Le roi faisait
De notre peuple endormi
Ce qu’il voulait
Sans jamais douter
De notre réveil
Pour un juste retour
Des choses
En ce temps-là nos ancêtres
Ne cessaient de murmurer
A nos oreilles jurons et blasphèmes
Nous n’en savions rien
De notre condition entraînée
Comme une machine
A l’asservissement
Il y a bien longtemps
Dans notre tribu
On avait l’habitude
D’écarter les bras
Au vent d’ouest
A l’heure où l’on voyait
Le chien rouler
En boule
On ne pouvait se passer
De bien regarder
Le ciel se griser peu à peu
Et c’était de bon augure
Comme si
En devait dépendre la pluie
Qui n’était cependant pas loin
Jours d’enfance,
Une heure durait longtemps.
La nuit était vie infinie,
Les nuages,
Terribles cavaliers de l’océan.
Tout était grandeur!
Notre âme, c’était l’herbe.
Et les arbres nous disaient
Toujours vous serez notre terre!
Comment ne pas étouffer
Il nous vient de la ville
Une grande fumée
des étincelles en pluie
Le baril de poudre c’est
de lui qu’elles viennent
cette histoire de leadership
Encore capable
D’embraser le pays de nouveau
L’histoire se sépare
De sa mémoire obsolète
Qui ne dit mot
Bonheur aux démons
Aux pantins anonymes
À tous ceux qui vont survivre
D’un monde qui n’a plus
Que l’aspect démentiel
D’un rucher métallique.
Nous avons fait notre visage
A l’image
Des hommes modernes
Et nous nous sommes promenés
Sur les routes d’Alger
Sans prendre connaissance
Qu’ils peuvent nous arrêter
Nous tuer
Nous écraser
Dès qu’ils croient deviner
Nos racines
Qui sentent mauvais
Par excès de prudence
Fatigués d’inutiles détours
Sans pouvoir nous sédentariser
Même un mince moment
Personne ne nous a aimés
Et n’a pour nous de main tendue !
On a fait marche arrière
Sur des routes vides
Dans la boue jaune
Le masque restait collé
A notre chair
Le cauchemar continuait
Ils tiennent la fontaine
A la gorge
Qui ne coule plus
Dans leurs rivières
Nous étions des lions (boucs)
Dans l’atlas
Dès qu’ils nous ont touchés
Avec leurs socles « aux couilles »
Nous sommes devenus
Brebis
Dépouillés de tout notre passé
Condamnés à vivre
Dans l’infini de l’anonymat
Tu regardes
Une lueur mystérieuse
Qui s’avive
Et tu espères
Soudain le mur seffondre
Et tu es troublé
Par la ville qui brille
Pensant que c’en est une hallucination
Une révélation,
Prémisse de paix
Un oracle qui dit à la vie :
Commence.
Et s’obstine
Dans la muraille
Nos rêves d’oiseaux
S’accumulent
Oiseaux brisés et ufs qui volent
Encore une autre Intifada
Ronger la feuille de route
Et reconnaître que la paix
S’arrache de même que la liberté
Avec une même cruauté
Qu’elle ne tombe pas du ciel
Et ne se négocie pas
Dans les salons des faucons
Familiers du danger et de la conspiration!
///Article N° : 9801