’hydromel – sanctionne le passage des adolescents à l’âge adulte. Elle commence par une bastonnade rituelle et se termine par l’absorption de l’Atyaba, la potion qui fera quitter à chaque néophyte sa vie antérieure pour le faire renaître fils du Caméléon. On appréciera particulièrement le son de la flûte droite à encoche à trois trous, himan, destinée à accompagner la marche des futurs « hommes du midi ». Deux séries d’enregistrements de sons ondulatoires recueillis par Charles Duvelle en 1967 qui traduisent bien la complexité et la précision de ces deux rituels sénégalais.

///Article N° : 2022

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