Liz Mc Comb a des convictions, elle les exprime dans sa musique. Blues, gospel, spirituals, sa musique ranime l’esprit des esclaves. Afin de retrouver ses racines, elle se rend dans le sud des Etats-Unis, à la Nouvelle Orléans. Au-delà des tendances musicale, la chanteuse prône un retour vers des valeurs spirituelles. La force de ses textes illustre son franc-parler. SNK
Au Sénégal existe un peuple de pêcheurs, les Lébu. Leur village, Ngor, est tourné vers la mer. Ils la contemplent à longueur de journée. Et parfois, leur prend l’envie de partir. Partir pour ne plus revenir, en exil, en écoutant le chant des vagues. On dit que la musique des Lébu s’inspire de la mer. Elle évoque la nostalgie, vous prend les tripes. On connaissait Wasis Diop, El Hadj Ndiaye, Ismaël Lô, voici Diogal. En wolof, son nom signifie se lever. Il y a deux ans, il était assis face à la mer, et un jour, il s’est levé, a prit sa guitare est s’est installé à Paris. Loin de son village, il se souvient, en paroles et musiques, des rires, des joies et des douleurs, de sa vie parmi les siens. Des ballades, du folk, du blues, l’artiste transmet merveilleusement ses sentiments. Rares sont les artistes capables de produire des albums d’une telle qualité. Diogal a du talent, sa musique est un régal. (S.N.K)
Depuis presque dix ans, la scène soul de la diaspora a produit des artistes féminins dont les voix ont marqué nos esprits : Aretha Franklin, Macy Gray, Erykah Badu, Jill Sott, Lauryn Hill, Angie Stone, India Arie Sade, Alicia Keys… Elles font partie, en compagnie d’autres chanteuses, de cette compilation de 17 titres. C’est l’esprit soul qui revient. Un son lourd, comme la Tamla Motown savait si bien le distiller. Un vrai bijou pour les amateurs. (S.N.K)
La musique de l’Ivoirienne Monique Séka est d’une telle fraîcheur qu’on a pas l’impression que 15 années se sont écoulées. Elle a inventé l’afro-zouk et fait des émules. Lorsqu’elle se lance dans ce genre musical à ses débuts, rares sont ceux qui croyaient à son succès. Contre toute attente, elle reçoit le soutien du public, ses compositions se jouent partout en Afrique, elle vend des milliers d’albums. Les albums et les tournées s’enchaînent ; partout où elle passe, la chanteuse reçoit un accueil favorable. Comme pour remercier son public, Monique Séka propose un album dont les titres rappellent son parcours. 15 titres (+1) évocateurs. (S.N.K)
Encore un talent brésilien. Catia Werneck a composé cinq des dix titres qu’elle interprète. Carlos Werneck (le frère), épaulé par Marcelo Ferreira (qui joue de la guitare et chante), réalisent l’album. Des musiciens français, l’incontournable Alain Debiossat au saxophone soprano, William Leconte aux claviers, dialoguent avec des Brésiliens : Edmundo Carneiro et Toni Oliveira aux percussions. Dès lors, tout devient facile. De sa voix douce et langoureuse, Catia donne du rythme sur une samba tendre et captivante, et partage son swing sur une bossa ensorcelante. (S.N.K)
Le vocaliste Bobby Mcferrin est de retour, avec un opus à vocation universelle : américaine, africaine, asiatique, orientale. Le chanteur, qui nous avait habitué à des interprétations a capela, se fait accompagner par un groupe de jazz inédit, de circonstance : Chick Corea au piano, Omar Hakim à la batterie, le Camerounais Richard Bona à la basse et à la guitare et le percussionniste brésilien Cyro Baptista. De sa voix fluide et aérienne, l’artiste slalome entre les notes. Des scats, des polyphonies, des churs, de sa voix, Bobby explore de nouvelles voies et nous entraîne dans un nouveau genre, une musique plurielle. (S.N.K)
Réalisateur compositeur et illustre guitariste, le Camerounais Jay Lou sort enfin son opus. Après avoir réalisé le dernier album du chanteur et guitariste Donny Elwood, il se consacre à sa propre carrière. Son enregistrement est un hommage à la musique camerounaise. Il puise ainsi dans le répertoire local et s’inspire de son terroir : un medley de Prince Nico Mbarga, Mbemb’a mot’a Sawa de Eboa Lottin, Mot’a Benama de Charles Lembè, Te revoir d’Elvis Kemayo et Sarah de Anne Marie Nzié. Il nous gratifie de sept compositions personnelles assez diversifiées. Avec la même dextérité, le guitariste passe sans difficulté d’un blues à une salsa ou à un bikutsi. (S.N.K)
