Africultures célèbre la poésie en invitant des poètes-slameurs, de Dakar à Brazzaville – en passant par Paris, ou encore Lomé – à partager et déclamer un texte original. Un rendez-vous à ne pas manquer. Cette semaine, célébrons Haïti avec les mots de Jasmuel Andri, du collectif de slam, Hors Jeu.
Comme le Christ au bord de la scène
Cette tension je la crie mal
Pour que mes perles lacrymales
N’abîment pas les bords de la scène
Une nouvelle hymne à ma terre ravagée
Même si l’alma mater revanchée
À travers nos voix
Ne vois à travers les voix
Du soleil couchant
Quel petit pays peut suivre l’occident
Sans être un petit peu oxyde en même temps
En même temps qu’un arbre pousse des forêts tombent
L’inégalité ne meurt que dans sa tombe
À qui la faute si notre île est ingénue
Si elle n’a jamais su qu’une terre ça se remue
Devant ces milliers de morts, tout le nord s’est ému
Mais le choc, c’est ces décennies de misères mises à nues
Qui d’entre nous fut à la hauteur
Pour épargner ce jour sans
auteur
Qui fit trembler nos vitres, fers, eaux, terre
Tu as changé nos vies à jamais o Terre !
Qui d’entre nous fut à la hauteur
Pour épargner ce jour sans
auteur
Qui fit trembler nos curs si austères
Et laisser parler l’amour qu’on ose taire
Malgré leur volonté, les hommes se brisent
Le vent est tempête, hélas, aussi brise
Un cur peu dur voit l’eau si grise
Une âme perdue boit l’autre qui grise
L’innocence ne sert à rien avant la fin
Quand la terre rappelle l’homme c’est souvent avec rage
Les gens meurent et souvent ils avaient faim
Comme ces mots, ces souvenirs qui s’animent dans l’encrage
Notre Histoire est construite en brique de sang
J’ai peur de notre millénaire, pour l’instant on a que 200
La nature nous oblige à ramasser des corps
Quand viendra le jour où on amassera de l’or ?
Combien de milliers de bras on va baisser ?
Combien de milliers de vies on a laissé saigner ?
Au nom de tous ces milliers de décès
Mille fois sur mille, je propose qu’on réessaie d’s’aimer
Le douzième jour de l’après douzième mois, Terre t’as ouvert tes bras pour nous engloutir d’amour
Le douzième jour de l’après douzième mois, t’as emporté, épousé certaines âmes pour toujours
Comme amour qui rime toujours avec toujours
La chair va dans la terre, tous les jours et pour toujours
Terre, tu nous as vus désunis en dessus, mais tu nous as réunis en dessous, sans dessous dessus
Le flux de mon flow reflète nos flots de flammes en foule et nos folies qui refluent
Qui partent, s’enfuient pour ranimer notre pardon pour toi
Toi qui fis des marches-pied de nos maisons, de nos toits
Ce jour que je ne maudis pas, mais que je bénis
Sachant que je déshonore pas ni que je renie
Car le lendemain de ce jour qui fut très très critique
J’ai vu des fleurs germer la
au milieu des briques
///Article N° : 11862