Retour sur l’Ethical Fashion Show 2012

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L’Ethical Fashion Show s’est tenu du 6 au 9 septembre 2012. Véritable carrefour des tendances de demain, où éthique rime avec chic, il convoque créateurs d’ici et d’ailleurs. Pleins feux sur des acteurs de la mode innovants mais fragiles.

Du bleu de travail pour une robe couture à la bâche pour des creepers insolites, chaussures à triple semelle très à la mode, c’est un florilège de matières et de couleurs que le Carrousel du Louvre à Paris a accueilli du 6 au 9 septembre dernier. Conférences, défilés, débats et autres réjouissances ont rythmé ce week-end placé sous le signe de la création autrement. Une cinquantaine d’exposants venus du monde entier pour un événement ouvert exclusivement aux professionnels du jeudi au samedi. Le public pouvait découvrir les nouveautés de la planète fashion éthique le dimanche, lors du grand marché. Les stands achalandés accueillent des produits au packaging soigné, comme les boîtes colorées de thé Lov [www.thegreengeekette.fr] (à prononcer love ou leuv, selon préférence), la filiale bio de Kusmi Tea, ou encore les vernis ColorClub. Ces petites bonbonnes miracle aux couleurs acidulées, à la composition purgée de tous les produits agressifs habituellement dans les laques à ongles font des merveilles. Dès le hall d’entrée, le ton est donc donné : la mode et les usages dits éthiques sont entrés bel et bien dans le nouveau millénaire.
« C’est le futur !«  s’exclame Isabelle Quéhé, la directrice artistique de l’événement.
Le parcours du combattant
La fondatrice du salon, créé en 2004, rappelle qu’il a été pensé pour soutenir les créateurs où qu’ils soient, en collaboration avec la créatrice Oumou Sy. Costumière, cette dernière a contribué à faire connaître les tissus et le savoir-faire de son pays, le Sénégal. C’est ce qu’elle enseigne également aux étudiants de son école, Metissacana. Deux de ses meilleures élèves ont d’ailleurs fait le voyage pour présenter leur collection. Plus généralement, les créatrices d’Afrique de l’Ouest sont largement représentées. Et parmi elles, à l’instar de Doreen Mashika ou de Della, basée à Los Angeles, dont les créations en partenariat avec des femmes ghanéennes se vendent sur le shop en ligne okayafrica.com des rappeurs de Philadelphie The Roots, beaucoup d’Africaines anglophones. Pas un seul créateur d’Afrique centrale, du Congo ou de Centrafrique. « Les pays d’Afrique de l’Ouest sont des pays suffisamment stables pour qu’on leur donne un coup de pouce.«  affirme Hanna Amichia, représentante de West Africa Trade Hub, un organisme d’aide. D’où l’importante représentativité des créatrices venues du Ghana, ou de Côte d’Ivoire comme Angybell ou encore du Nigeria. Si participer au salon est un tremplin, pouvoir y accéder relève de la gageure pour certain-e-s.
Mode sans éthiquette
Doreen Mashika a son stand tout près du podium où quelques-unes de ses créations seront dévoilées lors du défilé. Elle est l’un des centres d’attraction de l’événement. Sa boutique de Zanzibar, en Tanzanie, attire beaucoup les touristes comme elle le confesse elle-même. « Ils sont contents de porter un vêtement avec une touche africaine. » La mode très colorée et féminine proposée par Doreen, composée de robes de soirées, d’accessoires est promise à un bel avenir sur le marché. « L’éthique est un concept. En Afrique, tirer le meilleur des choses usagées, protéger l’environnement, c’est un mode de vie. » Quid des événements plus glamour et plus rentables telles les Fashion Week ? « Je n’ai pas forcément les moyens de m’y rendre, je gère une petite affaire. » Qui deviendra grande… L’Ethical montre diverses facettes de cette mode innovante. Et le glamour en est une part importante. La créatrice Stephaina a mis tout le monde d’accord avec ses chaussures compensées en corne de zébu et bois. Une fois de plus, tout est récupéré et la jeune femme de 26 ans, originaire de Madagascar, assemble le tout. Au finish, des accessoires extravagants, raffinés, made in Malagasy. Une manière de revaloriser ce qui a longtemps été dévalué, critiqué, par les locaux eux-mêmes. La mode éthique, puisqu’elle est locale, permet également à la population de se réapproprier son identité. Et d’être exposée au niveau international, comme Sakina M’sa. La couleur bleue de presque toutes ses créations est devenue sa marque de fabrique. Qu’elle crie son amour pour son quartier parisien de prédilection, la Goutte d’Or, sur des t-shirts en coton bio, ou habille des comédiennes de théâtre, la créatrice a fait sa place sur la scène internationale et continue d’être présente à l’Ethical Fashion Show.
Alpaga, tu m’auras pas
De telles personnalités contribuent à imposer une nouvelle image de la mode éthique. « L’image du baba cool en gilet de laine moche, c’est terminé. » Et ce n’est pas Maïna, à la tête de la marque ï.dem qui la contredit. Avec ses couverts chinés et convertis en bijoux, la joaillière se targue de faire du haut de gamme. « Mes pièces sont toutes retravaillées à la main, par des artisans européens, pour le savoir-faire et la proximité. » La jeune femme très engagée parle qualité et valeurs. Elle fustige ceux qui surfent sur la vague. Elle, attend qu’elle passe… pour prouver qu’elle est toujours là, fidèle à une mode aux usages plus harmonieux pour la planète.
Le salon a permis de mettre en lumière Misericordia ou encore Veja, des marques qui trouvent un public toujours plus grand. Il joue cette année encore son rôle de découvreur de talents à plein, même si, comme le souligne Michael Scherpe, administrateur du salon « les professionnels, à qui le salon est dédié, sont plus frileux que les consommateurs » comparés à l’Allemagne où manger, acheter, ou se vêtir éthique est rentré dans les mœurs. Changer les mentalités est urgent. Mais pas d’inquiétude, l’Ethical Fashion Show s’occupe de tout et revient du 19 au 21 janvier 2013 pour y contribuer.
Pour en savoir plus :
 [www.ethicalfashionshow.com]
 [www.i-de-m.fr]
 [www.stephaina.com]
 [www.doreenmashika.com]

///Article N° : 10978

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Les images de l'article
Bracelets de la collection ï.dem © DR
Le stand de Dorren Mashika © DR
Chaussures de la collection Stephaina © DR





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