Dernier saxophoniste de Miles Davis dans les années 80, Kenny Garrett, malgré son jeune âge, fait déjà figure d’ancien sur la planète jazz. Lui qui nous avait habitué à un jazz électrique, s’amusant parfois à chanter ou à rapper, revient à une formule plus acoustique assez tonique et dynamique. Même lorsqu’il se fait accompagner par le bassiste Marcus Miller (autre sideman de Miles), la direction artistique reste cohérente. Il se sert de la voix (féminine) comme d’un instrument, elle harmonise la musique ou double le son du saxophone. Festivité et jouissance, telle est la fonction du jazz. Soyez heureux ! (S.N.K)
Geoffrey Oryema de l’Ouganda, Salif Keita du Mali, Youssou N’dour du Sénégal, Kassav’ et Malavoi des Antilles, cet album nous offre une multitude d’escales musicales, de l’Afrique aux Amériques. La plupart des titres sont des succès, ils rappelleront à plus d’un de bons moments. Dans la même collection, il existe une compile jamaïcaine et bien d’autres. Une valeur sûre. (S.N.K)
Si la musique du percussionniste sénégalais Mbaye Dieye Faye ressemble étrangement à celle de Youssou N’dour, c’est tout à fait normal. Il a lui aussi fait partie du Super Etoile de Dakar. Dans la famille, tout le monde tape dans un tambour. Le père, Sing Faye, a ouvert la voie à ses fils qui, à la fin des années 90, ont créé le Sing-Sing Rythmes qui rend hommage à leur père. On trouve dans cet opus différents rythmes accompagnés par la voix du percussionniste. Entre sabar, talking drum et djembé, la musique envoûte, suggère l’érotisme. Au fil des titres, l’esprit se détache du corps qui ne répond plus qu’au son du tam-tam. (S.N.K)
Il y a des voix qui donnent l’impression d’avoir un certain vécu. Celle du chanteur capverdien Albertino en est l’illustration. Pourtant ce jeune homme n’en est qu’à ses débuts. On peut d’ores et déjà le comparer à une Césaria Evora au masculin. C’est dire qu’on peut lui promettre un bel avenir dans le genre musical de la morna. L’album est intéressant. On retiendra cette chanson autrefois interprété par Nat King Cole Quizas quizas quizas
(S.N.K)
A l’écoute des premières mesures on craint le pire : on connaît hélas trop ce gouzi-gouzi de synthétiseur bon marché, marque de fabrique de tant de disques africains enregistrés sur place avec de pauvres moyens… Et puis soudain la découverte de cette voix magnifique lamine les préjugés. On se dit que vraiment, l’Afrique de l’Ouest regorge de Salif Keita en puissance, qu’il suffirait de leur donner un peu plus de moyens… Yeli Sayon est un griot Peul de Guinée qui a pas mal d’heures de vol : il fête ses 40 ans et plutôt que de vous en dire plus je vous invite à lire le texte du livret. Car une fois n’est pas coutume, si le disque africain se signale en général par l’absence ou l’indigence du commentaire, cette collection Bolibana a toujours brillé par sa différence grâce à la prose cultivée et fleurie de l’écrivain guinéen Justin Morel Junior. Même si par instants la flûte de feu des Bambara et des Peul se mêle amoureusement à son chant, Yeli Sayon n’a rien d’un artiste folklorique. On le sent galvanisé par la frénésie des orchestres de danse d’Afrique centrale, même s’il garde la majesté et le phrasé dramatique qui sont les signes distinctifs de la musique « mandingue ». Finalement, les synthés de John Wisdom sont plutôt séduisants, la flûte de Camara Laye renversante, les arrangements d’une rare sensualité et de toute façon cette voix de ténor souveraine emporte tout sur son passage. Un vrai chef d’oeuvre, au même titre que le dernier Salif Keita, même si le budget a dû être cent fois, même mille fois moindre ! (G.A.)
