La présence et la visibilité des femmes cinéastes est certainement une des questions les plus discutées aussi bien au sein des industries que dans le monde des études cinématographiques, notamment depuis la montée des mouvements féministes et l’introduction du paradigme du genre dans les sciences sociales (1). De Hollywood aux cinémas nationaux ou régionaux, les femmes réalisatrices sont, de loin, sous-représentées dans les circuits classiques. Si nous prenons l’exemple de la Turquie, nous voyons que parmi les films distribués et programmés dans les salles de cinéma, ceux réalisés ou co-réalisés par les femmes ne représentent que 2 % dans l’histoire du cinéma turc (2). Cette absence est la preuve de l’existence de « plafonds de celluloïde » (Lauzen, 2007) qui empêchent l’accès de la moitié de la population à cette industrie. Elle témoigne aussi de l’annihilation symbolique (3) des paroles et récits de femmes dans l’imaginaire collectif qui se construit entre autres facteurs par la culture cinématograph...