Il est rare de pouvoir conseiller l’achat d’un disque sans l’avoir écouté, à la seule vue du « logo » d’un label. Tel est le cas de ce CD (que j’ai quand même bien écouté avant de le chroniquer, je vous rassure !) et qui confirme que tout n’est pas perdu même en ces temps de mondialisation abrutissante. Ces enregistrements extraordinaires de 1966, qu’Universal publie aujourd’hui comme s’ils étaient tout neufs (et ils le restent, en effet), on les doit au plus musicien des musicologues français, Charles Duvelle, qui fut aussi le fondateur de la collection Ocora. Ses photos sublimes et ses textes très sobres ajoutent au caractère très personnalisé de l’entreprise, que l’on ne peut guère comparer par son ampleur qu’aux oeuvres de l’Américain Alan Lomax ou des frères (Sud-Africains) Tracey… Les Mbum (ou Mboum) vivent au nord-est du Cameroun, et dans les régions frontalières de la République Centrafricaine et du Tchad. Leur musique fait cependant penser davantage à celles de l’est du Nigeria tout proche, de cette population dont les descendants baptisés sans distinction d’ethnie « Calabars » par les négriers furent à l’origine de la plupart des musiques « noires » du Nouveau Monde. C’est dire que nous nous trouvons au summum de l’art des tambours, et de la percussion en général : instrumentarium trop riche pour être décrit ici, photos et livret sont assez précis à ce sujet. Les plages les plus impressionnantes concernent les cérémonies d’initiation (filles et garçons) où les joueurs de xylophone « nzanga » se livrent à des improvisations comparables aux pages les plus aventureuses du « free jazz ». Un disque grandiose : une véritable apothéose du rythme. (G.A.)
Sur son label RealWorld, le chanteur Peter Gabriel a déjà édité « Chibite » (1996), premier opus international de Hukwe Zawose, qu’on a entendu ensuite à Paris, à la Maison des Cultures du Monde. Sa musique était encore très proche des traditions des Wagogo, son ethnie originaire du centre désertique de la Tanzanie, et mettait en valeur le son stupéfiant des lamellophones « chilimba » et « ilimba ». On ne les entend quasiment plus dans cet album anonyme et banal, ni plus ni moins intéressant que la moyenne des productions « ambient techno ». Marie Daulne (Zap Mama) vient y pousser son éternelle chansonnette pseudo-pygmée. Les arrangements sont signés par le grand Lee Thornberg qui, nous dit l’argumentaire, « a joué des cuivres » (sic) dans le dernier Vanessa Paradis. Je ne déteste pas cette donzelle, mais après quelques bâillements, gagné par un ennui mortel, je n’ai vraiment pas envie d’en savoir plus. Après tout, à moins d’être « maso », même un chroniqueur a le droit de ne pas écouter un disque jusqu’au bout. (G.A.)
Je me souviens d’avoir été vraiment stupéfait, circulant sur les pistes du Cameroun ou du Congo, de voir mes compagnons de voyage exulter littéralement et le chauffeur perdre le contrôle de son volant à l’écoute de bonnes vieilles cassettes venues du Kenya… On comprendra mieux pourquoi grâce à cette formidable anthologie d’un groupe légendaire mais quasiment inconnu en Europe. Il s’agit en fait d’un groupe de « gosses de riches » originaires de la région de Lumumbashi, émigrés en Zambie à la fin des années 1960, puis à Nairobi au milieu des années 1970. De la musique congolaise donc, version « Verckys », électrique mais pas trop, ça ne vaudrait même pas le coup dans parler, si ce n’était vraiment la perfection du genre, à un tel point que tous nos amis Congolais et congolophiles devraient se jeter là-dessus ! La présence des cuivres y est évidemment pour beaucoup. Leur disparition dans la musique de danse congolaise a été un vrai désastre culturel, comparable en ce domaine à cette guerre clandestine et inhumaine qui n’en finit plus de finir. Batterie bondissante, basse vrombissante, guitares stratosphériques et voix paradisiaques…Super Mazembe c’est le degré supérieur du bonheur. C’est aussi une nouvelle (re)découverte à mettre au crédit du label londonien « Stern’s », dont les efforts pour sauvegarder le patrimoine musical de l’Afrique urbaine n’ont pas d’équivalent dans l’espace francophone. (G.A.)
L’heure est enfin venue de la redécouverte et de la renaissance pour les grands pionniers de la musique urbaine congolaise…du moins pour ceux qui ont survécu, car hélas la guerre et la maladie (palu autant que sida) ont fait de ces extraordinaires pépinières jumelles que furent Brazza et Kin dans les années 1950-80 un silencieux cimetière… Né le 25 décembre 1940 à Léopoldville, Antoine Nedule Montswet dit « Papa Noël » est l’un des plus gracieux guitaristes de l’age d’or de la « rumba ». A l’origine de son style, il y a celui de Django Reinhardt, dont on oublie souvent qu’il était né en Belgique, comme Papa Noël si l’on peut dire puisque ce dernier a grandi dans la capitale coloniale encore nommée d’après le nom du sinistre Roi qui non content de soumettre le Congo à un régime esclavagiste, chassa les « Manouches », les Tsiganes de son pays… Papa Noêl a découvert Django à travers l’un de ses meilleurs disciples, le guitariste bruxellois Bill Alexandre, installé à Léo dans les années 1950. Devenu le principal rival de Franco et de Docteur Nico, Papa Noël a préféré traverser le fleuve pour devenir le soliste-vedette des Bantous de la Capitale, le plus célèbre orchestre de Brazzaville. avant de retourner à Kinshasa, d’y fonder son propre groupe « Bamboula », puis de remplacer Dr Nico dans l’OK-Jazz de Franco. Ce petit résumé de sa carrière vous donnera envie de lire le livret de la superbe anthologie « Bel Ami », si toutefois vous parlez l’anglais, langue que ne lit pas Papa Noël… Les deux autres Cds s’adressent avant tout aux amateurs de guitare, mais intéresseront aussi tous ceux qui comme moi se passionnent pour les « aller-retour » musicaux entre l’Afrique et ce qu’il est un peu réducteur de baptiser « la diaspora cubaine »… Le duo avec le jeune guitariste Adan Pedroso, enregistré en concert devant un public somnolent, est très peu dansable et assez vite ennuyeux. En revanche la rencontre avec Papi Oviedo, merveilleux joueur de « tres » (luth à trois couples de cordes) est totalement jouissive. Les voix congolaises et cubaines y font un vrai mariage d’amour, l’orchestre est cubain et donc forcément magnifique, pardonnez ce pléonasme – on sent que tous s’amusent comme des fous. Sauf quand il chante, Papa Noël, on le comprend, semble un peu dépassé par l’évènement, car c’en est un, et pour tout dire historique : la première réunion réussie entre deux musiques cousines et éloignées qui portent le même nom… Ne manquez surtout pas d’écouter le premier cd des deux rumbas rassemblées ! (G.A.)
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